Nuit, c'est le théâtre contemporain français dans toute son impertinence
Personnages forts en gueule juxtaposés qui s'entrechoquent presque jusqu'au massacre dans un tourbillon scénique
Mise en scène parfois figée à la Marthaler, parfois bouillonnante et chaloupee à la Bechetoille, toujours virtuose, servie par des acteurs transformistes impeccables
Donc sur la forme carton plein, une palette peu commune
Sur le fond, ben là, C'est vraiment foutraque, les personnages sont charpentés, mais ils ne leur arrive rien ou que du terriblement dérisoire
Decadanse ?

Aller voir cette pièce, c'est comme aller voir les vitrines de Noël des grands magasins, chaque vitrine a un thème.
Une personne court sans angoisse ni urgence ! La mort au trousses ?
Un enfant est sous la table et regarde la tête dans les deux mains ! Fanny et Alexandre ? Au passage, merci pour la phrase supplémentaire « du personnel soignant mal payé »!
Mais le thème essentiel, c'est « qu'est ce qu'on va faire de notre vie » ? La Flûte Enchantée version moderne » ? Même les Anges chantent mais un air faisant plutôt référence à « Cold Song » de Purcel.
Toutes ces références nous font passer un moment théâtral très agréable même si le thème abordé est questionnant ! Les quatre acteurs incarnent très bien le personnage qu'ils interprètent dans une mise en scène minimaliste pleine de clins d'œil.

Philippe Minyana là où on ne l'attendait pas, dans une sorte d'opéra bouffe sylvestre à l'humour déphasé. Si le récit à la hache déstabilise certains, c'est bien ce qui donne toute sa sève à l'ensemble. Ces personnages qui courent autour d'un lac, et tournent en rond, ne sont finalement autre chose que des êtres qui apparaissent pour disparaître, et rien qu'un prétexte pour une mise en scène de la parole, pérorée ou chantée, comme seule mesure d'un temps qui passe trop vite, après avoir tourné en rond. Par moments, elle s'apparente à une harangue ; à d'autres, on voit les personnages effectuer un travail d'auto-persuasion ou de remémoration. Mais ils savent aussi prendre de la distance par rapport à leur propre discours, et ironisent alors sur leur sort, en chantant.
Du théâtre pur sang, un grand Minyana ! Les comédiens sont délicieusement irrésistibles, on aimerait les emmener tous à la maison, manger des saucisses.😉🤩😍

Un comédien court , tourne autour d'une scène circulaire, je comprendrai plus tard que c'est le lac autour duquel tout se joue. Il chute derrière des poubelles, et, d'emblée me fait rire. Je pense entrer dans un univers absurde à la Beckett, mais c'est Minyana qui m'attend.
Le rire ne me quittera plus.Je ne saisis pas vraiment le sens des dialogues, qui d'ailleurs n'en sont pas toujours, les personnages se parlent souvent sans s'écouter. Les scènes « tranquillement désespérées », désespérement drôles me font rire de rien,de tout ! Quelle incroyable mise en scène sur un tel "non-texte" ! Quelle succession subtile de mots, d'expressions, de situations décalées, de surprises, de chutes, de musique et de sons, de coups de vent et de claques mis en farce, portés avec grand talent par tous les comédiens. Je cours avec eux autour du lac, après le temps qui passe, ou bien juste avant ses ravages, je ne sais plus. Je me laisse entraîner par ce tragi-comique de la vie qui me fait basculer entre joie et mélancolie, jusqu'au final chanté qui me rend très joyeuse.
Je prends le parti de continuer à rire : et si maintenant j'allais, moi aussi, manger des saucisses ? A table !