Portrait par Samuel Ganes
Jean-Pierre Bernard
Un homme “pas encore fait”
La saison passée, on l'appelait "l'homme aux trois doublures", puisqu'il était à l'affiche simultanément du "Cid Flamenco" de Thomas Le Douarec, "La Trilogie Pagnol" avec Jacques Weber et Francis Huster, "Jules et Marcel" qu'il a mis en scène et dans lequel il jouait avec Philippe Caubère et Michel Galabru, et, enfin, "Dom Juan" qui est repris ici au Mouffetard. Rencontre avec un artiste qui ne connaît pas la crise.
Un parcours indéniablement magnifique. "Oui, plus de cinquante ans d'initiation ! Je me rappelle de Paul Fort, le prince des poètes, au cours Gérard, qui nous demanda un jour : 'Qu'est-ce qu'un homme fait ?' Réponse : 'C'est un homme qui commence à se défaire.' Un artiste n'a jamais fini cette quête initiatique, cet apprentissage, il n'est jamais "fait". J'ai contribué au Théâtre national de Paris aux côtés de Vilar et Wilson. J'ai créé avec Guy Rétoré le Théâtre de l'Est Parisien qui est devenu le Théâtre de La Colline, puis avec Roger Planchon le Théâtre de la Cité à Villeurbanne. J'ai travaillé avec Jean-Louis Barrault, Maurice Béjart, Robert Hossein ou encore Francis Huster. Ce sont des figures, de belles et grandes personnalités. Je suis heureux d'apprendre encore ce métier." Aujourd'hui encore dans Dom Juan, "qui a été créé au Théâtre du Nord Ouest, oui. C'est un 'Dom Juan' crépusculaire et mature, auquel on a retiré le côté farce, dans lequel il est dans un vrai questionnement métaphysique sur l'homme. Jouvet l'avait joué âgé, mais pas aussi vieux que moi. Le jouer à mon âge c'est un nouveau défi !".
Paru le 28/08/2009
(6 notes) THÉÂTRE MOUFFETARD Du jeudi 24 septembre au samedi 21 novembre 2009
COMÉDIE DRAMATIQUE. Créée le 15 février 1665, Dom Juan connaît un très vif succès. Mais dès la seconde représentation, Molière est obligé de corriger certains passages. Il est accusé de "tenir une école de libertinage" en mettant sur la scène un personnage qui "attaque avec audace" les dogmes de la religion. Avec Dom...
|