(moyenne sur 10 notes)

OPÉRA de Wolfgang Amadeus Mozart, mise en scène de Pierre Constant, avec L'Ensemble vocal de l'Atelier lyrique de Tourcoing, la Grande Écurie et la Chambre du Roy sous la direction de Jean-Claude Malgoire et Rachel Nicholls, Lina Markeby, Robert Getchell, Joan Martin-Royo, Nicolas Rivenq et Anne-Catherine Gillet.

Quinze ans et pas une ride. En 1995, la production des trois chefs-d’œuvre du tandem Mozart-Da Ponte marque les esprits, car Jean-Claude Malgoire et Pierre Constant forment eux aussi un binôme parfait: le premier retrouve la fraîcheur des partitions, le second donne une continuité dramatique à la Trilogie où chaque volet est une variation autour de la constance et la trahison, la puissance et la soumission, la volupté et le dévouement. Cosi fan tutte prend ainsi des accents résolument modernes. Il faudra attendre 1790, pour que Mozart et Da Ponte entreprennent un nouvel opéra, leur troisième et ultime chef d’œuvre, Così fan tutte. Il semble que le sujet de Così fan tutte ait été choisi par Da Ponte. Fidèle à sa thématique favorite, il y ridiculise, sans méchanceté, la rigidité moraliste de deux jeunes amoureux, incapables de voir dans leurs promises deux êtres de chair, comme eux. Ce livret apparaît comme une anthologie de toutes les situations classiques et Mozart a traité ces thèmes avec une ironie musicale très fine. Ainsi les deux complices présentaient au public la parodie déconcertante de lieux communs auxquels il était le plus attaché. Dans un décor unique, espace carrefour des désirs, ouvert sur la dune et les senteurs de la Méditerranée, les amants immatures de Così sont emportés par le flot de leurs passions dévastatrices, se découvrent et se déchirent. Maladroits, fragiles, meurtris, ils sont nos contemporains.