L'histoire du théâtre des Bouffes du Nord est assez atypique. Entre des épisodes fastes et de grande programmation, il connaît aussi des 'flops', plusieurs fermetures, des directeurs qui s'en vont avec la caisse, des émeutes... De fait, les Bouffes ont été gâtées en terme d'événements insolites. Construit en 1876 sur les bases supposées d'une ancienne caserne, il suit dans ses premières décades les évolutions du temps, du caf-conc' au théâtre de l'anarchisme. Le public se fait, quant à lui, plus timide. Longtemps boudé par les spectateurs parisiens, le théâtre des Bouffes du Nord est le témoin de véritables émeutes où la police est obligée d'intervenir pour expulser le public. Rebaptisé en 1904 "théâtre Molière", il se refait une santé et bénéficie des bienfaits de la fée électricité. Après la Première Guerre mondiale, le théâtre connaît une période prestigieuse. À partir de 1923, il est inscrit par son directeur, Henry Darcet, dans le consortium des théâtres de quartier. Les Bouffes font tourner des spectacles à succès créés sur les boulevards, les prix des places sont modestes et l'affiche change toutes les semaines. Le théâtre résiste à la vague déferlante du cinéma qui transforme les théâtres de quartier en salle de projection. À partir de 1935, le théâtre n'offre plus qu'une programmation épisodique avant de rouvrir sous le nom de "théâtre des Carrefours" en 1945. Jusqu'en 1952, le théâtre sous des directions successives s'essouffle et ferme finalement ses portes, trop vieux et trop mal entretenu. En 1974, le théâtre est sorti de la poussière par Peter Brook et Micheline Rozan qui arrivent à trouver les financements pour le rouvrir avec "Timon d'Athènes" le 15 octobre 1974. Aujourd'hui c'est Laurent Poubelle et Olivie Mantei les nouveaux directeurs.