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© Bruno Perroud
Interview par Philippe Escalier
Gauthier Fourcade
magicien des mots

Avec Gauthier Fourcade, le sérieux se cache sous les jeux de mots. Dans son monde, la fantaisie est omniprésente, comme le titre de son dernier spectacle l'annonce : « Le Sens de la vie est-il un 6e sens... ou celui des aiguilles d'une montre ? ». Questions à un grand artiste aux multiples facettes.
Si l'on voulait vous définir, ce qui ne serait pas une mince affaire, il faudrait avancer les qualificatifs d'humoriste, de poète, de philosophe sans oublier votre côté un peu clownesque. Quelle est votre propre définition ?
Je ne suis dans aucune case, c'est ce qui a fait toute la difficulté avec les programmateurs ! Je me définirais comme auteur et humoriste, je tiens à ce que les gens rient beaucoup durant le spectacle. La coloration « clown » vient de ma formation et du fait que ma metteuse en scène, Vanessa Sanchez, a aussi un peu travaillé dans ce sens.

Vous avez, je crois, une façon particulière d'écrire. Pouvez-vous nous en parler ?
On me demande souvent combien de temps je mets pour écrire un spectacle. La réponse c'est en moyenne six ans ! Sur ce temps long, régulièrement, je note des jeux de mots qui, par leur double sens, peuvent m'amener à une histoire. Je les assemble par thèmes et quand arrive le moment de créer un spectacle, deux ans avant, je choisis les thèmes qui me parlent et c'est ainsi qu'émerge spontanément le sujet du spectacle. Je m'aperçois alors qu'il s'agit d'une chose importante qui me tient à cœur. Quand je mélange tous ces bouts, que je commence à écrire, cela met un moment à prendre. Je passe toujours par une phase où je suis un peu désespéré où je me dis que c'est le spectacle de trop. Et puis, à un moment donné, les choses s'organisent, s'alignent dans le bon ordre et la sauce prend.

Comment faites-vous, par les temps qui courent, pour rester aussi optimiste ?
Je suis optimiste parce que je vais au bout du pessimisme. Quand je parle avec les gens, j'ai le sentiment d'être celui qui a la vision la plus sombre. Mais j'ai une foi dans l'instant, je pense que, même si tout a une fin, ce qui a existé a une importance et une persistance et que donc, chaque moment est merveilleux et doit être habité pleinement. Malgré le sentiment des dangers qui pèsent sur l'humanité toute entière.

La mise en scène du spectacle de Vanessa Sanchez est d'une grande finesse. Elle vous ressemble ! Y-avez-vous participé ?
Pas du tout ! Je n'interviens pas dans ce travail, sauf en proposant les musiques. Je laisse toujours libre court à l'imaginaire des metteurs en scène que je choisis. Et si je change de metteur en scène chaque fois, c'est pour avoir une couleur nouvelle qui permet d'accentuer la différence avec mes spectacles précédents. Le décor imaginé par Blandine Vieillo, sur les conseils de la metteuse en scène, est une création fabuleuse, je n'aurais jamais imaginé cette échelle tordue qui monte vers le ciel et qui est en même temps un arbre. Quand j'écris, j'ai un esprit complétement abstrait, je ne visualise rien !

Pour finir, vous êtes un habitué de la Manufacture des Abbesses !
Oui, c'est le premier théâtre qui m'a programmé. Au départ, je venais du café-théâtre, où aucun directeur de salle « sérieux » ne songeait à venir me voir. Donc, je leur dois beaucoup et depuis « Le Secret du temps plié », j'ai toujours fait mes créations chez eux.
Paru le 07/01/2025

(15 notes)
GAUTHIER FOURCADE - Le sens de la vie est-il un 6ème sens...
MANUFACTURE DES ABBESSES
Jusqu'au samedi 15 mars

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