Sujet vraiment intéressant et toujours d'une actualité présente mais le texte est peut-être un peu « démodé » .... Une actualisation pourrait donner un peu plus de pep's à l'ensemble.

Texte ciselé par le scalpel d'une réalité crue et sans pathos ni acrimonie.
Une mise en place dépouillée de comédiennes dans la vérité de leurs rôles.
Un moment poétique en rappel du film éponyme.
Bref un spectacle important dans une salle très jeune et enthousiaste.

Pas une once de militantisme criard dans cette adaptation du célèbre essai de Virginie Despentes, pas de poing levé au ciel, pas de revendications hurlantes. Juste une analyse précise, fine, intelligente, et des mots puissants incarnés par trois magnifiques comédiennes. Trois voix pour trois hypostases différentes et contrastées de la femme, comme trois courants rapides et connectés dont les flux se rassemblent, se renforcent et montent en puissance jusqu'à la surface d'une rivière plus grande, pour créer une parole magnifiquement entrelacée de texture polyphonique. Dans les projecteurs pointés comme des armes vers la salle il y a l'étincelle violente de la sommation de se faire entendre et le scintillement d'un phare intensifiant et renforçant une image de la femme en constante mutation. Alors que King Kong déferle dans la jungle épaisse, on peut entendre les appels forts et retentissants de celle qui, après son viol, a trouvé la force de ne pas se taire : "J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf."

Qu'est-ce qui se joue dans les rapports hommes/femmes ? Ce n'est pas vraiment du théâtre, plutôt la mise en scène de réflexions que Virginie Depentes a tiré de son expérience. Ça bouscule et ça remue.

Joué par 3 comédiennes talentueuses le texte de Virginie Despentes nous donne à réfléchir sur la place que les hommes donnent aux femmes depuis la nuit des temps dans notre société. Ça avance, ça progresse mais la route est longue, alors courage !