Intérieur bourgeois jour, chambre, ensuite salon; (surtout) pas d'images filmées, (surtout) pas d'effets spéciaux. Les dialogues véloces, dans un flot ininterrompu, contrastent avec la mise en scène immobile comme un plan fixe étiré à l'infini. Minimaliste, ce qui fait d'elle une surface de projection idéale (prenez garde au vide...). Ça ne bouge pas comme au cinéma, c'est le texte qui donne le mouvement et qui fait qu'on se déplace en miroir entre les deux histoires subtilement en écho, comme une certaine idée de l'envers du décor, des deux tableaux d'un diptyque.
Pour sa première mise en scène au théâtre il y a chez Nanni Moretti une volonté d'en rester au texte, de faire corps avec lui, de le faire entendre fidèlement; Moretti, l'oeil de la caméra, devenu l'oreille de la scène. Il s'est entouré des meilleurs comédiens italiens, pour un pur bonheur de la langue italienne. C'est une fête et une chance de les voir, peu importe ce que diraient les esprits rassis. ;)