Interview par Alain Bugnard
Tristan Petitgirard
Signé Dumas
Quinze ans après sa création au Marigny, le duel opposant Alexandre Dumas à son "nègre" Auguste Maquet reprend vie au La Bruyère avec Xavier Lemaire et Davy Sardou, sur une mise en scène de Tristan Petitgirard.
Pour quelles raisons avez-vous choisi de remonter cette pièce de Cyril Gély et Éric Rouquette ?
Elle me plaît énormément car elle mêle l'intime à la grande Histoire en abordant des sentiments universels (comme le besoin de s'affirmer ou de se mentir à soi-même) et met en confrontation un travailleur de l'ombre et un génie au travers de quelques-unes des pages les plus célèbres de la littérature française. Dumas et Maquet ont inventé le roman-feuilleton. Ils écrivaient à quatre mains, ce qui était fréquent à l'époque. Mais la notoriété de Dumas était telle qu'apposer Maquet à son nom aurait fait chuter leurs ventes. Dumas voulait par ailleurs se garder le crédit de l'œuvre. Il a toutefois reconnu devant la Société des gens de lettres qu'un grand nombre de ses œuvres avaient été écrites avec Maquet. Au-delà de sa dimension historique et littéraire, cette pièce est une excellente joute verbale pour deux comédiens et je pense avoir réuni une distribution formidable : Xavier Lemaire et Davy Sardou forment un couple détonant ! Xavier incarne la générosité, l'appétit de vivre de Dumas et sa capacité à s'enthousiasmer. J'ai fait ressortir son âme d'enfant qui contraste avec ses 1m92 et 110 kilos, et qui peut disparaître dès qu'il entre dans la violence et l'autorité. Cette rondeur, cette faconde s'oppose à la droiture, la précision au couteau de Davy Sardou qui incarne la révolte d'un opprimé. C'est le papillon qui sort de sa chrysalide. Comme quelqu'un qui ne se bat jamais, il peut devenir très dangereux, emporté par son élan! Les ressorts comiques de ce couple sont très forts, une sorte d'Auguste et de Clown blanc !
À quel moment de leur vie surprenons-nous Dumas et Maquet ?
La pièce commence au début de la Révolution de 1848. Elle leur est annoncée par Thomas Sagols, le troisième rôle dont j'ai voulu faire un petit Gavroche. Dumas prend parti pour la Régence tandis que Maquet est persuadé que les républicains vont prendre le pouvoir. Cette différence de points de vue, préjudiciable à leurs intérêts, va faire exploser leur relation. C'est presque une crise de couple ! Dumas est à l'apogée de sa carrière mais sa chute est proche. Il vit dans son château de Monte-Cristo, à Port-Marly, qu'il vient de faire construire. Toute l'action de la pièce se déroule dans le mini château d'If qu'il a fait construire dans le jardin et dont il a fait son cabinet de travail. Je me suis inspiré du goût de Dumas pour le néogothique, de ses voyages. Mon intention est de replonger les gens dans cette époque, tant au niveau des costumes que des décors. Un bureau, meuble central, est le lieu d'affrontements et la ligne de démarcation entre l'univers fantaisiste de Dumas et celui plus sérieux de Maquet.
Elle me plaît énormément car elle mêle l'intime à la grande Histoire en abordant des sentiments universels (comme le besoin de s'affirmer ou de se mentir à soi-même) et met en confrontation un travailleur de l'ombre et un génie au travers de quelques-unes des pages les plus célèbres de la littérature française. Dumas et Maquet ont inventé le roman-feuilleton. Ils écrivaient à quatre mains, ce qui était fréquent à l'époque. Mais la notoriété de Dumas était telle qu'apposer Maquet à son nom aurait fait chuter leurs ventes. Dumas voulait par ailleurs se garder le crédit de l'œuvre. Il a toutefois reconnu devant la Société des gens de lettres qu'un grand nombre de ses œuvres avaient été écrites avec Maquet. Au-delà de sa dimension historique et littéraire, cette pièce est une excellente joute verbale pour deux comédiens et je pense avoir réuni une distribution formidable : Xavier Lemaire et Davy Sardou forment un couple détonant ! Xavier incarne la générosité, l'appétit de vivre de Dumas et sa capacité à s'enthousiasmer. J'ai fait ressortir son âme d'enfant qui contraste avec ses 1m92 et 110 kilos, et qui peut disparaître dès qu'il entre dans la violence et l'autorité. Cette rondeur, cette faconde s'oppose à la droiture, la précision au couteau de Davy Sardou qui incarne la révolte d'un opprimé. C'est le papillon qui sort de sa chrysalide. Comme quelqu'un qui ne se bat jamais, il peut devenir très dangereux, emporté par son élan! Les ressorts comiques de ce couple sont très forts, une sorte d'Auguste et de Clown blanc !
À quel moment de leur vie surprenons-nous Dumas et Maquet ?
La pièce commence au début de la Révolution de 1848. Elle leur est annoncée par Thomas Sagols, le troisième rôle dont j'ai voulu faire un petit Gavroche. Dumas prend parti pour la Régence tandis que Maquet est persuadé que les républicains vont prendre le pouvoir. Cette différence de points de vue, préjudiciable à leurs intérêts, va faire exploser leur relation. C'est presque une crise de couple ! Dumas est à l'apogée de sa carrière mais sa chute est proche. Il vit dans son château de Monte-Cristo, à Port-Marly, qu'il vient de faire construire. Toute l'action de la pièce se déroule dans le mini château d'If qu'il a fait construire dans le jardin et dont il a fait son cabinet de travail. Je me suis inspiré du goût de Dumas pour le néogothique, de ses voyages. Mon intention est de replonger les gens dans cette époque, tant au niveau des costumes que des décors. Un bureau, meuble central, est le lieu d'affrontements et la ligne de démarcation entre l'univers fantaisiste de Dumas et celui plus sérieux de Maquet.
Paru le 14/10/2018
(74 notes) THÉÂTRE ACTUEL / LA BRUYÈRE Du mercredi 12 septembre au samedi 15 décembre 2018
COMÉDIE. En 1848, Alexandre Dumas est à son apogée. Il travaille avec son fidèle collaborateur, Auguste Maquet, et forment ensemble le recto et le verso des pages qui passionnent les lecteurs du monde entier... Pourtant, quand éclate une querelle entre les deux hommes, une question cruciale se pose : quell...
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