Xavier Lemaire
Co-auteur ; metteur en scène

Pour Xavier Lemaire, retravailler avec Pierre-Olivier Scotto était une évidence. « Nous avons tellement aimé écrire ensemble « Là-bas, de l'autre côté de l'eau » que cela nous a donné envie de poursuivre cette collaboration. Lui a un sens aigu de l'écriture quand j'ai le sens de la dramaturgie ». De fait, avec Pierre-Olivier Scotto, acteur, metteur en scène ayant une carrière à la Comédie Française, il s'agit bien de la rencontre de deux hommes de théâtre, férus d'Histoire, pour lesquels l'écriture commune est particulièrement fructueuse.

Tout démarre avec la lecture d'un livre mais aussi et surtout de ces plaques apposées sur tous les murs des écoles parisiennes, indiquant combien de jeunes enfants furent victimes de la rafle de juillet 1942.

Sur son travail de metteur en scène, Xavier Lemaire précise : « Nous sommes dans une salle de classe. Mais le point de vue, ce sont les spectateurs qui « jouent » les rangées d'élèves. On a fait un vrai travail de scénographie. Le spectateur ne doit pas avoir l'impression que, pour bien jouer, les acteurs doivent être de face. Il y a des scènes de dos très efficaces. Et dans ce rapport élève-salle de classe, je reproduis toutes les formes de classes que le spectateur a connues dans sa vie : un cours, une discussion de couloir, un directeur qui pousse une colère. Inconsciemment, le spectateur devient l'élève de la classe. Tout cela peut paraitre simple, c'est en réalité très étudié ». Avant de conclure : « La Comédie Bastille est pour nous l'endroit idoine. On y est comme dans une salle de classe. Et le théâtre, avec Christophe Ségura, nous défend comme ses enfants ! ».


Anne Richard

Pour Anne Richard, qui a toujours suivi le travail de Xavier Lemaire et avec Pierre-Olivier Scotto, découvrir « Rentrée 42 » a été un véritable choc. « On sait ce qui s'est passé mais on ne s'est jamais vraiment posé la question des conséquences, dans la vie de tous les jours et de tous les Français. Le rôle est magnifique et je n'ai pas hésité une seconde. Je trouve que c'était important de venir raconter cette histoire qui touche tout le monde et de pouvoir faire un lien avec une actualité qui nous questionne et nous inquiète. Pour moi qui viens de Suisse, qui ai appris l'Histoire de France comme une Histoire étrangère, c'est un cadeau que de plonger dans une époque et de m'enrichir de beaucoup de choses ».
Elle poursuit en soulignant que la force des deux auteurs est de s'inscrire dans une forme qui reste divertissante, populaire avec un texte qui parle à tout un chacun. « Être proche des gens, avec la télévision, c'est ce que j'ai fait toute ma vie. J'ai tourné « Boulevard du Palais » à Paris, ce qui m'a permis de jouer au théâtre, (hors tournée) même si mener les deux de fronts n'était pas de tout repos. Mais j'ai été tellement gâtée par mes rôles à la télé, marqués par une dramaturgie forte, que je n'ai jamais été en manque. Aujourd'hui, il est temps pour moi de répondre à cette forte envie de revenir au théâtre ».

En parallèle, Anne Richard continue à écrire pour les enfants. Une passion découverte un peu par hasard, un jour où, sur « Pierre et le Loup », il a fallu compléter ce texte. « Depuis, je continue à écrire, notamment un dernier roman pour les enfants qui devrait se transformer en comédie musicale où je ferai la mise en scène avec Johan Nus que j'ai rencontré à l'AICOM où nous enseignons ».


Isabelle Andréani
est Lucienne Tatillard

Isabelle Andréani est une actrice douée d'une véritable force émotionnelle. « J'ai tellement de bonheur à jouer les spectacles, notamment ceux que l'on m'a écrit que forcément, cela se voit sur scène. Après, je ne sais pas si c'est mon caractère qui influe sur les auteurs ou bien l'inverse, en tous cas, j'ai la chance d'avoir des rôles très expressifs et très énergiques auxquels j'apporte tout ce que j'ai en moi. Pour « Un Cœur simple », c'est l'humanité et la bienveillance, dans « Rentrée 42 », c'est cette bonhomie et cette simplicité à regarder les évènements avec une vraie lucidité. Mais quand je peux développer de l'énergie dans un rôle, je m'en donne à cœur joie ! »

Ses rôles, toujours très différents, elle les choisit d'instinct. « À la lecture, je sais d'entrée si c'est évident pour moi. Récemment, on m'a proposé un rôle important et je savais que le spectacle allait marcher. Pourtant, j'ai tout de suite dit que je ne le sentais pas : je voyais tellement d'autres comédiennes le jouer mieux que moi. Je n'ai pas fait partie de la distribution. À l'opposé, « Un Cœur simple » a été un vrai coup de foudre. Je l'ai adapté à la première personne, j'en suis à la 416ème représentation et j'ai l'impression de l'avoir à peine commencé ! C'est un rôle qui m'a profondément marqué. À la lecture, j'ai eu l'impression que c'était écrit pour moi. Comme Lucienne Tatillard dans « Rentrée 42 » qui m'a totalement séduite et que je voulais absolument jouer. »


Michel Laliberté
est l'inspecteur, Mr Person

Pour cet acteur, directeur de théâtre, jouer un personnage épouvantable ne se refuse pas. « C'est un cadeau du metteur en scène. J'avais vu la lecture quelques mois auparavant. Xavier Lemaire m'a dit « Je ne sais pas si ça peut t'intéresser, c'est un petit rôle ? ». Pour moi, c'est un beau rôle et je savais ce que je pouvais en faire. Quel acteur n'a pas envie de jouer les ordures ? Et là, j'ai un beau morceau, un rôle de fauve. Je m'éclate avec ». Au départ, Michel Laliberté comptait en faire quelque chose d'un peu plus sobre mais Xavier Lemaire lui propose d'aller dans le tragi-comique qui donne le ton de la pièce. « Mon personnage est dans la démonstration, l'autorité. Auto-centré, il peut faire penser à des créatures de Dario Fo ».

La complicité avec Xavier Lemaire et Isabelle Andréani est ancienne. Michel Laliberté les programme dans Musset chez lui, à l'Aktéon en 2007 puis à l'Essaïon en 2008. « Ils ont fait 600 représentations, ils sont passés à autre chose et en 2018, j'ai proposé que nous le reprenions Agathe Quelquejay et moi. Aujourd'hui, il ne s'agit plus d'une reprise mais bien d'une création ». Et d'ajouter : « Ce que j'aime, c'est que Xavier Lemaire laisse jouer l'acteur : il nous place sur un rail et ensuite on a une certaine liberté, c'est très agréable. On donne tout ce que l'on a ! Ce personnage a son cap mais je me permets parfois de rajouter quelques petites touches. C'est une demi-heure tellement agréable. Avec le plaisir de la schizophrénie qui pose la question de pourquoi on a autant de jubilation à jouer les salauds ? Un registre qui s'avère plus facile au théâtre qu'au cinéma. Harrison Ford, par exemple, n'a joué qu'une fois un rôle de monstre, probablement pour pas que cela lui colle à la peau ». Une expérience que ni Michel Laliberté, ni le public ne vont oublier !