Depuis sa création lors du festival d'Avignon en 2019, « Andromaque », montée par Jean-Yves Brignon, a su trouver son public et effectuer un beau parcours. Outre l'excellent travail de mise en scène, comment se lasser d'un texte qui porte si haut la tragédie tout en lui donnant des accents humains déchirants ? L'intrigue, que l'on a souvent résumée par : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort (!) est un condensé d'amours impossibles, cercle infernal ou chacun court après un autre pour ne trouver au final que le malheur.

Jean-Yves Brignon a fait le choix d'une présentation épurée, minimaliste mais à forte connotation symbolique grâce à laquelle tout est dit, sans fioriture aucune. Loin du péplum, l'on évolue dans la simplicité, la limpidité et la modernité. La force des alexandrins n'en devient que plus intense portée par le jeu fougueux et précis des comédiens. Joël Abadie, Emma Debroise, Claire Delmas, Jean A. Deron, Augustin Guibert, Benoît Guibert, Suzanne Legrand, Sophie Neveu, en alternance, nous donnent le meilleur de ce texte. Cette petite troupe fait grande impression. Un changement rapide de costume ou d'accessoire leur permet de passer d'un personnage à l'autre, sans rien cacher au spectateur qui se sent intégré au drame comme jamais. Tout ayant été pensé avec minutie et subtilité, une belle alchimie peut s'installer entre le texte, les acteurs et le public.