Connexion : Adhérent - Invité - Partenaire

© Pauline Darley
Interview par Philippe Escalier
Jérémy Lorca

Au Petit Palais des Glaces, les vendredis et samedis, Jérémy Lorca joue son dernier stand-up, « Viens, on se marre », dans lequel il conjugue l'introspection et l'autodérision tout en livrant sa vision des grands thèmes sociétaux qui nous occupent.
Jérémy, tu as tout de suite décidé que tu parlerais de toi ?
Pour moi, c'était important en effet. Dans « Bon à marier », j'ai voulu parler de ma recherche du Prince Charmant, à une époque où il y avait peu d'humoristes gays qui parlaient de leur vie privée ou alors de façon très subliminale. Les choses ont sensiblement évolué et dans ce second spectacle, j'avais envie de faire rire en abordant des thèmes plus profonds, le féminisme, l'homophobie, les attentats, le suicide. Après avoir montré mon côté un peu solaire, j'avais envie de parler de mes angoisses, de mes névroses tout en étant drôle, mais c'est une autre façon d'amuser en parlant de ce qui me ronge. J'ajoute que pour l'hyper sensible que je suis, faire rire le public m'apaise beaucoup !

Les choses ont évolué en effet et pourtant tu as souligné les impacts que le coming-out avaient pu avoir sur ta carrière !
Au départ, je suis comédien. J'ai joué des rôles d'hétéros dans des séries, des téléfilms. Depuis que je suis monté sur scène, on ne m'en a plus proposé ! Donc, effectivement, les opportunités sont moindres, les gens manquent un peu d'imagination, c'est d'autant plus difficile à comprendre que devant une caméra, on se fout de ce que tu es, l'important étant d'incarner un personnage. D'ailleurs, l'on donne beaucoup de rôles de gays à des hétéros dans lesquels ils sont formidables.

Revenons à ton spectacle : j'ai pu constater à quel point le public était proche (grâce notamment à la configuration de la salle) et assez mélangé !
La proximité, c'est très important, de plus maintenant, on peut voir les gens puisque le masque n'est plus obligatoire. C'est du spectacle vivant, cela permet d'observer leur réaction, de sentir l'écoute et l'atmosphère. Le côté très mixte du public me plait beaucoup.

Après les beaux succès que tu as connus au festival d'Avignon, envisages-tu d'y retourner ?
Je ne pense pas. Je l'ai fait trois fois avec beaucoup de plaisir mais il faut savoir que le festival est très fatigant, c'est un vrai taff. Il faut tracter, dire que l'on existe et que l'on joue, c'est un peu du « tapinage artistique » réclamant une énergie dingue. Et comme je suis un besogneux, quand je l'ai fait, c'était à fond, matin, midi et soir.

Mis à part la scène, on a pu te voir à la télé et t'entendre à la radio. La décision d'arrêter tes chroniques a-t-elle été facile à prendre ?
Oui, car si cela était une école formidable où tout s'est bien passé notamment sur le plan artistique et humain, au bout de quatre ans, j'avais envie et besoin de souffler. J'ai intégré la troupe du Jamel Comedy Club et je voulais me concentrer sur le spectacle et sur de nouveaux projets. J'ai envie d'aller vers la fiction et l'écriture. Je suis en train de terminer mon deuxième roman qui parle de mon enfance et c'est très prenant à écrire. On sera forcément moins dans la comédie que dans mes spectacles. Mais cela fait un équilibre !
Paru le 10/05/2022

(24 notes)
JÉRÉMY LORCA - Viens on se marre
PALAIS DES GLACES
Du mercredi 8 septembre 2021 au samedi 21 mai 2022

STAND UP à partir de 17 ans. Le sexe, le féminisme, l'homophobie, le terrorisme, Netflix et le surimi. Tous ces sujets qu'il ne fallait pas aborder un mercredi soir! Après avoir joué pendant trois ans à Paris et en tournée son one man show "Bon à Marier", Jérémy Lorca, chroniqueur depuis 2016 sur Europe 1 dans Samedi Roumanof...

Voir tous les détails