Si l'on vous dit que "Toi, tu te tais" dénonce les excès dûs à l'ère moderne et en particulier à l'informatique, n'allez surtout pas croire que vous allez revenir au temps des ardoises et de la craie. Ce moment de poésie est construit avec les technologies les plus avancées, utilisées pour construire un mur fait de neuf écrans vidéos avec lesquels Narcisse joue tel un magicien.

Versifiant, jouant beaucoup sur les allitérations et l'image, Narcisse dénonce la pudibonderie, les affres de la condition féminine, la censure, l'addiction aux smartphones, le charabia indigeste des spécialistes en marketing ou encore l'impact nocif de la télévision. Ce spectacle d'une infinie précision, millimétré, promène le spectateur dans les champs immenses et fertiles des possibles, du rêve et de la liberté. Pour ce faire, il appelle à la rescousse quelques grands noms ayant su défendre, par des actes, des textes ou des chansons, l'indépendance de l'individu par rapport aux phénomènes de masse. Avec beaucoup de calme, un joli sens de la formule, accompagné par Gaétan Lab, guitariste talentueux n'hésitant pas à se déchaîner par moment, Narcisse décline son programme tourné vers la tolérance et le libre arbitre. Percutant, sensible, nous offrant un final en forme de magnifique pirouette, ce sera bien le dernier à qui il vous prendra l'envie de dire : Toi, tu te tais !