Dossier par Philippe Escalier
Une idée géniale
au théâtre Michel
Pour sa seconde pièce, « Une idée géniale », qui sera créée à Paris au Théâtre Michel, le 25 août 2022, Sébastien Castro est entouré d'une équipe de choc comprenant outre Laurence Porteil, Agnès Boury et José Paul qui jouent tout en signant la mise en scène.
Sébastien Castro et José Paul : une chaleureuse complicité
Sébastien Castro le dit modestement. Pour lui, le succès de sa toute première pièce, « J'ai envie de toi » a été une surprise. « Au départ, l'on n'ose rien espérer et l'expérience dans le métier nous dit que rien n'est couru d'avance. Après quelques avant-premières, la création s'est faite au Théâtre Fontaine. Suit une tournée puis une reprise à Paris au Théâtre de la Tour Eiffel où nous jouons toujours, et ce jusqu'au 25 juin 2022, veille de notre départ à Toulouse pour la création d'« Une idée géniale ». On s'arrête donc à la toute dernière seconde ! » L'idée d'écrire cette première pièce vient du plaisir partagé qu'il a eu à jouer avec José Paul, dans « Tailleur pour dames » et « C'est encore mieux l'après midi » de Ray Cooney donné au Théâtre des Nouveautés de Pascal Legros qui, un jour, parle du mal qu'il a à trouver des auteurs. « Trop heureux, je saute sur l'occasion pour lui proposer la lecture de ma pièce. Et quand je précise que José Paul a accepté la mise en scène, j'ai l'impression que c'est un sésame ! Effectivement, il l'a lue très vite et en réponse nous a proposé trois théâtres. Nous avons choisi le Fontaine où nous avons pu travailler en toute liberté ».
Le plébiscite du public poussant à la récidive, trois ans après arrive sa seconde pièce « Une idée géniale » : « Je me suis dit pourquoi ne pas me créer un rôle, puis deux puis trois ? Il y a déjà eu des pièces avec des jumeaux ou des sosies, là nous avons les deux ! Je voulais par ailleurs me démarquer du thème de l'adultère pour aborder celui de l'usure du couple ».
José Paul intervient : « Ce qui me plait, c'est la modernité de son écriture, le style et le ton, son sens du dialogue et puis il y a sa malice. L'on pourrait voir une filiation avec Feydeau, ce côté très rationnel où tout est réglé, pensé, charpenté, sans faille avec cette mécanique si exigeante du rire que l'on connait bien. Nous avons affaire à un genre particulier qui ne laisse aucune place au hasard et qui doit s'accompagner d'une vraie sobriété de la part des acteurs ».
Les deux complices, qui vont très vite à l'essentiel, avouent beaucoup travailler le jeu et les intentions. Tout en prenant le temps : ce duo de perfectionnistes a besoin d'un programme de répétitions très étalé et sans précipitation. « Vous n'imaginez pas la chance que c'est d'avoir autant préparé bien en amont ces premières séries de répétition et l'implication de José Paul dans la pièce » martèle Sébastien Castro.
Interrogé sur les mystères qui entoure cette mise en scène, José Paul reste précis sans rien divulguer pour autant. « L'une des difficultés de cette pièce, c'est l'apparition des sosies. Nous avons cherché et trouvé une solution mais nous avons juré de n'en rien dire, même sous la torture, puisqu'elle fait partie de la magie du spectacle et que le spectateur doit sortir en se demandant comment nous avons fait. Bien évidemment, il y a une pièce avant tout, cela n'est que la cerise sur le gâteau ».
Se pose alors la question de pourquoi deux metteurs en scène ? « Parce que je ne me mets jamais en scène » répond José Paul. « Il me fallait un autre œil sur moi, je pars d'un principe simple : celui qui est dans la salle a raison, celui qui est sur scène a tort, c'est une règle, elle fonctionne parfaitement. On a déjà travaillé ensemble avec Agnès Boury et ce choix s'imposait, ce qui nous a valu, en prime, le plaisir de lui voir accepter l'un des deux rôles féminin. Entre nous tous, il ne faut pas oublier Guillaume Rubeaud qui est un assistant précieux, il n'y a pas d'égo, personne ne veut prendre le pouvoir, le but est de magnifier la représentation ».
Laurence Porteil
Cette comédienne, aussi à l'aise sur scène que devant une caméra, a réussi l'exploit de ne pas se laisser enfermer dans un emploi. Avec elle, nous revenons sur son parcours et son rôle dans « Une idée géniale ».
Comment êtes-vous arrivée sur la pièce de Sébastien Castro ?
Fin 2020, j'ai rencontré José Paul lors d'un travail autour de « La Fausse Suivante » de Marivaux. Peu de temps après, il m'appelait pour me proposer une lecture dans le rôle de Marion, personnage fort, moderne, solaire. À l'issue de ce rdv, José et Sébastien ont eu la gentillesse de m'annoncer que Marion... ce serait moi ! Je suis vraiment heureuse d'avoir pu intégrer cette équipe très soudée et dotée d'un niveau d'exigence et d'engagement incroyable !
Déjà dans «Saint-Exupéry, le mystère de l'aviateur» vous aviez un rôle très consistant !
Pour moi, c'est un bonheur de travailler avec Arthur Jugnot que j'ai rencontré sur « A deux lits du délit » mis en scène par Jean-Luc Moreau qui m'a mis en scène à trois reprises. Dans «Saint-Ex» où j'avais plusieurs rôles, c'était extrêmement jouissif de faire vivre une femme moderne, douce et maternelle, puis une vieille Marseillaise acariâtre ou encore une jeune fille des années 30. Je n'ai eu que du bonheur à participer à cette pièce, écrite par Flavie Péan et Arthur Jugnot durant le confinement, et que nous avons répétée sans être sûrs de pouvoir la jouer.
Vous avez un parcours avec un bel équilibre entre l'écran et le théâtre où d'ailleurs, et c'est rare, vous n'avez pas la même image. Cela vous a demandé beaucoup d'acrobatie ?
La télé et le cinéma sont venus dans un deuxième temps et la période Covid (sans théâtre) m'a permis de m'y consacrer davantage. Avec le doublage, la troisième corde à mon arc, j'ai un sentiment de plénitude, chaque expérience enrichit l'autre et permet de s'améliorer. J'aime l'idée de ne jamais se contenter, quand on le peut, d'une seule discipline. J'apprécie tous les genres et c'est une chance de pouvoir alterner sans dépendre d'une image toujours un peu réductrice.
Agnès Boury
Actrice, c'est une place que je n'occupe jamais» dit-elle d'entrée. « J'ai joué tout à fait par hasard, il y a très longtemps, dans une pièce que j'étais en train de monter : l'actrice principale était enceinte, je connaissais le rôle, j'ai dû la remplacer. Ce fut une aventure assez étonnante pour moi à tous points de vue, quatre mois à découvrir de l'intérieur les sensations, les chemins et les interrogations de l'acteur. Depuis il m'est arrivé de jouer à l'image pour des réalisateurs que j'avais dirigés au théâtre, c'est peut-être par vengeance qu'ils faisaient cela d'ailleurs (rires) ! J'ai une longue expérience de direction d'acteurs, trouver un langage commun qui va donner vie à quelque chose est bien ce que je préfère dans la mise en scène. Après, jouer soi-même, est autre chose ».
« Une idée géniale » lui permet de retrouver José Paul avec qui elle a co-signé six mises en scène et qu'elle a dirigé dans « Le Diner de cons » et «Tailleur pour dames ». Agnès Boury a également travaillé avec lui lorsqu'elle était assistante de Stéphane Hillel sur « Un Petit jeu sans conséquence » et bien avant, en 1997, dans «Les Gagneurs». C'est d'ailleurs là qu'ils se sont rencontrés. « Je sais que nous avons en commun un vocabulaire et les attentes de ce que doit être la comédie, ce qui facilite grandement notre travail ».
Impossible de résumer son immense parcours sans souligner l'importance du spectacle musical. « C'est un domaine auquel je ne me destinais pas au départ, je n'en rêvais même pas. Pour moi, c'était un autre monde ! Je consommais ces spectacles en tant que spectatrice ravie, sans jamais me projeter plus avant. Finalement, j'en ai fait beaucoup et de façon très diverse, il y a eu des tours de chants comme ceux de Juliette, des pièces musicales comme « Une vie de pianiste » ou « Colorature », l'aventure très particulière d'une quinzaine d'années autour de « Duels », la trilogie des Folies Bergère avec Stéphane Jarny et puis, bien sûr, les comédies musicales, avec Alexandre Bonstein, Stéphane Laporte et quelques autres.
Dans cette comédie de quiproquos de Sébastien Castro, dans laquelle Agnès Boury s'apprête à jouer un personnage candide avec une perception très premier degré des choses, on se doute qu'elle fera, comme toujours, merveille !
Sébastien Castro le dit modestement. Pour lui, le succès de sa toute première pièce, « J'ai envie de toi » a été une surprise. « Au départ, l'on n'ose rien espérer et l'expérience dans le métier nous dit que rien n'est couru d'avance. Après quelques avant-premières, la création s'est faite au Théâtre Fontaine. Suit une tournée puis une reprise à Paris au Théâtre de la Tour Eiffel où nous jouons toujours, et ce jusqu'au 25 juin 2022, veille de notre départ à Toulouse pour la création d'« Une idée géniale ». On s'arrête donc à la toute dernière seconde ! » L'idée d'écrire cette première pièce vient du plaisir partagé qu'il a eu à jouer avec José Paul, dans « Tailleur pour dames » et « C'est encore mieux l'après midi » de Ray Cooney donné au Théâtre des Nouveautés de Pascal Legros qui, un jour, parle du mal qu'il a à trouver des auteurs. « Trop heureux, je saute sur l'occasion pour lui proposer la lecture de ma pièce. Et quand je précise que José Paul a accepté la mise en scène, j'ai l'impression que c'est un sésame ! Effectivement, il l'a lue très vite et en réponse nous a proposé trois théâtres. Nous avons choisi le Fontaine où nous avons pu travailler en toute liberté ».
Le plébiscite du public poussant à la récidive, trois ans après arrive sa seconde pièce « Une idée géniale » : « Je me suis dit pourquoi ne pas me créer un rôle, puis deux puis trois ? Il y a déjà eu des pièces avec des jumeaux ou des sosies, là nous avons les deux ! Je voulais par ailleurs me démarquer du thème de l'adultère pour aborder celui de l'usure du couple ».
José Paul intervient : « Ce qui me plait, c'est la modernité de son écriture, le style et le ton, son sens du dialogue et puis il y a sa malice. L'on pourrait voir une filiation avec Feydeau, ce côté très rationnel où tout est réglé, pensé, charpenté, sans faille avec cette mécanique si exigeante du rire que l'on connait bien. Nous avons affaire à un genre particulier qui ne laisse aucune place au hasard et qui doit s'accompagner d'une vraie sobriété de la part des acteurs ».
Les deux complices, qui vont très vite à l'essentiel, avouent beaucoup travailler le jeu et les intentions. Tout en prenant le temps : ce duo de perfectionnistes a besoin d'un programme de répétitions très étalé et sans précipitation. « Vous n'imaginez pas la chance que c'est d'avoir autant préparé bien en amont ces premières séries de répétition et l'implication de José Paul dans la pièce » martèle Sébastien Castro.
Interrogé sur les mystères qui entoure cette mise en scène, José Paul reste précis sans rien divulguer pour autant. « L'une des difficultés de cette pièce, c'est l'apparition des sosies. Nous avons cherché et trouvé une solution mais nous avons juré de n'en rien dire, même sous la torture, puisqu'elle fait partie de la magie du spectacle et que le spectateur doit sortir en se demandant comment nous avons fait. Bien évidemment, il y a une pièce avant tout, cela n'est que la cerise sur le gâteau ».
Se pose alors la question de pourquoi deux metteurs en scène ? « Parce que je ne me mets jamais en scène » répond José Paul. « Il me fallait un autre œil sur moi, je pars d'un principe simple : celui qui est dans la salle a raison, celui qui est sur scène a tort, c'est une règle, elle fonctionne parfaitement. On a déjà travaillé ensemble avec Agnès Boury et ce choix s'imposait, ce qui nous a valu, en prime, le plaisir de lui voir accepter l'un des deux rôles féminin. Entre nous tous, il ne faut pas oublier Guillaume Rubeaud qui est un assistant précieux, il n'y a pas d'égo, personne ne veut prendre le pouvoir, le but est de magnifier la représentation ».
Laurence Porteil
Cette comédienne, aussi à l'aise sur scène que devant une caméra, a réussi l'exploit de ne pas se laisser enfermer dans un emploi. Avec elle, nous revenons sur son parcours et son rôle dans « Une idée géniale ».
Comment êtes-vous arrivée sur la pièce de Sébastien Castro ?
Fin 2020, j'ai rencontré José Paul lors d'un travail autour de « La Fausse Suivante » de Marivaux. Peu de temps après, il m'appelait pour me proposer une lecture dans le rôle de Marion, personnage fort, moderne, solaire. À l'issue de ce rdv, José et Sébastien ont eu la gentillesse de m'annoncer que Marion... ce serait moi ! Je suis vraiment heureuse d'avoir pu intégrer cette équipe très soudée et dotée d'un niveau d'exigence et d'engagement incroyable !
Déjà dans «Saint-Exupéry, le mystère de l'aviateur» vous aviez un rôle très consistant !
Pour moi, c'est un bonheur de travailler avec Arthur Jugnot que j'ai rencontré sur « A deux lits du délit » mis en scène par Jean-Luc Moreau qui m'a mis en scène à trois reprises. Dans «Saint-Ex» où j'avais plusieurs rôles, c'était extrêmement jouissif de faire vivre une femme moderne, douce et maternelle, puis une vieille Marseillaise acariâtre ou encore une jeune fille des années 30. Je n'ai eu que du bonheur à participer à cette pièce, écrite par Flavie Péan et Arthur Jugnot durant le confinement, et que nous avons répétée sans être sûrs de pouvoir la jouer.
Vous avez un parcours avec un bel équilibre entre l'écran et le théâtre où d'ailleurs, et c'est rare, vous n'avez pas la même image. Cela vous a demandé beaucoup d'acrobatie ?
La télé et le cinéma sont venus dans un deuxième temps et la période Covid (sans théâtre) m'a permis de m'y consacrer davantage. Avec le doublage, la troisième corde à mon arc, j'ai un sentiment de plénitude, chaque expérience enrichit l'autre et permet de s'améliorer. J'aime l'idée de ne jamais se contenter, quand on le peut, d'une seule discipline. J'apprécie tous les genres et c'est une chance de pouvoir alterner sans dépendre d'une image toujours un peu réductrice.
Agnès Boury
Actrice, c'est une place que je n'occupe jamais» dit-elle d'entrée. « J'ai joué tout à fait par hasard, il y a très longtemps, dans une pièce que j'étais en train de monter : l'actrice principale était enceinte, je connaissais le rôle, j'ai dû la remplacer. Ce fut une aventure assez étonnante pour moi à tous points de vue, quatre mois à découvrir de l'intérieur les sensations, les chemins et les interrogations de l'acteur. Depuis il m'est arrivé de jouer à l'image pour des réalisateurs que j'avais dirigés au théâtre, c'est peut-être par vengeance qu'ils faisaient cela d'ailleurs (rires) ! J'ai une longue expérience de direction d'acteurs, trouver un langage commun qui va donner vie à quelque chose est bien ce que je préfère dans la mise en scène. Après, jouer soi-même, est autre chose ».
« Une idée géniale » lui permet de retrouver José Paul avec qui elle a co-signé six mises en scène et qu'elle a dirigé dans « Le Diner de cons » et «Tailleur pour dames ». Agnès Boury a également travaillé avec lui lorsqu'elle était assistante de Stéphane Hillel sur « Un Petit jeu sans conséquence » et bien avant, en 1997, dans «Les Gagneurs». C'est d'ailleurs là qu'ils se sont rencontrés. « Je sais que nous avons en commun un vocabulaire et les attentes de ce que doit être la comédie, ce qui facilite grandement notre travail ».
Impossible de résumer son immense parcours sans souligner l'importance du spectacle musical. « C'est un domaine auquel je ne me destinais pas au départ, je n'en rêvais même pas. Pour moi, c'était un autre monde ! Je consommais ces spectacles en tant que spectatrice ravie, sans jamais me projeter plus avant. Finalement, j'en ai fait beaucoup et de façon très diverse, il y a eu des tours de chants comme ceux de Juliette, des pièces musicales comme « Une vie de pianiste » ou « Colorature », l'aventure très particulière d'une quinzaine d'années autour de « Duels », la trilogie des Folies Bergère avec Stéphane Jarny et puis, bien sûr, les comédies musicales, avec Alexandre Bonstein, Stéphane Laporte et quelques autres.
Dans cette comédie de quiproquos de Sébastien Castro, dans laquelle Agnès Boury s'apprête à jouer un personnage candide avec une perception très premier degré des choses, on se doute qu'elle fera, comme toujours, merveille !
Paru le 05/08/2022
(194 notes) THÉÂTRE MICHEL Du vendredi 19 août 2022 au dimanche 31 décembre 2023
COMÉDIE. On a tous un sosie dans le monde. Et si vous rencontriez le vôtre? Depuis qu’ils ont visité un appartement pour s’installer ensemble, Arnaud a un léger doute: Marion a-t-elle eu un coup de cœur pour l’agent immobilier? Par pur hasard, il rencontre le sosie de celui-ci et lui demande de se faire pa...
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