Le destin de Sylvin Rubinstein est ici retracé avec brio grâce à Yann Guillon et Stéphane Laporte. Virginie Lemoine s'est emparé de ce merveilleux texte pour vous proposer une mise en scène moderne, touchante, et pleine de rebondissements. Les écrans sur la scène vous transportent aussi bien dans le temps que dans l'espace, et vous n'aurez aucune difficulté à vous plonger dans l'histoire. Olivier Sitruk, qui interprète le rôle de Sylvin, est aussi bon en jeune danseur plein de vie qu'en vieil homme contant ses souvenirs. Joséphine Thoby, elle, joue parfaitement le rôle de Maria, avec pudeur, naïveté parfois, mais surtout avec plein d'amour et d'admiration pour son frère. François Feroleto, que l'on découvre d'abord en barman, est formidable en Papa Kurt. En bref, l'équipe de comédiens est parfaite. Il faut aussi souligner la présence de Sharon Sultan et Ruben Molina. Car si nous ne doutons pas des talents (possibles) des danseurs d'Olivier Sitruk et Joséphine Thoby, il faut avouer que la possibilité de proposer de vrais danseurs de flamenco est parfaite ! À chaque apparition (seul ou à deux), vous le verrez : ils sont électrisants. Accompagnés de Dani Barba à la guitare et Cristo Cortes au chant, vous oublierez quelques instants que vous êtes au théâtre, pour y revenir avec plaisir ensuite. C'est un très bon choix, et c'est ce qui fait de ce biopic plus qu'une simple pièce pour découvrir une vie hors-normes : on est entrainé dans sa vie, rythmée par la musique et la danse.

Après la disparition de sa sœur, Sylvin ne pense qu'à une chose, la venger. En entrant dans la résistance grâce à Papa Kurt, il deviendra un véritable tueur de l'oppresseur.
« J'étais un innocent, ils ont fait de moi un assassin. Moi je ne demandais qu'à danser avec ma sœur ». Après plusieurs mois de résistance, son destin prendra une autre tournure, alors qu'il passera une robe et des talons, pour devenir à son tour Dolorès et ne pas la perdre. D'abord travesti pour se cacher, il deviendra ensuite un véritable danseur travesti, jusqu'à la fin de sa vie. Il reprendra le rôle de Dolorès, crée par sa sœur Maria pour leur duo. On dit souvent que les jumeaux ne font qu'un, et c'est le cas. Sylvin devient Dolorès, ce qu'était Maria.

Amour fraternel, guerre, bravoure et vengeance sont donc au programme au Théâtre Actuel, dans cette très belle création jusqu'au 29 juillet.