Interview par Alain Bugnard
Michèle Garcia
J’ai failli attendre !
Après avoir tenu le rôle de Miette en 2010 dans "La Femme du boulanger" pour la télévision au théâtre Marigny, Michèle Garcia nous offre son premier seul-en-scène à la Comédie Bastille, mis en scène par Éric Civanyan.
Qui est à l'origine de ce projet, fruit d'un long compagnonnage ?
J'avais envie d'un seul-en-scène plein de couleurs, de tournants et d'émotions. Martyne Visciano et Bruno Chapelle - les auteurs de Daddy Blues que j'avais créé à La Michodière avec Martin Lamotte et dont Éric Civanyan avait assuré la mise en scène - m'ont composé un spectacle assez varié avec tout un éventail de registres sur lesquels je peux rebondir en tant que comédienne. Je rassure tout de même les spectateurs sur un point : l'histoire de Laurence Seyniac n'est pas du tout la mienne !
Qui est donc Laurence Seyniac ?
Une femme d'une bonne quarantaine d'années ayant vécu des choses plus ou moins heureuses qu'elle raconte au cours de la pièce. Elle a donné rendez-vous Gare de Lyon à un homme qu'elle a rencontré sur Internet sans le connaître physiquement. Lorsqu'elle débarque à Paris - elle vient spécialement pour lui du sud de la France -, il n'est pas là. Elle n'en fait toutefois pas un drame comme il a vraisemblablement du retard, et fait alors des rencontres qui la laissent quelque peu désorientée : c'est une sorte de parcours initiatique sur une demi-journée. Laurence a un côté romantique avec les pieds sur terre, mais ces événements vont tout de même la bousculer dans sa sensibilité. Heureusement, elle a suffisamment d'humour pour appréhender avec recul les situations dans lesquelles elle se retrouve embarquée !
Au-delà du comique de situation, la pièce semble vouloir dénoncer l'intrusion et l'ingérence de la puissance médiatique dans nos vies et, accessoirement, sa volonté de gouverner nos esprits...
La pièce porte en effet un regard acerbe sur notre société. Elle évoque le manque de confiance en soi et la peur de l'autre qui poussent certains à rechercher l'amour sur Internet. Démarche qui est aussi le signe d'une recherche de l'amour à tout prix par crainte de la solitude, comme si vivre seul était une maladie. Les médias sont suffisamment vicieux pour nous assommer de statistiques sur les gens qui vivent seuls, comme s'il s'agissait d'un drame, alors que la société qu'ils promeuvent fait tout pour favoriser leur isolement... et que certains ont aussi fait le choix d'être seuls (gérer sa solitude n'étant pas forcément plus difficile à gérer qu'une autre personnalité !). La pièce met donc en exergue la cruauté, l'immoralité de la télévision et le modèle consumériste jusqu'au-boutiste qu'elle prône : on met quelqu'un en lumière, on le monte en épingle, puis on le jette à la première occasion. Et cette conception des relations humaines ne se limite pas à la sphère Internet : la culture Kleenex contamine désormais tous les secteurs de la vie sociale...
J'avais envie d'un seul-en-scène plein de couleurs, de tournants et d'émotions. Martyne Visciano et Bruno Chapelle - les auteurs de Daddy Blues que j'avais créé à La Michodière avec Martin Lamotte et dont Éric Civanyan avait assuré la mise en scène - m'ont composé un spectacle assez varié avec tout un éventail de registres sur lesquels je peux rebondir en tant que comédienne. Je rassure tout de même les spectateurs sur un point : l'histoire de Laurence Seyniac n'est pas du tout la mienne !
Qui est donc Laurence Seyniac ?
Une femme d'une bonne quarantaine d'années ayant vécu des choses plus ou moins heureuses qu'elle raconte au cours de la pièce. Elle a donné rendez-vous Gare de Lyon à un homme qu'elle a rencontré sur Internet sans le connaître physiquement. Lorsqu'elle débarque à Paris - elle vient spécialement pour lui du sud de la France -, il n'est pas là. Elle n'en fait toutefois pas un drame comme il a vraisemblablement du retard, et fait alors des rencontres qui la laissent quelque peu désorientée : c'est une sorte de parcours initiatique sur une demi-journée. Laurence a un côté romantique avec les pieds sur terre, mais ces événements vont tout de même la bousculer dans sa sensibilité. Heureusement, elle a suffisamment d'humour pour appréhender avec recul les situations dans lesquelles elle se retrouve embarquée !
Au-delà du comique de situation, la pièce semble vouloir dénoncer l'intrusion et l'ingérence de la puissance médiatique dans nos vies et, accessoirement, sa volonté de gouverner nos esprits...
La pièce porte en effet un regard acerbe sur notre société. Elle évoque le manque de confiance en soi et la peur de l'autre qui poussent certains à rechercher l'amour sur Internet. Démarche qui est aussi le signe d'une recherche de l'amour à tout prix par crainte de la solitude, comme si vivre seul était une maladie. Les médias sont suffisamment vicieux pour nous assommer de statistiques sur les gens qui vivent seuls, comme s'il s'agissait d'un drame, alors que la société qu'ils promeuvent fait tout pour favoriser leur isolement... et que certains ont aussi fait le choix d'être seuls (gérer sa solitude n'étant pas forcément plus difficile à gérer qu'une autre personnalité !). La pièce met donc en exergue la cruauté, l'immoralité de la télévision et le modèle consumériste jusqu'au-boutiste qu'elle prône : on met quelqu'un en lumière, on le monte en épingle, puis on le jette à la première occasion. Et cette conception des relations humaines ne se limite pas à la sphère Internet : la culture Kleenex contamine désormais tous les secteurs de la vie sociale...
Paru le 19/03/2011
(8 notes) THÉÂTRE DE LA COMÉDIE BASTILLE Du jeudi 27 janvier au dimanche 3 avril 2011
COMÉDIE. Très drôle… bien sûr, émouvante… juste ce qu’il faut, cette femme en quête du grand amour qui va passer la pire journée de son existence, nous offre des moments de vie inoubliables. Comme toujours, les personnages qui nous touchent le plus sont ceux auxquels on peut s’identifier, ceux qui font rés...
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