Interview par Manuel Piolat Soleymat
Denise Chalem
“Dis à ma fille que je pars en voyage” met en lumière le quotidien de deux femmes à l’ombre…
La thématique de ses origines est récurrente dans son œuvre. Laissant aujourd'hui de côté ce "petit fardeau", Denise Chalem signe la mise en scène de sa dernière pièce, au théâtre du Rond-Point. Une plongée dans l'univers carcéral féminin. Interview.
Pourquoi avoir décidé d'écrire sur le monde carcéral ?
Il se trouve que je corresponds avec un détenu. Cette relation m'a amenée à beaucoup me documenter sur le monde carcéral. Et je me suis rendu compte que les conditions de vie des femmes détenues sont souvent passées sous silence. On parle beaucoup de la violence qui existe dans les prisons d'hommes, mais l'univers carcéral au féminin est un monde bien plus secret.
Qui sont ces deux femmes qui partagent la même cellule ?
L'une vient d'une cité HLM et l'autre, plus jeune, d'un milieu bourgeois. Elles ne se seraient jamais rencontrées au-dehors. J'avais envie de montrer comment deux femmes venant d'univers très différents vivent cette situation-là. Au départ, des rapports assez silencieux et assez brutaux s'installent entre elles. Et puis, progressivement, elles vont s'apprivoiser, construire une amitié extrêmement profonde.
Il y aussi une surveillante, qui intervient...
Oui, et son comportement évolue aussi, parce que l'autorité pénitentiaire n'est pas toujours constante. Elle est parfois sympathique, parfois antipathique, parfois sociale. La prison, c'est un peu comme la vie. C'est cette complexité-là que j'ai essayée de montrer. En passant souvent par l'humour, car ces deux détenues ont beaucoup de dynamisme, elles vivent aussi des moments drôles.
En quoi cette pièce diffère-t-elle de vos autres écrits ?
Que ce soit pour le théâtre ou la télévision, je parle souvent de mes origines juives. Dans Dis à ma fille que je pars en voyage, j'ai complètement laissé tomber tout ça. Si je parle de moi, c'est à travers des petites choses secrètes de femme à femme. Je suis assez heureuse d'avoir pu déposer le petit fardeau qui me poussait à toujours en revenir à mes racines.
Comment êtes-vous parvenue à vous libérer de ça ?
Vous en avez de drôles de questions ! (Rires.) Peut-être qu'il y a eu l'urgence du sujet, que je voulais vraiment traiter le thème de la prison, ne pas mélanger les genres. J'aurais très bien pu dire que ces deux femmes étaient juives. Mais deux sujets aussi importants que ces deux-là allaient sans doute se court-circuiter. L'univers carcéral, c'était déjà beaucoup à traiter !
Pourquoi avoir conçu vous-même la mise en scène ?
Parce que j'avais une idée assez précise de ce que je voulais. Je n'aime pas du tout quand une pièce est traitée de façon naturaliste. Je souhaitais que le décor soit stylisé, qu'il instille le rêve, même si parfois ce rêve est un cauchemar. Je voulais également que le travail sur le corps soit très important, que la bande sonore recrée vraiment l'univers sonore de la prison, avec tout ce qui s'y passe.
En bref, vous l'avez faite parce que vous aviez envie de le faire !
(Rires.) Oui, ce n'est pas plus compliqué que ça !
Il se trouve que je corresponds avec un détenu. Cette relation m'a amenée à beaucoup me documenter sur le monde carcéral. Et je me suis rendu compte que les conditions de vie des femmes détenues sont souvent passées sous silence. On parle beaucoup de la violence qui existe dans les prisons d'hommes, mais l'univers carcéral au féminin est un monde bien plus secret.
Qui sont ces deux femmes qui partagent la même cellule ?
L'une vient d'une cité HLM et l'autre, plus jeune, d'un milieu bourgeois. Elles ne se seraient jamais rencontrées au-dehors. J'avais envie de montrer comment deux femmes venant d'univers très différents vivent cette situation-là. Au départ, des rapports assez silencieux et assez brutaux s'installent entre elles. Et puis, progressivement, elles vont s'apprivoiser, construire une amitié extrêmement profonde.
Il y aussi une surveillante, qui intervient...
Oui, et son comportement évolue aussi, parce que l'autorité pénitentiaire n'est pas toujours constante. Elle est parfois sympathique, parfois antipathique, parfois sociale. La prison, c'est un peu comme la vie. C'est cette complexité-là que j'ai essayée de montrer. En passant souvent par l'humour, car ces deux détenues ont beaucoup de dynamisme, elles vivent aussi des moments drôles.
En quoi cette pièce diffère-t-elle de vos autres écrits ?
Que ce soit pour le théâtre ou la télévision, je parle souvent de mes origines juives. Dans Dis à ma fille que je pars en voyage, j'ai complètement laissé tomber tout ça. Si je parle de moi, c'est à travers des petites choses secrètes de femme à femme. Je suis assez heureuse d'avoir pu déposer le petit fardeau qui me poussait à toujours en revenir à mes racines.
Comment êtes-vous parvenue à vous libérer de ça ?
Vous en avez de drôles de questions ! (Rires.) Peut-être qu'il y a eu l'urgence du sujet, que je voulais vraiment traiter le thème de la prison, ne pas mélanger les genres. J'aurais très bien pu dire que ces deux femmes étaient juives. Mais deux sujets aussi importants que ces deux-là allaient sans doute se court-circuiter. L'univers carcéral, c'était déjà beaucoup à traiter !
Pourquoi avoir conçu vous-même la mise en scène ?
Parce que j'avais une idée assez précise de ce que je voulais. Je n'aime pas du tout quand une pièce est traitée de façon naturaliste. Je souhaitais que le décor soit stylisé, qu'il instille le rêve, même si parfois ce rêve est un cauchemar. Je voulais également que le travail sur le corps soit très important, que la bande sonore recrée vraiment l'univers sonore de la prison, avec tout ce qui s'y passe.
En bref, vous l'avez faite parce que vous aviez envie de le faire !
(Rires.) Oui, ce n'est pas plus compliqué que ça !
Paru le 22/11/2004
DIS À MA FILLE QUE JE PARS EN VOYAGE THÉÂTRE DU ROND-POINT Du vendredi 5 novembre au samedi 18 décembre 2004
COMÉDIE DRAMATIQUE. Deux femmes en prison partageant la même cellule. Deux femmes qui ne se seraient jamais rencontrées autrement. Non sans accrocs, une amitié naîtra de cette promiscuité. Dans ce genre de lieu, on ne se laisse pas facilement aller, ni à parler de soi, ni à évoquer ce qu'on peut ressentir envers l'au...
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