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D.R.
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Jean-Claude Drouot

La rentrée théâtrale de septembre verra, au Petit Marigny, l'aboutissement d'un projet ambitieux interprété et mis en scène par Jean-Claude Drouot qui nous offrira une soirée en compagnie d'Orson Welles.
Rencontrer le comédien plus de trois mois avant qu'il n'investisse le plateau revient à remiser toutes questions brutales appelant des réponses trop précises. Il est trop tôt. Jean-Claude Drouot est tout simplement en train "d'ensemencer en espérant que cela va germer". On le suit donc volontiers dans les méandres de ses questionnements, de ses recherches. La période est entièrement vouée dit-il à "laisser le personnage s'immiscer en moi par capillarité, car il ne s'agit pas de tout savoir, d'avoir tout vu et d'être ensuite complètement infirme sur le plateau". Entre présent et souvenirs, ce grand acteur discret, sincère et rigoureux, installé aujourd'hui avec Orson Welles "au cœur des bonnes raisons qui lui ont fait choisir ce métier", travaille et réfléchit en cultivant son jardin. Loin derrière lui l'inoubliable Thierry La Fronde qui a bien failli le maintenir au purgatoire et avec lequel il vit désormais en paix. "Maintenant je me dis que si Thierry a été tellement apprécié c'est parce que j'ai été d'une
sincérité totale avec lui, que j'ai livré à travers ce personnage des choses profondes et définitives de moi-même. Aujourd'hui je me sens... oui, je me sens enfin libéré."

Prisonnier d'une image, Jean-Claude Drouot a pris durant le temps nécessaire ses distances avec le cinéma et la télévision pour retrouver ses premières amours qu'est le théâtre. Il joue et met en scène, prend la direction du Centre dramatique national de Reims durant quatre ans, puis celle du Théâtre national de Belgique, avant de devenir membre de la Comédie-Française. Devant la caméra ou sur les planches, il prend plaisir à interpréter des personnages historiques, "J'aime travailler sur une matière vraie dont on peut se nourrir, sur laquelle on a des informations, une matière qui ne soit pas essentiellement de la fiction." La pièce de l'Américain Richard France consacrée au dernier espoir déçu d'Orson Welles - dont Steven Spielberg est la cause -, est de ce point de vue un véritable cadeau autour duquel il tourne avec toute la sensibilité qui est sienne. Elle est entièrement fondée sur la réalité. "Elle se déroule dans un studio où le vieil homme enregistre pour vivre des spots publicitaires. Tout en revivant certains épisodes de son passé il s'accroche à son rêve sur le point, croit-il, de devenir réalité. Moi, la vulnérabilité, la crédulité, la dignité de ce géant séduisant et prodigieusement intelligent, ça me troue le cœur !" Penser que Jean-Claude Drouot pourrait jouer de sa propre stature pour incarner, imiter Welles, serait une hérésie. "Je suis complètement à son service, je suis sa membrane, je vais faire en sorte que l'on entende l'âme du maître dans sa tonalité la plus intime. Cela ne passe pas par un exercice d'imitation ou d'identification. Je m'empare de lui comme il s'empare de moi, et il ne pourra sonner dans sa vérité que si j'engage la mienne. Je ne vais pas essayer de lui ressembler, mais de le comprendre, afin de le raconter. C'est l'exercice le plus difficile qui soit, mais aussi le plus passionnant !"
Paru le 20/09/2006
VOTRE SERVITEUR, ORSON WELLES
THÉÂTRE MARIGNY
Du mercredi 6 septembre au dimanche 19 novembre 2006

COMÉDIE. Dans sa dernière année, il a 70 ans, Orson Welles comme toujours a besoin d'argent. Il rêve de terminer son film "Don Quichotte" dont il a déjà tourné, au fil de deux décennies, quelques séquences. Il a donc accepté de prêter son incomparable voix à une publicité radiophonique commanditée par des ...

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