Interview par Philippe Escalier
Yvon Martin
met en scène "Cœur ouvert" à l’Essaïon
À travers la rencontre du chirurgien Christiaan Barnard et de son père après l'échec de la toute première greffe du cœur réalisée en Afrique du Sud en 1967, Claude Cohen, médecin de formation, a écrit une comédie dramatique qui oppose la science à la religion et un père à son fils. Yvon Martin, qui en a réalisé la mise en scène, revient avec nous sur cette création.
Comment cette pièce est-elle venue jusqu'à vous ?
J'ai mis en lecture un texte de Claude Cohen au Théâtre de la Huchette. Le courant étant bien passé, il m'a fait parvenir «Cœur ouvert» qui m'a beaucoup plu. J'ai toujours été touché par la problématique père-fils et j'ai été séduit par la force de cette pièce. Le professeur Barnard est subitement devenu une star mondiale. On assiste au début du transhumanisme. L'auteur a imaginé que son père, pasteur de son état et avec lequel il est brouillé, allait lui rendre une visite le jour de la mort de son patient. Il veut ramener son fils vers la foi et connaitre ses motivations profondes: fait-il cela pour le bien de ses patients ou pour sa propre gloire ? S'ouvrent alors nombre de questions passionnantes.
L'arrivée de la production et le choix des acteurs se sont fait rapidement ?
Rencontré grâce à Franck Desmedt de la Huchette, Hicham Fassi Fihri d'Aviscène a très vite décidé de produire. J'ai cherché des comédiens que j'apprécie à la fois sur le plan professionnel et personnel. J'ai connu Marc Brunet dans un collectif d'acteurs. Très sensible et tendre sous les allures d'un ours, il était parfait pour interpréter le père. Je connaissais moins Bruno Paviot mais je savais qu'il réussirait à faire vivre ce personnage, mélange d'élégance, de démesure et de dureté qu'est Christiaan Barnard.
Qu'est ce qui vous a donné envie de passer à la mise en scène ?
Une fois une certaine expérience acquise et me sentant prêt à diriger des acteurs, c'est surtout le besoin d'explorer de nouveaux horizons. C'est aussi le souhait de choisir les histoires que je raconte. Au final, c'est un rêve de gosse qui s'accomplit.
« Cœur ouvert » penche-t-il plutôt vers le drame ou vers la comédie ?
C'est un drame qui n'exclut pas l'humour ni une part de légèreté, dans lequel vont s'affronter deux points de vue diamétralement opposés. Pour la première fois, Christiaan Barnard va avouer à son père qu'il ne croit pas en Dieu. Mais en vérité, ce qui les oppose, ce sont des éléments de leur histoire familiale qui n'ont jamais été dit. Le fait de les aborder enfin va les rapprocher, sans forcément les mettre d'accord. En soi, le dissensus n'est pas une mauvaise chose, même au sein d'une famille, le plus malsain est de ne pas être authentique ou de ne pas être à l'écoute.
Pour finir, où sera-t-il possible de vous voir jouer prochainement ?
Je serai en tournée prochainement (et j'espère aussi à Paris) avec « La Fin du monde va bien se passer », le seul en scène que j'ai écrit et joué cette année à Avignon où il a reçu le Prix Tournesol Climat. Je fais partie de la troupe de «La Cantatrice chauve» à la Huchette. J'ai aussi un film sorti il y a quelques jours, le 1er septembre 2021, réalisé par Emmanuel Courcol avec Kad Merad, «Un Triomphe», j'espère qu'il portera bien son nom !
J'ai mis en lecture un texte de Claude Cohen au Théâtre de la Huchette. Le courant étant bien passé, il m'a fait parvenir «Cœur ouvert» qui m'a beaucoup plu. J'ai toujours été touché par la problématique père-fils et j'ai été séduit par la force de cette pièce. Le professeur Barnard est subitement devenu une star mondiale. On assiste au début du transhumanisme. L'auteur a imaginé que son père, pasteur de son état et avec lequel il est brouillé, allait lui rendre une visite le jour de la mort de son patient. Il veut ramener son fils vers la foi et connaitre ses motivations profondes: fait-il cela pour le bien de ses patients ou pour sa propre gloire ? S'ouvrent alors nombre de questions passionnantes.
L'arrivée de la production et le choix des acteurs se sont fait rapidement ?
Rencontré grâce à Franck Desmedt de la Huchette, Hicham Fassi Fihri d'Aviscène a très vite décidé de produire. J'ai cherché des comédiens que j'apprécie à la fois sur le plan professionnel et personnel. J'ai connu Marc Brunet dans un collectif d'acteurs. Très sensible et tendre sous les allures d'un ours, il était parfait pour interpréter le père. Je connaissais moins Bruno Paviot mais je savais qu'il réussirait à faire vivre ce personnage, mélange d'élégance, de démesure et de dureté qu'est Christiaan Barnard.
Qu'est ce qui vous a donné envie de passer à la mise en scène ?
Une fois une certaine expérience acquise et me sentant prêt à diriger des acteurs, c'est surtout le besoin d'explorer de nouveaux horizons. C'est aussi le souhait de choisir les histoires que je raconte. Au final, c'est un rêve de gosse qui s'accomplit.
« Cœur ouvert » penche-t-il plutôt vers le drame ou vers la comédie ?
C'est un drame qui n'exclut pas l'humour ni une part de légèreté, dans lequel vont s'affronter deux points de vue diamétralement opposés. Pour la première fois, Christiaan Barnard va avouer à son père qu'il ne croit pas en Dieu. Mais en vérité, ce qui les oppose, ce sont des éléments de leur histoire familiale qui n'ont jamais été dit. Le fait de les aborder enfin va les rapprocher, sans forcément les mettre d'accord. En soi, le dissensus n'est pas une mauvaise chose, même au sein d'une famille, le plus malsain est de ne pas être authentique ou de ne pas être à l'écoute.
Pour finir, où sera-t-il possible de vous voir jouer prochainement ?
Je serai en tournée prochainement (et j'espère aussi à Paris) avec « La Fin du monde va bien se passer », le seul en scène que j'ai écrit et joué cette année à Avignon où il a reçu le Prix Tournesol Climat. Je fais partie de la troupe de «La Cantatrice chauve» à la Huchette. J'ai aussi un film sorti il y a quelques jours, le 1er septembre 2021, réalisé par Emmanuel Courcol avec Kad Merad, «Un Triomphe», j'espère qu'il portera bien son nom !
Paru le 12/12/2021
(31 notes) THÉÂTRE ESSAÏON Du mercredi 20 janvier 2021 au mardi 25 janvier 2022
COMÉDIE DRAMATIQUE. Une lutte entre un homme de Dieu et un homme de science. Ce soir de décembre 1967 en Afrique du Sud, Christiaan Barnard, devenu en quelques jours le chirurgien le plus célèbre du monde après avoir réalisé la première greffe cardiaque tourne dans son bureau comme un lion en cage dans l’attente de p...
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