Dossier par Philippe Escalier
Suite Royale
Au Théâtre de la Madeleine
Les duos sont à l'honneur au Théâtre de la Madeleine où Judith Elmaleh et Hadrien Raccah ont écrit « Suite Royale », une belle histoire de couple pour Julie de Bona et Élie Semoun.
Élie Semoun
le partage, moteur de ma vie d'artiste !
Si la fin de 2022 a mis un point final à« Élie Semoun et ses Monstres » son dernier one-man-show, le comédien entamera par du théâtre l'année 2023, l'occasion de faire le point avec lui sur ses multiples activités artistiques.
Vous commencez 2023 de façon originale puisque vous n'aviez pas joué de pièce depuis « Le Placard » de Francis Veber en 2014 !
Vous savez, je suis sur les planches presque tous les jours avec le one-man show. Mais si j'avais pu, j'aurais fait plus de théâtre. J'ai commencé dans « Les Folies amoureuses » il y a quarante ans avec Muriel Robin, Nicolas Marié et « Les Baladins en Agenais » dont le metteur en scène était Roger Louret. Après quatre années de one-man, j'ai ressenti le besoin de partager la scène, c'est une question d'équilibre. J'aime beaucoup Julie de Bona, je trouve que la pièce d'Hadrien Raccah et Judith Elmaleh avec qui j'ai de grandes affinités est très bien écrite, et j'ai hâte de bosser avec Bernard Murat qui nous met en scène.
Vous avez fait le dernier Avignon, là aussi, c'était un peu exceptionnel pour vous ?
Oui, j'ai fait le festival à deux reprises seulement. Cette année, je venais de finir la réalisation de mon film « Ducobu » et j'avais vraiment envie de remonter sur scène. J'ai accepté quatre dates. J'ai trouvé que c'était joyeux, je me suis senti en famille et en communion avec un public très populaire qui prenait vraiment du plaisir.
Parlons de « Ducobu » : qu'est ce qui vous a fait passer derrière la caméra ?
C'est le quatrième film et ma deuxième réalisation. J'ai répondu favorablement à une proposition d'UGC et j'avais une grande envie de diriger les acteurs, c'est un travail formidable. Être soi-même comédien, je trouve qu'il n'y a pas mieux pour diriger d'autres acteurs, on sait comment cela fonctionne. Le scénario est important mais un bon casting, c'est essentiel. Je suis très pointilleux, très attaché à la sincérité. Cela a l'air de bien fonctionner : nous avons été le seul film français ayant cartonné cet été, ce qui nous permet d'en faire un autre ce dont je suis vraiment très heureux.
Avec tout cela, vous avez le temps d'écrire des livres ?
On a toujours le temps de faire plein de choses. Quand on est artiste, on n'a que ça à faire ! Je me consacre entièrement à la création. J'ai pris du temps pour mon dernier livre*, j'avais besoin d'écrire une histoire d'amour et de m'exprimer sur ce sujet. Je crois que les gens s'y reconnaissent beaucoup, je reçois d'ailleurs des tas de messages. Je livre une partie assez intime de moi, ma part romantique, l'histoire d'un petit garçon qui cherche l'amour de sa mère chez une femme. Dans mes seuls en scène, je laisse parler ma peur face à une réalité peu réjouissante et dans « Mon Vieux », le documentaire que j'ai fait sur la maladie d'Alzheimer de mon père, j'ai abordé l'amour filial et les valeurs familiales. Dans tous les cas, le partage reste le dénominateur commun et le moteur de ma vie d'artiste.
« Compter jusqu'à toi » d'Élie Semoun est publié aux Éditions Robert Laffont
Julie de Bona
« le théâtre est un peu ma maison »
Après « Non à l'argent », joué entre 2017 et 2019 aux Variétés puis aux Bouffes Parisiens, suivi de très beaux rôles dans de nombreuses séries à succès, Julie de Bona nous dit son bonheur de revenir au théâtre.
Qu'est-ce qui vous a fait dire oui à « Suite Royale » ?
Plusieurs raisons ! Déjà il y a Élie Semoun, c'est lui qui a pensé à moi pour ce rôle. J'aime beaucoup cet acteur et cet homme que j'ai croisé plusieurs fois dans le métier, avec qui j'ai joué pour la première fois dans « Cyprien » au cinéma, en 2008.
Par ailleurs, récemment, j'ai adoré « Par le bout du nez » où Bernard Murat mettait en scène deux personnages joués par François Berléant et Antoine Dulery. J'avais envie de travailler avec ce metteur en scène et en particulier, je rêvais d'un duo. À la lecture de la pièce, j'ai eu un coup de cœur, je la trouve magique, avec beaucoup d'amour. On est face à un couple qui certes se déchire, mais toujours avec des sentiments qui leur permettent d'avancer. «Suite Royale » est presque une pièce de remariage où l'on est ni dans le cynisme absolu ni dans un romantisme un peu béat !
On a pu vous voir récemment à l'écran dans des rôles de femmes très marquants, je pense au « Bazar de la Charité » aux « Combattantes » ou au «Souffle du dragon » !
J'ai eu cette chance de ne pas être enfermée dans un rôle particulier et de pouvoir défendre à l'écran des personnages très différents, forts et résilients reflétant bien la place qui revient aux femmes dans la société. Mais le théâtre me manquait et j'avais besoin de recharger mes batteries. Je suis née au théâtre en tant qu'actrice, c'est un peu ma maison. Si je suis heureuse d'avoir pu incarner ces magnifiques personnages, l'endroit où l'on vibre, où l'on a une connexion avec le public, c'est le théâtre ! Je peux y revenir dans ce beau rôle féminin écrit par un duo mixte constitué par Judith Elmaleh et Hadrien Raccah. J'ajouterai que cela me fait du bien d'interpréter un personnage qui ne soit pas sombre. « Suite royale » est une pièce lumineuse, je suis très heureuse de la jouer !
Que retenez-vous de ces quatre dernières années qui vous ont permis, comme l'ont dit beaucoup de critiques, d'atteindre la notoriété ?
En termes de tournages, c'est tellement riche que j'ai du mal à faire des choix. La série « Plan B » m'a remué et m'a fait grandir en tant qu'actrice. Mais la chose la plus importante, c'est la naissance de mon fils !
Vos nombreux tournages vous permettent-ils de tout concilier ?
Oui, parce que je suis mobilisée au maximum six mois de l'année. Cela me laisse du temps pendant lequel je suis à fond avec mon fils. Et quand je travaille, je garde toujours du temps pour lui.
Que peut-on vous souhaiter aujourd'hui ?
Un autre beau rôle au théâtre, un rôle principal au cinéma et puis réaliser. Avoir une idée, la raconter sur le papier et pouvoir la mener jusqu'au bout en étant maître de toutes les étapes jusqu'à la magie de voir son travail concrétisé en images, j'avoue que cela m'attire de plus en plus !
Hadrien Raccah
ma véritable passion consiste à raconter des histoires
Auteur habitué du théâtre de la Madeleine, Hadrien Raccah y présente la pièce qu'il a co-écrite avec Judith Elmaleh, tout en préparant la sortie de son second roman*.
Comment est venue cette envie de travailler avec Judith Elmaleh sur « Suite Royale » ?
J'ai rencontré Judith Elmaleh pendant «L'Invitation » que jouait son frère Gad. Nous avons beaucoup sympathisé, nous nous sommes trouvés des points communs notamment au niveau de l'humour. Nous avons imaginé pouvoir travailler ensemble autour de l'histoire d'un couple après des années de mariage. Tout s'est fait naturellement. On a passé du temps à définir notre histoire avant d'attaquer la partie la plus intéressante qui consiste à construire les dialogues, à travers un ping-pong entre nous deux. Je suis très client de son humour et de sa vision des choses. Avant même l'écriture, j'étais certain que le talent de Judith allait me permettre de parfaire ma compréhension du personnage féminin. Et plus largement, je dirais que cette expérience m'a permis de mieux comprendre ma compagne.
Pouvez-vous nous dire un mot de la distribution ?
Pour ce rôle d'homme-enfant, Élie Semoun était le comédien idéal ! Nous étions très contents avec Judith de pouvoir travailler avec Élie et Julie de Bona. C'est très agréable d'avoir le sentiment que la pièce a été écrite pour eux et c'est un bonheur de voir travailler ces deux grands acteurs. Qui plus est sous la direction de Bernard Murat : plus jeune je venais spécialement de ma banlieue à Paris pour voir ses spectacles au théâtre Edouard VII. Ce que j'adore dans le théâtre, c'est ce travail en équipe que l'on fait pour produire le meilleur spectacle possible.
De temps à autre, vous revenez à votre métier d'acteur, comme vous venez de le faire avec « Le Tourbillon » !
Une pièce de Francis Veber, l'auteur qui m'a donné envie d'écrire des comédies, de surcroit à La Madeleine, voilà une occasion que je ne pouvais pas laisser passer. De plus, je joue avec une belle distribution dont Philippe Lellouche qui est un ami avec qui j'ai beaucoup travaillé. Ceci étant dit, je sais et depuis longtemps que ma véritable passion consiste à raconter des histoires à travers des pièces ou des romans.
Vous avez co-écrit Éric Dupond-Moretti à la barre. Quel souvenir en gardez-vous ?
Je peux parler d'un moment exceptionnel. Je connais Éric Dupond-Moretti depuis l'affaire Merah. Nous avons beaucoup échangé, je comprenais tellement bien les combats de cet homme charismatique et généreux. Les deux années de ce spectacle ont été intenses. Son succès, que personne n'avait anticipé, a été phénoménal. Je peux vous dire qu'Éric Dupond-Moretti est à la fois un très bon acteur et un excellent avocat. C'était intéressant de voir à quel point le public était porté par ses propos. J'ai assisté à toutes les représentations, c'était fascinant ! Ce fut une expérience artistique et humaine qui a une place particulière dans mon cœur.
*« À la vie à la mort » sortira en mars 2023 chez Michel Lafon
Paru le 20/02/2023
(23 notes) THÉÂTRE DE LA MADELEINE Du vendredi 27 janvier au samedi 13 mai 2023
COMÉDIE. En 15 ans de mariage, c’est la première fois qu’Antoine invite Pauline dans un somptueux palace parisien. S’il a réservé la suite royale, une folie pour leurs modestes moyens, c’est parce qu’il a une grande nouvelle à lui annoncer. Une nouvelle qui va bouleverser pour toujours leur paisible existe...
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