Interview par Philippe Escalier
Roberto Alagna
L'une des plus grandes voix du répertoire lyrique crée la surprise en interprétant « Al Capone », la comédie musicale de Jean-Félix Lalanne, sur la scène des Folies Bergère, à partir du 28 janvier 2023. Roberto Alagna nous parle de l'évènement musical de ce début d'année.
Comment est né ce projet ?
C'est Jean-Félix Lalanne qui en a eu l'idée. Le Covid lui a donné le temps de s'y consacrer. Il s'est ensuite interrogé sur qui allait interpréter le rôle titre. Il raconte que la réponse lui est venue sous la douche dont il est sorti en disant : «C'est Roberto, c'est Roberto ! » et sa femme s'est demandée alors ce qui lui arrivait. On se connait depuis longtemps, il a travaillé avec mes frères et voulait construire un projet avec moi. Pour me convaincre d'accepter, il m'a proposé de venir écouter sa musique. J'ai été emballé tout de suite rien qu'avec les maquettes. J'ai donc décidé de m'impliquer entièrement.
Quelles tonalités allez-vous donner à votre personnage ?
Je veux montrer les déchirures de celui qui est parti du mauvais pied, fils d'immigrés, tout de suite jeté à la rue, dans un milieu hostile, repéré par des mafieux et laisser entrevoir qui il a été avant de devenir ce monstre. Ce qui me plait chez Jean-Félix Lalanne, c'est qu'il traduit en chansons italiennes tous les moments de nostalgie que traverse Al Capone, notamment quand il pense à sa mère. Passionnante aussi est la confrontation avec Eliot Ness à qui Bruno Pelletier donne toute sa complexité. Enfin, pour moi qui suis romantique, il y a ce lien amoureux avec la femme de Capone que joue et chante si bien Anggun et ce « Roméo et Juliette à Chicago » avec le déchirement produit par sa sœur, amoureuse de son rival, son pire ennemi.
Vous avez beaucoup travaillé avec Jean-Louis Grinda, est-ce vous qui avez pensé à lui pour la mise en scène ?
J'y ai pensé mais je ne l'ai pas suggéré. Jean-Félix avait quelques noms en tête. Été 2021, j'étais à Orange dans «Samson et Dalila » mis en scène par Jean-Louis Grinda. J'ai proposé à Jean-Félix Lalanne et Jean-Marc Dumontet (le producteur, ndlr) de venir aux Chorégies. Leur rencontre a été prometteuse et ils ont décidé de travailler ensemble.
Vous avez dit que cette comédie musicale allait être difficile pour vous. Quand on a votre voix, comment est-ce possible ?
Parce qu'il me faut faire tout le chemin inverse du travail que j'ai accompli jusqu'à présent. Dans l'opéra, où l'on chante sans micro, la voix doit se projeter hors du corps. Ici, pour ne pas saturer le micro, il faut replacer la voix à l'intérieur, ce qui fatigue énormément. J'ai quelques envolées lyriques mais je dois rester dans la lignée de l'œuvre. Plus qu'un côté virtuose, je dois apporter une identité vocale, ni trop pure ni trop timbrée.
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour aborder la comédie musicale ?
Mettre ma carrière d'opéra entre parenthèses pendant six mois était une chose impossible. Aujourd'hui ma carrière est faite ! Après La Scala où je viens de chanter « Fedora » d'Umberto Giordano, j'ai reçu plusieurs propositions que j'ai pu mettre en attente. Je n'aurais pas pu le faire il y a vingt ans.
Pour finir, un mot sur votre retour triomphal à La Scala ?
Pour des raisons que tout le monde connait, je n'y avais pas chanté depuis seize ans. C'était fantastique. J'ai été accueilli avec des larmes et des embrassades et en entendant partout que j'étais l'enfant de La Scala ce qui est vrai, ma carrière a commencé là. J'y ai de très grands souvenirs.
C'est Jean-Félix Lalanne qui en a eu l'idée. Le Covid lui a donné le temps de s'y consacrer. Il s'est ensuite interrogé sur qui allait interpréter le rôle titre. Il raconte que la réponse lui est venue sous la douche dont il est sorti en disant : «C'est Roberto, c'est Roberto ! » et sa femme s'est demandée alors ce qui lui arrivait. On se connait depuis longtemps, il a travaillé avec mes frères et voulait construire un projet avec moi. Pour me convaincre d'accepter, il m'a proposé de venir écouter sa musique. J'ai été emballé tout de suite rien qu'avec les maquettes. J'ai donc décidé de m'impliquer entièrement.
Quelles tonalités allez-vous donner à votre personnage ?
Je veux montrer les déchirures de celui qui est parti du mauvais pied, fils d'immigrés, tout de suite jeté à la rue, dans un milieu hostile, repéré par des mafieux et laisser entrevoir qui il a été avant de devenir ce monstre. Ce qui me plait chez Jean-Félix Lalanne, c'est qu'il traduit en chansons italiennes tous les moments de nostalgie que traverse Al Capone, notamment quand il pense à sa mère. Passionnante aussi est la confrontation avec Eliot Ness à qui Bruno Pelletier donne toute sa complexité. Enfin, pour moi qui suis romantique, il y a ce lien amoureux avec la femme de Capone que joue et chante si bien Anggun et ce « Roméo et Juliette à Chicago » avec le déchirement produit par sa sœur, amoureuse de son rival, son pire ennemi.
Vous avez beaucoup travaillé avec Jean-Louis Grinda, est-ce vous qui avez pensé à lui pour la mise en scène ?
J'y ai pensé mais je ne l'ai pas suggéré. Jean-Félix avait quelques noms en tête. Été 2021, j'étais à Orange dans «Samson et Dalila » mis en scène par Jean-Louis Grinda. J'ai proposé à Jean-Félix Lalanne et Jean-Marc Dumontet (le producteur, ndlr) de venir aux Chorégies. Leur rencontre a été prometteuse et ils ont décidé de travailler ensemble.
Vous avez dit que cette comédie musicale allait être difficile pour vous. Quand on a votre voix, comment est-ce possible ?
Parce qu'il me faut faire tout le chemin inverse du travail que j'ai accompli jusqu'à présent. Dans l'opéra, où l'on chante sans micro, la voix doit se projeter hors du corps. Ici, pour ne pas saturer le micro, il faut replacer la voix à l'intérieur, ce qui fatigue énormément. J'ai quelques envolées lyriques mais je dois rester dans la lignée de l'œuvre. Plus qu'un côté virtuose, je dois apporter une identité vocale, ni trop pure ni trop timbrée.
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour aborder la comédie musicale ?
Mettre ma carrière d'opéra entre parenthèses pendant six mois était une chose impossible. Aujourd'hui ma carrière est faite ! Après La Scala où je viens de chanter « Fedora » d'Umberto Giordano, j'ai reçu plusieurs propositions que j'ai pu mettre en attente. Je n'aurais pas pu le faire il y a vingt ans.
Pour finir, un mot sur votre retour triomphal à La Scala ?
Pour des raisons que tout le monde connait, je n'y avais pas chanté depuis seize ans. C'était fantastique. J'ai été accueilli avec des larmes et des embrassades et en entendant partout que j'étais l'enfant de La Scala ce qui est vrai, ma carrière a commencé là. J'y ai de très grands souvenirs.
Paru le 02/02/2023
(57 notes) FOLIES BERGÈRE Du samedi 28 janvier au vendredi 12 mai 2023
SPECTACLE MUSICAL. Roberto Alagna, un des plus grands ténors de notre époque, redonne vie au légendaire Al Capone sur la scène des Folies Bergère. Chicago, 1930 : défiant toutes les lois, Al Capone et Eliot Ness se livrent un combat sans merci jusqu’à ce que l’imprévu surgisse... les contraignant à choisir entre Amo...
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