Pluridisciplinaires, facétieux, éclectiques, toujours surprenants, tant par le fond que par la forme, depuis 1995, les spectacles de 26000 couverts drainent un public de fidèles nourris par les nombreuses tournées d'une compagnie née dans l'esprit d'un collectif, évoluant beaucoup dans le spectacle de rue tout en engrangeant une riche variété de créations.

Philippe Nicolle

cofondateur de la compagnie, travaille avec Gabor Rassov depuis un peu plus de dix ans. Il raconte : « La rencontre s'est faite autour de « Jacques et Mylène » un texte que Gabor avait déjà écrit pour François Cluzet et Valérie Bonneton en 1999. Nous l'avons repris avec deux comédiens (et non 6 comme à l'origine). Nous changeons en permanence de processus et selon nos projets, nous avons différentes façons de travailler. Gabor, qui passe beaucoup du théâtre au cinéma, est venu m'épauler sur certains de mes projets et pour « Chamonix » nous avons décidé d'écrire à deux ».

Les spectacles de 26000 couverts, restent, et c'est tant mieux, assez difficiles à définir en quelques mots. « Chamonix », une succession de tableaux chantés, séparés par des moments de théâtre, avec sa curieuse dénomination d'opérette de science-fiction, n'échappe pas à la règle. « Nous voulions éviter la dénomination de comédie musicale, puisqu'il ne s'agit pas exactement de cela, mais plutôt d'une space-opérette. Il n'est pas question ici d'aborder le grand space-opera dans le style « Star Wars » mais d'un modèle bien plus réduit, musical, dans lequel le futur permet de parler du présent. La première scène du spectacle s'ouvre d'ailleurs sur une vraie scène d'opérette » précise Philippe Nicolle avant d'ajouter : « Le style de musique sera un patchwork avec des tonalités faisant penser à Michel Berger, Supertramp, à la variété pop qui font partie de notre culture, toujours avec un second degré musical. » Dans ce domaine, la compagnie a créé « L'Ideal Club », l'un de ses plus gros succès, entre le concert et le spectacle à sketches, toujours en tournée et qui, en dix ans, cumule plus de 300 dates. Pour « Chamonix », où les musiciens sont en live, tout a été créé d'un bout à l'autre par la compagnie : composition du livret, de la partition, enregistrement musical, cette technique de fabrication stimulant le mélange et le partage de savoir entre les divers artistes participant à l'œuvre. Une recette maison !

Laissons, pour terminer, Philippe Nicolle définir l'esprit de 26000 couverts : « On nous a souvent comparé, ce qui est très flatteur, aux Monty Python. Je me sens proche de Jérôme Deschamps mais aussi des grands collectifs du théâtre de rue ou encore des « Chiens de Navarre ». On manipule la dérision, le décalage, on s'amuse à démonter les ressorts du théâtre, il y a beaucoup de mises en abyme avec des faux spectateurs, on se moque tout en resacralisant, on démystifie, on bricole notre art avec des procédés venant du théâtre de rue qui provoquent une approche du public beaucoup plus vivante et complice. Et notre second degré évolue en fonction de beaucoup de choses : « Le théâtre est l'art du présent » comme le dit si bien Ariane Mnouchkine ».