Dans "Les Dessous de la Chambre Bleue", nous retrouvons son goût pour l'Histoire, le sujet, ou plus exactement le prétexte, étant centré sur un député chargé de défendre un texte de loi réprimant la contraception en 1920 au sein de la fameuse Chambre Bleue Horizon élue l'année précédente. Ce parlementaire venant de perdre son assistant, il est en quête d'un remplaçant. Son épouse vient à sa rescousse en lui présentant l'ancien secrétaire d'un député battu aux dernières élections. Quelque peu délaissée par son époux qui ne semble plus très porté sur la chose, elle jette son dévolu sur le jeune candidat qui accepte ce qui devient vite une promotion canapé. Voila formé le trio infernal propre à tout vaudeville. Mais avec Michel Heim, (bien fol qui s'y fie !), rien ne se passe comme l'on pourrait s'y attendre. Les surprises, comme les rires, arrivent en cascades jusqu'au dénouement final, amoral à souhait, dans lequel Georges Feydeau doit céder le pas devant Agatha Christie.

Au plaisir qu'il nous donne de nous balader pendant une heure quinze au gré de sa fantaisie, Michel Heim rajoute ces petits délices consistant à nous faire rire par une vague de sous-entendus, d'allusions multiples et variées. L'on parle de tout mais dans un style imagé et raffiné, ce qui donne plus de sel encore aux dialogues que l'on entend. Mené tambour battant jusqu'au dénouement, le récit, pimenté et savoureusement espiègle, nous est servi par Hélène Hamon, Jean-François Aupied (le mari dans le placard, selon le sous-titre de la pièce) et Clément Lambert (le secrétaire, voire plus si affinités). Ce trio est mis en scène avec une grande efficacité par Jean-Pierre Rouvellat qui fait montre de la même dextérité que l'auteur, nous enveloppant dans une ambiance très Années folles. Grâce à eux, ce spectacle se range dans la catégorie de ceux capables de nous divertir en nous faisant oublier les folles années que nous vivons !