Catherine Artigala, qui s'est fait la tête de Duras, est étonnante d'incarnation, dans une belle mise en scène qui permet en outre d'entendre la voix de l'écrivaine. Reste que ce texte autobiographique, qui tourne beaucoup autour de son amour des hommes et de l'alcool, n'a pas grand-chose de littéraire et n'est pas toujours passionnant.

Entre souvenirs personnels, évocation de son rapport à l'alcool et réflexions sur la position des femmes dans la société, Catherine Artigala donne vie avec brio à une Marguerite Duras intime. Une belle opportunité théâtrale pour mieux connaitre l'écrivaine.

"La vie matérielle" relate les confidences intimes de Marguerite Duras sur les moments phares de sa vie comme son enfance en Indochine, ses relations avec sa mère, sa vie amoureuse et sexuelle, à travers une sélection de textes. L'interprétation de Catherine Artigala fait partie de ces mystères de l'incarnation théâtrale : Elle fait revivre pour les spectateurs les grands traits de personnalité durassienne.
Il n'y a pas d'imitation, mais plutôt un phénomène de mimétisme étonnant, grâce à une maturité théâtrale qui se dégage autant de l'écrivaine que de son interprète. La mise en scène de William Mesguich est subtile, avec des illustrations sonores qui donnent du rythme et permettent de rebondir sur les différents épisodes de la vie de Duras. Un moment exquis de théâtre à savourer pour découvrir ou parfaire sa connaissance d'une femme engagée, pour découvrir sa personnalité et celle d'une grande interprète !

Il ne faut pas avoir peur de se faire plaisir. C.Articala (chzpezu bas) incarne subtilement l'autre facette de M.Duras. Pas de grands debats intellectuels, pas d'explication de texte. Seulement la vie passionnante et passionnée d'une femme brillante, pleine d'humour et fragile. C'est merveilleux ! Un grand merci pour cette découverte.

De la vie de Margueritte Duras, je connaissais peu de choses en dehors de ce qu'elle dépeint dans ses romans.
On découvre là, la Duras intime, qui évoque, dans le désordre, ses rencontres (sexuelles et littéraires), son enfance, ses relations à sa mère, l'asservissement matériel de la femme dans les rôles que lui dévolue la société, la famille, son addiction à l'acool, le pouvoir érotique de la femme qui écrit, son dernier compagnon...
Pas de début, pas de fin, simplement des images qui passent, des pensées qui surgissent avec une effrayante lucidité. Pas de concession, aucune, ni à soi, ni aux autres.
C'est terriblement émouvant d'entendre cette comédienne - Catherine Artigala - en qui l'auteur se révèle avec tant de facilité (alors même que c'est le travail de la première qui nous vaut cet éblouissement) nous parler de sa vie, sans émotion particulière mais avec une simplicité et une finesse d'analyse que lui envieraient bien des psys.
Sobre et pertinente mise en scène de William Mesguich qui nous avait déjà ravis dans "soies" et qui prouve la variété de son talent.