Interview par François Varlin
Josiane Pinson
Une femme qui frappe !
À partir du 6 octobre, Josiane Pinson joue "La femme qui frappe", de Victor Haïm, au théâtre Essaïon. Percutant !
Qui est cette femme que vous incarnez ?
C'est une dactylo. Elle frappe à la machine, mais va aussi se retrouver dans une situation de survie telle qu'elle sera obligée de se prostituer dans tous les sens du terme à cause d'un mauvais auteur très friqué. Il lui envoie des milliers de feuillets à taper chaque jour, et elle n'en voit pas le bout. Face à cet homme, intellectuellement supérieur qui sait qu'il possède l'argent dont elle a besoin, et qui cherche à l'avilir de toutes les manières, elle n'a pas le choix. Victor Haïm, comme très souvent dans ses pièces, traite ici du rapport dominant-dominé.
Vous interprétiez pourtant vos textes d'habitude...
À 98% je suis l'interprète de mes propres pièces, mais je suis contente de changer d'auteur ! Pour une fois, Pinson ne va pas jouer du Pinson ! C'est pour moi une des meilleures pièces de Victor Haïm. Ce texte est un trop beau cadeau pour ne pas s'en servir ! Avec Victor, nous sommes dans la même zone d'écriture. Je sors de deux spectacles dont j'étais l'auteur, La Quarantaine rugissante et Psycause(s), qui s'attachaient à décrire la complexité féminine, sa force de caractère, ses failles... Ici, on est en plein dedans. J'y ai vu une suite logique à la trace que je me suis fixée depuis quelques années. Du reste, à la première lecture, tout le monde a cru que c'était encore moi l'auteur ! Même humour, même veine d'écriture, même mots d'argot ! À croire que Victor m'a enregistrée !
Humour et tragique se mêlent ?
Parfois, cette femme hurle de rire et l'instant d'après elle s'effondre en larmes. C'est très joyeux à la base, il s'agit d'une femme qui a une très grande force de vie en elle. Tout à coup, elle se trouve confrontée à un drame. Elle a beaucoup d'humour, y compris dans la situation qu'elle vit, puis elle retombe dans la réalité et ses nerfs lâchent... Cela donne une pièce franchement drôle parfois, et terriblement tragique aussi. J'ai deux partenaires qui ne sont pas présents sur le plateau : on est dans la dinguerie totale, à la limite du surréalisme. Elle n'a plus rien d'autre que sa machine à écrire, elle doit taper la daube de cet auteur... Pourquoi ? C'est la surprise de cette pièce. Par amour, cette femme ira au bout d'un pari impossible.
Qui vous met en scène ?
Yves Pignot. Il creuse profondément pour rechercher la sincérité du personnage, et son authenticité. On passait parfois trois heures sur le même paragraphe ; moi qui suis une cérébrale pur jus, il m'a fallu apprendre à découvrir cette femme qui sent les choses, ne les décortique pas, ne se perd pas dans des méandres de réflexion. C'est un personnage très spontané qui agit dans l'urgence.
C'est une dactylo. Elle frappe à la machine, mais va aussi se retrouver dans une situation de survie telle qu'elle sera obligée de se prostituer dans tous les sens du terme à cause d'un mauvais auteur très friqué. Il lui envoie des milliers de feuillets à taper chaque jour, et elle n'en voit pas le bout. Face à cet homme, intellectuellement supérieur qui sait qu'il possède l'argent dont elle a besoin, et qui cherche à l'avilir de toutes les manières, elle n'a pas le choix. Victor Haïm, comme très souvent dans ses pièces, traite ici du rapport dominant-dominé.
Vous interprétiez pourtant vos textes d'habitude...
À 98% je suis l'interprète de mes propres pièces, mais je suis contente de changer d'auteur ! Pour une fois, Pinson ne va pas jouer du Pinson ! C'est pour moi une des meilleures pièces de Victor Haïm. Ce texte est un trop beau cadeau pour ne pas s'en servir ! Avec Victor, nous sommes dans la même zone d'écriture. Je sors de deux spectacles dont j'étais l'auteur, La Quarantaine rugissante et Psycause(s), qui s'attachaient à décrire la complexité féminine, sa force de caractère, ses failles... Ici, on est en plein dedans. J'y ai vu une suite logique à la trace que je me suis fixée depuis quelques années. Du reste, à la première lecture, tout le monde a cru que c'était encore moi l'auteur ! Même humour, même veine d'écriture, même mots d'argot ! À croire que Victor m'a enregistrée !
Humour et tragique se mêlent ?
Parfois, cette femme hurle de rire et l'instant d'après elle s'effondre en larmes. C'est très joyeux à la base, il s'agit d'une femme qui a une très grande force de vie en elle. Tout à coup, elle se trouve confrontée à un drame. Elle a beaucoup d'humour, y compris dans la situation qu'elle vit, puis elle retombe dans la réalité et ses nerfs lâchent... Cela donne une pièce franchement drôle parfois, et terriblement tragique aussi. J'ai deux partenaires qui ne sont pas présents sur le plateau : on est dans la dinguerie totale, à la limite du surréalisme. Elle n'a plus rien d'autre que sa machine à écrire, elle doit taper la daube de cet auteur... Pourquoi ? C'est la surprise de cette pièce. Par amour, cette femme ira au bout d'un pari impossible.
Qui vous met en scène ?
Yves Pignot. Il creuse profondément pour rechercher la sincérité du personnage, et son authenticité. On passait parfois trois heures sur le même paragraphe ; moi qui suis une cérébrale pur jus, il m'a fallu apprendre à découvrir cette femme qui sent les choses, ne les décortique pas, ne se perd pas dans des méandres de réflexion. C'est un personnage très spontané qui agit dans l'urgence.
Paru le 11/10/2004
FEMME QUI FRAPPE (LA) THÉÂTRE ESSAÏON Du mercredi 6 octobre au samedi 27 novembre 2004
COMÉDIE DRAMATIQUE. Après "La Quarantaine rugissante" et "Psycause(s)", Josiane Pinson poursuit l’étude de la psyché féminine sous la plume, cette fois, de Victor Haïm (Molière du meilleur auteur 2003). Un mort chéri. Un séducteur pervers. Une femme piégée. Entre comédie délirante et cocasserie macabre, "La femme qui...
|