Louis revient à la maison pour la plus grande joie de sa petite sœur, surtout, car il semblerait que sont retour vienne mettre en péril l'existant. Ce qui pourrait être la joie des retrouvailles se transforme en remise en questions insupportable à tous. Les comédiens excellent à traduire tous les sentiments qui traversent les personnages.
Nous sortons ébranlés par ce texte de JL Lagarce qui remet en cause la force de la parole et des explications réitérées ou reformulées.
Ici, l'incommunicabilité semble relever à la fois de l'inconscience et de la conscience.

Cette pièce de Jean Luc Lagarce, mal comprise par la critique à sa création connaît depuis un succès qui ne se dément pas.
Adaptée au cinéma par Xavier Dolan, elle a, par cette voie touché un large public.
Mais, écrite pour le théâtre, elle prend là toute son ampleur.
Pièce sur la solitude, l'incommunicabilité, le non-dit, elle repose paradoxalement sur le langage et la parole qui y occupent une place prépondérante.
Excepté Louis, qui a fui, sans raison avouée, et qui venu pour annoncer sa mort, repartira sans en avoir rien dit, tous les autres personnages sont pris d'une effrayante logorrhée. Logorrhée qui revêt souvent, la forme de longs monologues, tantôt masquant la gêne ou la peur, tantôt laissant éclater l'envie et la violence.
Et cette parole, au lieu de délivrer, enferme un peu plus chacun dans sa solitude.
L'irruption de Louis, absent depuis si longtemps, bouscule la morne routine dans laquelle chaque membre de la famille s'etait établi. Tel Ulysse, il a pris le large, eux sont restés, ancrés dans le même lieu, emmurés dans leur triste vie.
Surgissent alors les regrets, les rancoeurs, les jalousies qui n'ont d'autres moyens d'expression que la violence du verbe.
Dans cette pièce où rien ne bouge, le bouillonnement est souterrain. Tel le magma il va jaillir par la bouche d'Antoine avant que le calme ne revienne avec le départ de Louis.
Tout va rentrer dans l'ordre. Ou presque.
Formidable texte, formidables comédiens, formidable mise en scène.
On ne s'en remet pas.