Interview par Philippe Escalier
Michel Boujenah
joue « L’Avare » aux Variétés
« L'Avare » a été créé à Antibes dans la lumineuse mise en scène de Daniel Benoin avec Michel Boujenah dans le rôle titre. L'acteur, tout en intensité et en retenue, nous offre le meilleur de lui-même, incarnant un Harpagon déchiré, enfermé dans son inextinguible soif d'argent..
D'où vient cette proposition de jouer « L'Avare » ?
C'est le fils du metteur en scène Daniel Benoin qui a suggéré l'idée. J'avoue avoir hésité, mais impossible de dire non à un rôle pareil ! J'ai accepté, relu la pièce et là, je me suis dit que je faisais une énorme connerie, que je m'attaquais à l'Himalaya. N'ayant qu'une parole, j'ai juste précisé que je ferai Antibes mais pas Paris, décision qui a volé en éclats le soir de la première, tellement j'étais heureux.
Cet homme, si dur, si égoïste, voilà bien un rôle à contre-emploi pour vous !
Il m'est déjà arrivé de jouer un monstre, c'était dans le film, «Le Nombril du monde». Mais, je ne joue pas un être inhumain, puisqu'il est dit dans le texte, « Harpagon est de tous les humains, l'humain le moins humain! ». Au bout de cette journée, il est perdu et à travers lui, Molière nous parle du désespoir. Trouver à faire rire dans ces conditions est un exploit salvateur.
On reste impressionné, outre votre performance d'acteur, par la performance physique !
C'est très fatigant, je vous le confirme, comme le sont mes one-man show d'ailleurs, à cette différence qu'étant l'auteur, je peux y placer, si nécéssaire, des moments de respiration. Mais j'ai toujours fait beaucoup de sport, je m'entraine énormément, et surtout, j'aime beaucoup ça ! Je suis sensible à ces spectacles dans lesquels les acteurs mouillent leurs chemises. J'ai donc tout pour être heureux, si ce n'était le fait de ne pouvoir jouer que trois fois par semaine, au lieu de six, actuellement. Le théâtre, indispensable à nos vies, est l'une des choses les plus belles que l'homme ait inventée : ce n'est pas un écran, pas un film, c'est de la chair et du sang.
Avez-vous eu l'occasion de faire quelques suggestions au sujet de la mise en scène ?
Vous savez, quand je ne comprends pas ou si je ne me sens pas à l'aise, je le dis, c'est un travail d'équipe et nous avons beaucoup parlé ensemble. Daniel Benoin connait cette pièce extrêmement bien et je trouve que tout fonctionne parfaitement. Mais il ne faut pas s'illusionner sur son apparente simplicité : comme le dit Michel Bouquet : « Je la joue depuis quinze ans et je commence à peine à la comprendre ! ».
Par chance, la 36éme édition du festival de Ramatuelle, dont vous êtes le directeur artistique, a pu se dérouler cette année, vous y avez joué « Inconnu à cette adresse », que vous aimez bien je crois ?
Oui, beaucoup, je ne rate pas une occasion de la jouer, cette année avec Charles Berling. C'est formidable d'avoir une pièce que l'on aime et que l'on peut monter rapidement quand on le veut. Impossible d'arrêter de jouer « L'Avare » et le reprendre au débotté. Je l'ai joué en 2019, pourtant il m'a fallu un mois de travail complet pour être prêt cette année.
Qu'avez-vous envie de faire après « L'Avare » ?
Je suis en train d'écrire un film, mais à mon allure, je suis d'une lenteur légendaire et entre temps, j'ai créé un nouveau spectacle intitulé « Les Adieux des magnifiques », pour les 40 ans des « Magnifiques » car tous les 20 ans je fais une nouvelle version du spectacle avec cette phrase que j'adore : « Tant qu'il y aura des auteurs pour nous écrire et des acteurs pour nous jouer, on sera éternels ! ». La force du théâtre c'est qu'il rend vivant, beaucoup plus que le cinéma.
C'est le fils du metteur en scène Daniel Benoin qui a suggéré l'idée. J'avoue avoir hésité, mais impossible de dire non à un rôle pareil ! J'ai accepté, relu la pièce et là, je me suis dit que je faisais une énorme connerie, que je m'attaquais à l'Himalaya. N'ayant qu'une parole, j'ai juste précisé que je ferai Antibes mais pas Paris, décision qui a volé en éclats le soir de la première, tellement j'étais heureux.
Cet homme, si dur, si égoïste, voilà bien un rôle à contre-emploi pour vous !
Il m'est déjà arrivé de jouer un monstre, c'était dans le film, «Le Nombril du monde». Mais, je ne joue pas un être inhumain, puisqu'il est dit dans le texte, « Harpagon est de tous les humains, l'humain le moins humain! ». Au bout de cette journée, il est perdu et à travers lui, Molière nous parle du désespoir. Trouver à faire rire dans ces conditions est un exploit salvateur.
On reste impressionné, outre votre performance d'acteur, par la performance physique !
C'est très fatigant, je vous le confirme, comme le sont mes one-man show d'ailleurs, à cette différence qu'étant l'auteur, je peux y placer, si nécéssaire, des moments de respiration. Mais j'ai toujours fait beaucoup de sport, je m'entraine énormément, et surtout, j'aime beaucoup ça ! Je suis sensible à ces spectacles dans lesquels les acteurs mouillent leurs chemises. J'ai donc tout pour être heureux, si ce n'était le fait de ne pouvoir jouer que trois fois par semaine, au lieu de six, actuellement. Le théâtre, indispensable à nos vies, est l'une des choses les plus belles que l'homme ait inventée : ce n'est pas un écran, pas un film, c'est de la chair et du sang.
Avez-vous eu l'occasion de faire quelques suggestions au sujet de la mise en scène ?
Vous savez, quand je ne comprends pas ou si je ne me sens pas à l'aise, je le dis, c'est un travail d'équipe et nous avons beaucoup parlé ensemble. Daniel Benoin connait cette pièce extrêmement bien et je trouve que tout fonctionne parfaitement. Mais il ne faut pas s'illusionner sur son apparente simplicité : comme le dit Michel Bouquet : « Je la joue depuis quinze ans et je commence à peine à la comprendre ! ».
Par chance, la 36éme édition du festival de Ramatuelle, dont vous êtes le directeur artistique, a pu se dérouler cette année, vous y avez joué « Inconnu à cette adresse », que vous aimez bien je crois ?
Oui, beaucoup, je ne rate pas une occasion de la jouer, cette année avec Charles Berling. C'est formidable d'avoir une pièce que l'on aime et que l'on peut monter rapidement quand on le veut. Impossible d'arrêter de jouer « L'Avare » et le reprendre au débotté. Je l'ai joué en 2019, pourtant il m'a fallu un mois de travail complet pour être prêt cette année.
Qu'avez-vous envie de faire après « L'Avare » ?
Je suis en train d'écrire un film, mais à mon allure, je suis d'une lenteur légendaire et entre temps, j'ai créé un nouveau spectacle intitulé « Les Adieux des magnifiques », pour les 40 ans des « Magnifiques » car tous les 20 ans je fais une nouvelle version du spectacle avec cette phrase que j'adore : « Tant qu'il y aura des auteurs pour nous écrire et des acteurs pour nous jouer, on sera éternels ! ». La force du théâtre c'est qu'il rend vivant, beaucoup plus que le cinéma.
Paru le 05/04/2022
(37 notes) THÉÂTRE DES VARIÉTÉS Du jeudi 15 octobre 2020 au dimanche 15 mai 2022
COMÉDIE RÉPERTOIRE CLASSIQUE. Harpagon n’aime que son argent et soupçonne tout le monde de vouloir le lui voler. Pour marier ses deux enfants, il a fait le choix d’une riche veuve pour son fils Cléante et pour sa fille, Élise, du seigneur Anselme, un homme mûr, noble et fort riche. Harpagon est pressé de caser ses enfants pour...
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