Interview par Samuel Ganes
Warren Zavatta
“Fils de” malgré lui !
Warren Zavatta comme son nom l'indique est le petit-fils d'Achille Zavatta, ne lui en déplaise. Et c'est justement le sujet de son spectacle ! Avec un humour acide et un ton revanchard, il se raconte, de son enfance dans le monde du cirque à ses nombreuses tentatives pour lui échapper, il ne nous épargne rien ! Rencontre avec un petit-fils prodigue !
Faire de sa vie un divertissement public, comment vivez-vous cette expérience ?
Au commencement ça a été difficile pour moi d'être responsable du jeu et du texte. Au-delà du danger qu'il y a à mettre sa vie personnelle en avant, je me posais beaucoup de questions sur ce que je voulais dire ou pas. Il me fallait trouver la justesse et la qualité dans le jeu. Au début, j'avais beaucoup trop d'aigreur, il y avait quelque chose de l'ordre du règlement de comptes. Mais peu à peu, j'ai mis au point la distance suffisante, de façon à enlever l'affect et à trouver une interprétation plus légère. J'avais un vrai amour haineux pour mon grand-père, pour le cirque et toutes ses traditions désuètes comme les panneaux en carton à coller sur les réverbères. Je rêvais de théâtre, de cinéma, d'un art avec moins de fioritures, plus subtil et plus fin. En racontant ma vie, je me suis fait un
spectacle sur mesure.
Des gens du cirque sont venus vous voir ? Comment ont-ils accueilli votre spectacle ?
Très bien. J'ai eu des Bouglione ! Les gens du cirque qui sont venus étaient des jeunes, ça les a fait marrer. Ils s'y retrouvent, ils comprennent. Les anciens, ils ne supporteraient pas. Dans ce milieu, il y a un vrai conflit de générations : ceux qui sont englués dans les vieilles coutumes et ceux qui vivent avec leur temps. On s'est sédentarisé. En quelques décennies, le progrès a tout chamboulé, comme l'arrivée de la télévision... Et beaucoup ont refusé tout cela. Je me rappelle il y a encore vingt ans, on éclairait avec des quartz cinq cents watts et les gélatines fondaient
dessus. D'un point de vue matériel et artistique, ils ont tout rejeté. Ils ne se sont pas ouverts, pensant que les traditions du cirque étaient des valeurs plus solides. Allez parler du cirque moderne aux anciens et vous verrez ! Pour eux, ce n'est pas du cirque.
Quand on sort de votre spectacle, on se demande si vous n'êtes pas un homme coupé en deux : l'homme nomade du cirque et l'homme sédentaire du théâtre...
C'est pertinent cette réflexion. J'ai commencé à vivre dans une maison à 11 ans, mais on continuait les tournées en région parisienne, souvent l'été, et parfois les week-ends, là j'étais en caravane. Aujourd'hui, je vis dans le confort d'une maison et parfois ça manque de bruits, on n'entend pas le vent ni la pluie. C'est vrai que j'ai cet instinct, ce besoin de partir à l'aventure, d'être souvent sur les routes. La vie en roulotte, le cirque, peut-être que j'y retournerai... sur mes vieux jours.
Au commencement ça a été difficile pour moi d'être responsable du jeu et du texte. Au-delà du danger qu'il y a à mettre sa vie personnelle en avant, je me posais beaucoup de questions sur ce que je voulais dire ou pas. Il me fallait trouver la justesse et la qualité dans le jeu. Au début, j'avais beaucoup trop d'aigreur, il y avait quelque chose de l'ordre du règlement de comptes. Mais peu à peu, j'ai mis au point la distance suffisante, de façon à enlever l'affect et à trouver une interprétation plus légère. J'avais un vrai amour haineux pour mon grand-père, pour le cirque et toutes ses traditions désuètes comme les panneaux en carton à coller sur les réverbères. Je rêvais de théâtre, de cinéma, d'un art avec moins de fioritures, plus subtil et plus fin. En racontant ma vie, je me suis fait un
spectacle sur mesure.
Des gens du cirque sont venus vous voir ? Comment ont-ils accueilli votre spectacle ?
Très bien. J'ai eu des Bouglione ! Les gens du cirque qui sont venus étaient des jeunes, ça les a fait marrer. Ils s'y retrouvent, ils comprennent. Les anciens, ils ne supporteraient pas. Dans ce milieu, il y a un vrai conflit de générations : ceux qui sont englués dans les vieilles coutumes et ceux qui vivent avec leur temps. On s'est sédentarisé. En quelques décennies, le progrès a tout chamboulé, comme l'arrivée de la télévision... Et beaucoup ont refusé tout cela. Je me rappelle il y a encore vingt ans, on éclairait avec des quartz cinq cents watts et les gélatines fondaient
dessus. D'un point de vue matériel et artistique, ils ont tout rejeté. Ils ne se sont pas ouverts, pensant que les traditions du cirque étaient des valeurs plus solides. Allez parler du cirque moderne aux anciens et vous verrez ! Pour eux, ce n'est pas du cirque.
Quand on sort de votre spectacle, on se demande si vous n'êtes pas un homme coupé en deux : l'homme nomade du cirque et l'homme sédentaire du théâtre...
C'est pertinent cette réflexion. J'ai commencé à vivre dans une maison à 11 ans, mais on continuait les tournées en région parisienne, souvent l'été, et parfois les week-ends, là j'étais en caravane. Aujourd'hui, je vis dans le confort d'une maison et parfois ça manque de bruits, on n'entend pas le vent ni la pluie. C'est vrai que j'ai cet instinct, ce besoin de partir à l'aventure, d'être souvent sur les routes. La vie en roulotte, le cirque, peut-être que j'y retournerai... sur mes vieux jours.
Paru le 25/05/2009
(4 notes) VINGTIÈME THÉÂTRE Du mercredi 27 mai au dimanche 14 juin 2009
SKETCHES. Élevé en caravane sur les routes de France et de Navarre, petit-fils du célèbre clown, ce romano des temps modernes a été meneur de revue au Paradis Latin, clown au Cirque de Moscou. Il s'est produit en spectacle de rues à New York et en Australie. Musicien, comédien, acrobate, jongleur, cet enfan...
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