Dossier par François Varlin
“Fantômas” revient !
Grâce à un sérum de jeunesse qui lui a été administré, Fantômas est de retour parmi nous. Gabor Rassov signe le texte de cette comédie rock dont Romane Bohringer mène la distribution à partir du 15 avril au Théâtre de l'Est Parisien.
Romane Bohringer,
héroïne de polar
Si Romane Bohringer est en tête d'affiche de la comédie rock Fantômas revient, ce n'est certes pas pour tirer la couverture à elle : "Ce n'est pas mon genre", dit-elle. Pourtant elle le pourrait, le spectacle a été conçu autour d'un rôle écrit pour elle par Gabor Rassov. Elle est même loin d'avoir la grosse tête. Rencontrée au cœur des premières répétitions de ce spectacle créé fin février au Théâtre de l'Union - Centre dramatique national du Limousin, elle confie être intimidée à chaque fois qu'elle entame un nouveau projet. Là encore, ça ne rate pas : "Au début, je suis toujours timide et introvertie, je laisse la pièce venir en moi, puis je me libère. Quand on joue en public, on se souvient avec affection des moments de répétition, où l'on était entre nous sans autre pression que de défricher l'inconnu ; ce sont des périodes bénies à l'abri des influences extérieures."
Créer des histoires
Romane a donné son assentiment à ce projet avant même de lire le rôle, sur la simple intention de l'auteur. Un oui d'avance, une carte blanche à Gabor Rassov pour l'écriture et Pierre Pradinas pour la mise en scène. "Avec Pierre j'ai joué Le Conte d'hiver, mais je n'avais jamais travaillé sur un texte de Gabor, j'enviais tous ceux qui l'avaient fait ! C'est un bonheur de se retrouver en répétition avec des gens qui font un théâtre qui me plaît." De grands noms de la mise en scène l'ont dirigée : Peter Brook, Jacques Weber, Hans Peter Cloos, Irina Brook... Tous lui ont fait goûter différentes manières de vivre sur les planches ; retrouver Pierre Pradinas l'enthousiasmait en ce début d'année. Elle aime sa manière d'envisager le théâtre, les gens dont il s'entoure, l'esprit qu'il imprime, la joie et le délire qu'il suscite. "J'attends des gens un enthousiasme, une ferveur, une croyance... et Pierre les a ! J'ai de la chance de commencer l'année avec des gens avec lesquels je suis heureuse de travailler, je retrouverai sûrement Irina Brook bientôt. Ce qui m'importe, c'est de créer des histoires avec des gens. J'adore qu'on me fasse faire des bonds dans mon travail, mais les gens sont différents, les uns des autres, il faut apprendre à les décrypter. C'est ce qui est intéressant au théâtre, on passe du temps avec des gens, des
partenaires."
Magie du temps
Entre deux scènes Romane Bohringer quitte la répétition, s'assied, prend le temps de réfléchir sur son travail, livre son côté de professionnelle saupoudré d'un je-ne-sais-quoi de néophyte émerveillée. Forte d'une belle carrière tant au cinéma qu'au théâtre, la comédienne confie être toujours gagnée par l'inquiétude de ne pas arriver à réaliser les projets au début de leur entreprise, faute de percevoir de ce dont elle sera capable. "J'essaie d'attirer le personnage à ce que je ressens, mais petit à petit je m'aperçois que je change ma manière de bouger, de parler, sans que ce soit prémédité, c'est une sorte de magie du temps. Dans La Ménagerie de verre, ma voix, mon corps recroquevillé, tout avait changé !"
Total ludique
Dans ce nouveau projet, Romane joue, Romane chante. Une difficulté supplémentaire en forme de pari, posséder le chant, la justesse et la maîtrise de la voix en même temps que la gestion de l'action. Le tout pour une comédie funk, rock, spectaculaire, remplie d'effets spéciaux, de décors, d'émotion, de larmes, de peur et de musique. Un rythme haletant qui fait appel à des clichés sur les films d'épouvante, les intrigues policières, un genre peu vu au théâtre. "C'est amusant pour une comédienne de se glisser dans la peau de cette héroïne que j'ai dû voir dans des feuilletons. On rit souvent durant les répétitions car cela nous évoque des images de fuites, de rebondissements. On est ici dans le total ludique, le 15e degré parfois, c'est plus déstabilisant car on navigue entre le sincère, la farce, le grotesque et l'intense... Gabor Rassov s'est amusé de tous les genres que pouvait apporter le théâtre au public : musical, sensationnel, émotionnel. Il y a un peu de tout ça dans la pièce. C'est à la fois très ludique et très déglingué. Pour faire croire à de tels personnages au théâtre, il faut y croire soi-même. On oscille sans arrêt entre une intériorité et la conscience de tout cet univers."
Un polar
Une aventure qui ne cesse de continuer de lui donner le goût de refaire de la mise en scène. En 2001, Romane montait au Théâtre d'Edgar Les Sept Jours de Simon de Carole Fréchette. Une expérience qui l'a marquée, "je n'ai qu'une envie, c'est de recommencer. De tout ce que j'ai fait, c'est sans doute la chose qui m'a donné le plus de bonheur !" Pour le moment, Romane se recentre sur Fantômas et le personnage qu'elle incarne au cœur de cette fiction. Être la fille du mythique Fantômas, ce n'est pas simple à envisager. Suspense, action, humour sont au rendez-vous. Un polar, quoi !
3 questions à l'auteur,
Gabor Rassov
Ce complice de Pierre Pradinas est auteur dramatique et comédien. Avec "Fantômas revient", il a écrit un rôle pour Romane Bohringer. Sur-mesure.
Pourquoi choisir d'écrire un spectacle sur Fantômas ?
J'adore le poète Robert Desnos, particulièrement sa Complainte de Fantômas, poésie écrite pour un opéra radiophonique sur une musique de Kurt Weill. Par ailleurs, Pierre Pradinas et moi aimons faire des pièces autour de héros super méchants, ça nous attire, c'est spectaculaire, incroyable... Ces deux idées se sont rejointes. On avait envie de réaliser un spectacle avec plus de chansons, des musiciens sur scène. Aujourd'hui, le nom Fantômas est resté, mais les gens n'ont plus en mémoire que les films avec Louis de Funès et Jean Marais. Alors, j'ai écrit un nouvel épisode de Fantômas qui reviendrait aujourd'hui, en le traitant en chansons !
Donc sous la forme d'une comédie musicale ?
Les références de la comédie musicale sont un peu décalées de nos jours, ce n'est pas dansé par 50 personnes, c'est vraiment joué... Parler de "spectacle musical" c'est trop austère ; "opérette" renvoie à quelque chose de très précis et traditionnel en France, vieillot... C'est donc une "comédie rock" ! Un terme générique, comédie funk, soul, ambiance musique black. La pièce se raconte parfois sous forme de dialogues, parfois en chansons. Les chansons font partie de l'intrigue. Tous les moments importants de la pièce sont chantés. C'est une façon de raconter une histoire particulière.
Votre univers d'auteur c'est la fiction ?
Fantômas est effectivement un héros de fiction. J'adore raconter des histoires de crimes terribles, des histoires incroyables et m'amuser de ces histoires-là. Il faut aussi avoir le maximum de liberté par rapport à ce que l'on fait. Il y a déjà tellement de contraintes dans la vie, le théâtre doit donc être le lieu où il n'y en a pas ! C'est mon univers, ce n'est pas un théâtre réaliste, ce sont des personnages de fiction. Mais pour les interpréter, il faut leur donner une certaine intériorité.
héroïne de polar
Si Romane Bohringer est en tête d'affiche de la comédie rock Fantômas revient, ce n'est certes pas pour tirer la couverture à elle : "Ce n'est pas mon genre", dit-elle. Pourtant elle le pourrait, le spectacle a été conçu autour d'un rôle écrit pour elle par Gabor Rassov. Elle est même loin d'avoir la grosse tête. Rencontrée au cœur des premières répétitions de ce spectacle créé fin février au Théâtre de l'Union - Centre dramatique national du Limousin, elle confie être intimidée à chaque fois qu'elle entame un nouveau projet. Là encore, ça ne rate pas : "Au début, je suis toujours timide et introvertie, je laisse la pièce venir en moi, puis je me libère. Quand on joue en public, on se souvient avec affection des moments de répétition, où l'on était entre nous sans autre pression que de défricher l'inconnu ; ce sont des périodes bénies à l'abri des influences extérieures."
Créer des histoires
Romane a donné son assentiment à ce projet avant même de lire le rôle, sur la simple intention de l'auteur. Un oui d'avance, une carte blanche à Gabor Rassov pour l'écriture et Pierre Pradinas pour la mise en scène. "Avec Pierre j'ai joué Le Conte d'hiver, mais je n'avais jamais travaillé sur un texte de Gabor, j'enviais tous ceux qui l'avaient fait ! C'est un bonheur de se retrouver en répétition avec des gens qui font un théâtre qui me plaît." De grands noms de la mise en scène l'ont dirigée : Peter Brook, Jacques Weber, Hans Peter Cloos, Irina Brook... Tous lui ont fait goûter différentes manières de vivre sur les planches ; retrouver Pierre Pradinas l'enthousiasmait en ce début d'année. Elle aime sa manière d'envisager le théâtre, les gens dont il s'entoure, l'esprit qu'il imprime, la joie et le délire qu'il suscite. "J'attends des gens un enthousiasme, une ferveur, une croyance... et Pierre les a ! J'ai de la chance de commencer l'année avec des gens avec lesquels je suis heureuse de travailler, je retrouverai sûrement Irina Brook bientôt. Ce qui m'importe, c'est de créer des histoires avec des gens. J'adore qu'on me fasse faire des bonds dans mon travail, mais les gens sont différents, les uns des autres, il faut apprendre à les décrypter. C'est ce qui est intéressant au théâtre, on passe du temps avec des gens, des
partenaires."
Magie du temps
Entre deux scènes Romane Bohringer quitte la répétition, s'assied, prend le temps de réfléchir sur son travail, livre son côté de professionnelle saupoudré d'un je-ne-sais-quoi de néophyte émerveillée. Forte d'une belle carrière tant au cinéma qu'au théâtre, la comédienne confie être toujours gagnée par l'inquiétude de ne pas arriver à réaliser les projets au début de leur entreprise, faute de percevoir de ce dont elle sera capable. "J'essaie d'attirer le personnage à ce que je ressens, mais petit à petit je m'aperçois que je change ma manière de bouger, de parler, sans que ce soit prémédité, c'est une sorte de magie du temps. Dans La Ménagerie de verre, ma voix, mon corps recroquevillé, tout avait changé !"
Total ludique
Dans ce nouveau projet, Romane joue, Romane chante. Une difficulté supplémentaire en forme de pari, posséder le chant, la justesse et la maîtrise de la voix en même temps que la gestion de l'action. Le tout pour une comédie funk, rock, spectaculaire, remplie d'effets spéciaux, de décors, d'émotion, de larmes, de peur et de musique. Un rythme haletant qui fait appel à des clichés sur les films d'épouvante, les intrigues policières, un genre peu vu au théâtre. "C'est amusant pour une comédienne de se glisser dans la peau de cette héroïne que j'ai dû voir dans des feuilletons. On rit souvent durant les répétitions car cela nous évoque des images de fuites, de rebondissements. On est ici dans le total ludique, le 15e degré parfois, c'est plus déstabilisant car on navigue entre le sincère, la farce, le grotesque et l'intense... Gabor Rassov s'est amusé de tous les genres que pouvait apporter le théâtre au public : musical, sensationnel, émotionnel. Il y a un peu de tout ça dans la pièce. C'est à la fois très ludique et très déglingué. Pour faire croire à de tels personnages au théâtre, il faut y croire soi-même. On oscille sans arrêt entre une intériorité et la conscience de tout cet univers."
Un polar
Une aventure qui ne cesse de continuer de lui donner le goût de refaire de la mise en scène. En 2001, Romane montait au Théâtre d'Edgar Les Sept Jours de Simon de Carole Fréchette. Une expérience qui l'a marquée, "je n'ai qu'une envie, c'est de recommencer. De tout ce que j'ai fait, c'est sans doute la chose qui m'a donné le plus de bonheur !" Pour le moment, Romane se recentre sur Fantômas et le personnage qu'elle incarne au cœur de cette fiction. Être la fille du mythique Fantômas, ce n'est pas simple à envisager. Suspense, action, humour sont au rendez-vous. Un polar, quoi !
3 questions à l'auteur,
Gabor Rassov
Ce complice de Pierre Pradinas est auteur dramatique et comédien. Avec "Fantômas revient", il a écrit un rôle pour Romane Bohringer. Sur-mesure.
Pourquoi choisir d'écrire un spectacle sur Fantômas ?
J'adore le poète Robert Desnos, particulièrement sa Complainte de Fantômas, poésie écrite pour un opéra radiophonique sur une musique de Kurt Weill. Par ailleurs, Pierre Pradinas et moi aimons faire des pièces autour de héros super méchants, ça nous attire, c'est spectaculaire, incroyable... Ces deux idées se sont rejointes. On avait envie de réaliser un spectacle avec plus de chansons, des musiciens sur scène. Aujourd'hui, le nom Fantômas est resté, mais les gens n'ont plus en mémoire que les films avec Louis de Funès et Jean Marais. Alors, j'ai écrit un nouvel épisode de Fantômas qui reviendrait aujourd'hui, en le traitant en chansons !
Donc sous la forme d'une comédie musicale ?
Les références de la comédie musicale sont un peu décalées de nos jours, ce n'est pas dansé par 50 personnes, c'est vraiment joué... Parler de "spectacle musical" c'est trop austère ; "opérette" renvoie à quelque chose de très précis et traditionnel en France, vieillot... C'est donc une "comédie rock" ! Un terme générique, comédie funk, soul, ambiance musique black. La pièce se raconte parfois sous forme de dialogues, parfois en chansons. Les chansons font partie de l'intrigue. Tous les moments importants de la pièce sont chantés. C'est une façon de raconter une histoire particulière.
Votre univers d'auteur c'est la fiction ?
Fantômas est effectivement un héros de fiction. J'adore raconter des histoires de crimes terribles, des histoires incroyables et m'amuser de ces histoires-là. Il faut aussi avoir le maximum de liberté par rapport à ce que l'on fait. Il y a déjà tellement de contraintes dans la vie, le théâtre doit donc être le lieu où il n'y en a pas ! C'est mon univers, ce n'est pas un théâtre réaliste, ce sont des personnages de fiction. Mais pour les interpréter, il faut leur donner une certaine intériorité.
Paru le 18/04/2005
FANTÔMAS REVIENT THÉÂTRE DE L'EST PARISIEN Du jeudi 14 avril au vendredi 27 mai 2005
COMÉDIE MUSCIALE DRAMATIQUE. "Comme au début du siècle dernier, il va voler, il va tuer, il va détourner les merveilleuses inventions du génie humain au profit du mal! Mais, Dieu merci, comme au début du siècle dernier, la police en la personne de l’inspecteur Juve, son double, aussi bon que Fantômas est mauvais, va tout fair...
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