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Benoît Cauden
© Alessandro Pinna
Dossier par Philippe Escalier
Les Producteurs

Après le théâtre (cinq pièces en sept ans), Alexis Michalik a décidé de s'attaquer à la comédie musicale en adaptant « Les Producteurs » de Mel Brooks. Après la pause estivale, le spectacle revient à l'affiche du Théâtre de Paris. Benoît Cauden, Andy Cocq et Serge Postigo nous parlent de cette belle aventure.

Benoît Cauden

Quelle a été votre réaction lors de la remise du Molière ?
Il y a eu plusieurs étapes. Je ne m'attendais même pas à être nommé, il y a tellement de comédiens formidables, la probabilité était faible. Le soir de la remise des Prix, quand j'ai entendu mon nom, je suis parti sur un petit nuage. L'euphorie passée, on se dit que cela ne change pas la vie mais c'est une belle reconnaissance pour ce métier que j'exerce avec passion depuis presque vingt ans.

Un mot sur votre personnage ?
Il est très riche donc passionnant à jouer. Au départ, timide, névrosé, plein de rêves et surtout assez hystérique. L'histoire le fait évoluer, il va s'assumer, rencontrer une femme et au final devenir le sauveur de son modèle. C'est rare d'avoir toutes ces facettes de personnalité dans une comédie musicale. Si j'ajoute Alexis Michalik, le théâtre de Paris, c'est un peu le rôle de ma vie !

Comment s'est passé la première rencontre avec Alexis Michalik pour « Edmond » ?
Il m'a appelé, mais je ne connaissais pas son numéro, j'étais en voiture, je l'ai donc renvoyé sur le répondeur. Au bout de trois appels, j'ai fini par décrocher. Il était en train de constituer sa distribution. J'ai donc passé le casting pour la seconde équipe d'Edmond. Je me souviens l'entendre claquer des doigts dés la première ligne de la lecture pour dire qu'il fallait aller plus vite. C'est Alexis Michalik, il faut du rythme !

Comment le musical entre-t-il dans votre vie ?
À l'origine je suis comédien. J'aime ce jeu avec le public, le plaisir de le faire rire sans en faire trop. Conjuguer cela avec le chant, c'est formidable. La rencontre avec ma femme qui faisait de la comédie musicale m'a permis de découvrir la discipline, la parfaite condition physique que cela demande et, au delà, un univers magique. J'ai rencontré mon premier professeur de chant, Edouard Thiébaut, puis David Rozen avec qui j'ai appris les techniques. J'ai eu la chance de pouvoir décrocher un rôle assez vite. Depuis, je suis ravi de pouvoir alterner les deux. En sachant que je fais du doublage en plus de la scène. Différent mais complémentaire au métier de comédien, cela m'a permis de faire « West Side Story »,« Les Bad Guys » et d'autres belles choses qui vont bientôt sortir.

Andy Cocq

« Starmania », « Spamalot », «Les Producteurs», le nom d'Andy Cocq est indissociable de grandes comédies musicales. Sa présence sur les planches du Théâtre de Paris lui permet de travailler pour la première fois avec Alexis Michalik. « Il a le rythme dans le sang, il n'aime pas que le public s'ennuie. Il sait très exactement ce qu'il veut, ce qui permet au spectacle de se monter rapidement. Ayant une solution pour tout, il est très fédérateur, toujours d'humeur égale. » précise-t-il.

Son rôle flamboyant dans « Les Producteurs » génère une nomination aux Molières dont il est très heureux et qui met en avant le fait que chanteur danseur, il est aussi et avant tout un comédien. « Carmen Ghia que je joue est un peu mon clown que je trimballe depuis des années, comme pour Prince Herbert dans Spamalot. J'adore les personnages, il en faut toujours. Il y a chez les folles une légèreté et une profondeur fantastiques. Je ne voudrais pas qu'elles disparaissent des comédies musicales. On dit souvent que c'est caricatural, mais je ne le pense pas. La communauté LGBT leur doit beaucoup ».

Néanmoins pour lui, le temps est venu d'aborder d'autres registres. Andy Cocq dit son envie de rôles sobres, issus de la vie de tous les jours, très simples, plus psychologiques, plus poétiques. « J'en ai besoin en tant qu'artiste. Je ne m'éloignerai jamais de la comédie mais j'aspire à que les prochaines fois soient un peu différentes ». Un seul en scène, qu'il a déjà pratiqué « Garçon manqué » dirigé par Isabelle Nanty, serait un excellent moyen d'emprunter d'autres chemins. « Pas un one man, car je n'aime pas faire rire à tout prix. Par contre, j'apprécie de raconter des histoires à travers des personnages. Si je reviens seul sur scène, ce sera un peu dans la veine de Guillaume Gallienne, Vincent Dedienne ou Alexandre Lutz. Je n'ambitionne pas de révolutionner le genre mais de toucher des gens, avec un vrai propos ».

Serge Postigo

Homme orchestre : comédien, chanteur, metteur en scène, adaptateur, traducteur, il est difficile de résumer ce que vous faites. Comment vous définiriez-vous ?
Je pense que je suis essentiellement un créateur. J'aborde par exemple mes personnages plus sous l'angle de la création que de l'interprétation, nourrie par ce que l'œuvre et le metteur en scène réclament. Et d'ailleurs, quand je n'exerce pas mon métier, je travaille le bois, je construis mes maisons, j'ai besoin d'édifier.

Parmi les comédies musicales que vous avez montées, une sort du lot pour vous ?
Je dirais « Mary Poppins » dont j'ai fait en 2016 la première adaptation et traduction en français. C'est une œuvre qui m'a marqué, sa musique, toute l'histoire de sa création que raconte bien le film « Saving Mr Banks ». Aujourd'hui encore, quand j'entends l'ouverture de « Mary Poppins », je deviens lunatique comme on dit au Quebec, c'est à dire distrait, je me mets à rêver.

Concernant le Quebec, j'imagine que là où vous êtes bien c'est l'endroit où vous êtes, mais vous vous sentez d'où ?
Je ne sais pas combien de temps on a pour cette question (rires). Je suis de nulle part effectivement. Longtemps au Québec, on m'a demandé d'où j'étais, ce qui me positionnait comme venant d'ailleurs. Je dirais que j'ai appris l'accent québécois pour me fondre dans la masse. En France, je me souviens de ma première mise en scène du spectacle de Grégory Charles au Dejazet. À un moment donné, il entonne « Alexandrie » de Claude François et là, surprise pour moi, je vois 800 personnes se lever d'un coup, agiter les bras et chanter. J'ai été ému et je me suis dit que cela disait que je n'étais pas non plus d'ici. Donc je suis de nulle part et de partout et j'ai appris à aimer où j'étais sans ressentir de manque pour l'ailleurs !
Paru le 15/09/2022

(138 notes)
PRODUCTEURS (LES)
THÉÂTRE DE PARIS
Du vendredi 26 novembre 2021 au dimanche 25 juin 2023

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