Interview
Benoît Lavigne
fait de “Roméo et Juliette”une “corrida amoureuse”
Même scène, même auteur, même équipe artistique. Trois ans après "Beaucoup de bruit pour rien", Benoît Lavigne et la compagnie Les Saltimbanques réinvestissent les planches du Théâtre 13 pour un nouveau Shakespeare. Cette fois, ce sera "Roméo et Juliette". L'occasion de donner la parole au metteur en scène et de porter un coup de projecteur sur Alexandre Zambeaux, qui interprète le rôle de Benvolio.
Pourquoi, aujourd'hui, vous tournez-vous de nouveau vers Shakespeare ?
Tout simplement parce que j'ai une passion totale et absolue pour cet auteur ! Je trouve que c'est le dramaturge le plus moderne, le plus épique, le plus bouleversant qui ait jamais été. Après Beaucoup de bruit pour rien, j'avais envie de continuer à chercher dans la peinture qu'il fait de l'amour, mais à travers un texte plus noir, plus tragique.
Qu'est-ce qui rend cet auteur aussi moderne ?
Il y a d'abord son propos, qui transcende toutes les générations, et son langage qui, malgré la poétique, reste très actuel. Ses personnages ont, par exemple, une façon assez crue, assez violente de parler de sexe, ce qui peut vraiment faire penser à la banlieue d'aujourd'hui. Et puis, Shakespeare écrivait ses pièces comme on écrit aujourd'hui pour le cinéma. Il s'agit d'un théâtre découpé en séquences, on passe de plans larges, avec des scènes de foule, de batailles, à des gros plans permettant d'entrer dans la tête d'un personnage, dans son intimité.
Vous évoquez, à propos de Roméo et Juliette, une "corrida amoureuse"...
Tout à fait. Car il s'agit d'une pièce très charnelle, qui parle à la fois d'amour et de mort, qui joue vraiment sur la juxtaposition de contraires, la vie et la mort, la fête et la violence, le sacré et le barbare... On commence par le festif, le bal, les grands combats et puis, plus on avance dans la pièce, plus on se dirige vers une épure, une sorte de face-à-face avec la mort.
Vous avez donc souhaité éviter le cliché douceâtre de la pièce ?
Oui, j'ai voulu construire un spectacle élisabéthain, assez tranché, qui positionne les deux adolescents comme des combattants très révolutionnaires dans leur désir de créer un autre monde, de transformer une
société chaotique.
Pourquoi avoir choisi Tamara Krcunovic et Xavier Gallais pour les rôles-titres ?
Xavier Gallais possède la folie nécessaire pour jouer ce rôle, le côté sanguin et violent. Car pour moi, Roméo n'est pas un bellâtre. C'est un personnage qui tue par deux fois dans la pièce, qui prend tous les risques, qui va être banni... Il s'agit vraiment d'un héros tragique, auquel Xavier donne une grande puissance dramatique, mais aussi de l'émotion, de l'animalité, de la fragilité, un esprit comique... Face à lui, il fallait une comédienne qui puisse être révoltée, rageuse, une véritable guerrière de l'amour. Avec son tempérament latin, Tamara
Krcunovic correspond parfaitement à cette vision de Juliette.
Quelle est la réplique que vous préférez dans la pièce ?
"Que toutes choses se changent en leurs contraires." C'est le père Capulet qui dit ça, lors de la fausse mort de Juliette. Je trouve cette phrase très belle. Elle caractérise très bien la pièce. Car dans Roméo et Juliette, tout se change en permanence en son contraire.
Tout simplement parce que j'ai une passion totale et absolue pour cet auteur ! Je trouve que c'est le dramaturge le plus moderne, le plus épique, le plus bouleversant qui ait jamais été. Après Beaucoup de bruit pour rien, j'avais envie de continuer à chercher dans la peinture qu'il fait de l'amour, mais à travers un texte plus noir, plus tragique.
Qu'est-ce qui rend cet auteur aussi moderne ?
Il y a d'abord son propos, qui transcende toutes les générations, et son langage qui, malgré la poétique, reste très actuel. Ses personnages ont, par exemple, une façon assez crue, assez violente de parler de sexe, ce qui peut vraiment faire penser à la banlieue d'aujourd'hui. Et puis, Shakespeare écrivait ses pièces comme on écrit aujourd'hui pour le cinéma. Il s'agit d'un théâtre découpé en séquences, on passe de plans larges, avec des scènes de foule, de batailles, à des gros plans permettant d'entrer dans la tête d'un personnage, dans son intimité.
Vous évoquez, à propos de Roméo et Juliette, une "corrida amoureuse"...
Tout à fait. Car il s'agit d'une pièce très charnelle, qui parle à la fois d'amour et de mort, qui joue vraiment sur la juxtaposition de contraires, la vie et la mort, la fête et la violence, le sacré et le barbare... On commence par le festif, le bal, les grands combats et puis, plus on avance dans la pièce, plus on se dirige vers une épure, une sorte de face-à-face avec la mort.
Vous avez donc souhaité éviter le cliché douceâtre de la pièce ?
Oui, j'ai voulu construire un spectacle élisabéthain, assez tranché, qui positionne les deux adolescents comme des combattants très révolutionnaires dans leur désir de créer un autre monde, de transformer une
société chaotique.
Pourquoi avoir choisi Tamara Krcunovic et Xavier Gallais pour les rôles-titres ?
Xavier Gallais possède la folie nécessaire pour jouer ce rôle, le côté sanguin et violent. Car pour moi, Roméo n'est pas un bellâtre. C'est un personnage qui tue par deux fois dans la pièce, qui prend tous les risques, qui va être banni... Il s'agit vraiment d'un héros tragique, auquel Xavier donne une grande puissance dramatique, mais aussi de l'émotion, de l'animalité, de la fragilité, un esprit comique... Face à lui, il fallait une comédienne qui puisse être révoltée, rageuse, une véritable guerrière de l'amour. Avec son tempérament latin, Tamara
Krcunovic correspond parfaitement à cette vision de Juliette.
Quelle est la réplique que vous préférez dans la pièce ?
"Que toutes choses se changent en leurs contraires." C'est le père Capulet qui dit ça, lors de la fausse mort de Juliette. Je trouve cette phrase très belle. Elle caractérise très bien la pièce. Car dans Roméo et Juliette, tout se change en permanence en son contraire.
Paru le 16/11/2005
ROMÉO ET JULIETTE THÉÂTRE 13 - GLACIÈRE Du mardi 8 novembre au vendredi 23 décembre 2005
COMÉDIE DRAMATIQUE. Vérone, juillet 1595. C’est l’ancestrale haine des Montaigu et des Capulet. Le Théâtre est un brasier de bruits et de fureur. Dans cette danse de mort, un homme et une femme, hors du monde, vont s’aimer et mourir. Après "Beaucoup de bruit pour rien" en 2002 au Théâtre 13, La Compagnie Les Saltimba...
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