Dossier par Jeanne Hoffstetter
Tchekhov a dit adieu à Tolstoï
Lorsque les Tolstoï invitent les Tchekhov, les choses ne se déroulent pas exactement comme prévu. L'imagination de Miro Gavran monte autour de cette rencontre une intrigue passionnante.
Marie-France Lahore met en scène
"Qui d'autre que ces deux fabuleux acteurs que sont Marie-France Santon et Jean-Claude Drouot pouvaient incarner ce couple ? Ils se sont d'emblée imposés comme une évidence à mon esprit." La dame est volubile, gaie, on l'écoute avec plaisir dérouler en riant le fil de sa vie d'artiste : la danse, le piano et le chant (qu'elle enseigne encore), la mise en scène... "J'ai touché à ces disciplines en professionnelle, je pense que cela ouvre l'horizon. Mais inutile d'étaler tout ça, parlez plutôt de la pièce !" Il est vrai que ce projet doit son existence à l'acharnement de son metteur en scène. Les directeurs de théâtre se montrent frileux : n'est-il pas culotté de s'emparer de deux monstres sacrés de la littérature pour laisser libre cours à son imagination, fût-elle sous contrôle d'une intelligence savamment nourrie d'éléments biographiques historiques ? Qu'importe, elle se bat, simplement aidée de quelques amis, de Jean-Claude Drouot et Marie-France Santon, qui estiment "ne pouvoir passer à côté de tels rôles". Convaincus qu'ils finiront par gagner, ils lisent, répètent, proposent ; Régis Santon estime, lui : "Qu'il ne peut passer à côté d'une telle pièce !" Marie-France Lahore porte un intérêt tout particulier au théâtre contemporain toujours en quête de l'auteur, de la pièce qu'elle estime devoir porter à la connaissance du public. C'est rare et de ça qu'il faut la remercier.
"Je tenais à faire découvrir aux Français cet auteur méconnu chez nous, bien que traduit en 17 langues et joué aux États-Unis"
Lorsque Régis de Closets lui apporte ce manuscrit, c'est un coup de foudre. L'auteur, Croate totalement méconnu en France, est pourtant publié en 17 langues et joué régulièrement aux États-Unis, "Je l'ai rencontré en 2004 à Bratislava où je montais la pièce avec des bouts de ficelles et de jeunes comédiens, dans le cadre d'un festival. Son œuvre est très intéressante et j'étais déterminée à la faire découvrir chez nous. J'ai obtenu les droits pour deux ans, cherché un agent littéraire pour le représenter en France, fait retraduire le texte. J'ai fait un travail énorme car j'aime aller au bout du chemin, mais sachez-le, je n'ai reçu aucune aide ! C'est terrible la France, on parle d'elle comme d'une terre d'accueil, Miro Gavran est un auteur reconnu, il a son théâtre, son festival, des prix ici et là, il me semble important de le faire découvrir au public Français, mais vous voyez, personne ne fait rien ici ! Parfois je suis écœurée". Elle raconte, parle de ses galères, l'histoire est longue et passionnante et l'on meurt d'envie de découvrir la pièce. Elle ne cache pas non plus ce brin d'inquiétude parfaitement légitime... "Sait-on pourquoi ça marche un spectacle ? J'en ai vu de très beaux qui ne fonctionnaient pas et de très moyens qui... Ça tient à quoi ? Nul ne le sait." Que dire d'autre ? "Venez voir deux grands acteurs et de jeunes talents ! Soyez curieux d'un nouvel auteur, venez sourire et jouir d'un spectacle... très fort ! C'est une comédie sarcastique." Manipulation, séduction, pouvoir... l'éternelle comédie des rapports humains dans laquelle le jeune Tchekhov est interprété par Vincent Primault et Mihaïlo, le serviteur des Tolstoï, par Thomas Dewynter.
Camille Cottin
est Olga Tchekhov
Aux anges ! Ravie de se retrouver chez Régis Santon avec lequel elle a travaillé plusieurs fois, enchantée de faire partie de l'aventure, cette jeune personne n'a pas les deux pieds dans le même soulier. Elle étudie en Angleterre et aux États-Unis, revient, joue sans temps mort, écrit avec une amie Le Lifting de Mme Bénichou, qu'elle interprète également, un spectacle dans lequel elles investissent leurs économies et qui recueille actuellement un joli succès à la Comédia République. Des envies plein la tête et le cœur, elle ne sait trop comment parler de son rôle. Elle le découvre au fil des répétitions, tourne autour, s'interroge... "Il est très difficile de parler d'un personnage avant d'avoir abouti le travail. Olga est une jeune comédienne assez extravertie et très amoureuse de son mari dont elle admire profondément le travail. Pourtant, elle va accepter la proposition de Mme Tolstoï, d'écrire avec elle en cachette en explorant à son insu, le manuscrit de Tchekhov, pour de l'argent. Je porte un regard peut-être naïf et juvénile en pensant que si elle l'aime elle ne peut pas faire ça ! Il faut travailler dans les nuances, c'est un personnage très intéressant à creuser. Peu à peu le malaise s'installe et la dernière scène fera éclater les choses. J'espère que les spectateurs y croiront au point d'être avec nous dans la maison des Tolstoï au fin fond de la Russie, alors que dix minutes plus tôt ils étaient Porte de Vanves !"
"Qui d'autre que ces deux fabuleux acteurs que sont Marie-France Santon et Jean-Claude Drouot pouvaient incarner ce couple ? Ils se sont d'emblée imposés comme une évidence à mon esprit." La dame est volubile, gaie, on l'écoute avec plaisir dérouler en riant le fil de sa vie d'artiste : la danse, le piano et le chant (qu'elle enseigne encore), la mise en scène... "J'ai touché à ces disciplines en professionnelle, je pense que cela ouvre l'horizon. Mais inutile d'étaler tout ça, parlez plutôt de la pièce !" Il est vrai que ce projet doit son existence à l'acharnement de son metteur en scène. Les directeurs de théâtre se montrent frileux : n'est-il pas culotté de s'emparer de deux monstres sacrés de la littérature pour laisser libre cours à son imagination, fût-elle sous contrôle d'une intelligence savamment nourrie d'éléments biographiques historiques ? Qu'importe, elle se bat, simplement aidée de quelques amis, de Jean-Claude Drouot et Marie-France Santon, qui estiment "ne pouvoir passer à côté de tels rôles". Convaincus qu'ils finiront par gagner, ils lisent, répètent, proposent ; Régis Santon estime, lui : "Qu'il ne peut passer à côté d'une telle pièce !" Marie-France Lahore porte un intérêt tout particulier au théâtre contemporain toujours en quête de l'auteur, de la pièce qu'elle estime devoir porter à la connaissance du public. C'est rare et de ça qu'il faut la remercier.
"Je tenais à faire découvrir aux Français cet auteur méconnu chez nous, bien que traduit en 17 langues et joué aux États-Unis"
Lorsque Régis de Closets lui apporte ce manuscrit, c'est un coup de foudre. L'auteur, Croate totalement méconnu en France, est pourtant publié en 17 langues et joué régulièrement aux États-Unis, "Je l'ai rencontré en 2004 à Bratislava où je montais la pièce avec des bouts de ficelles et de jeunes comédiens, dans le cadre d'un festival. Son œuvre est très intéressante et j'étais déterminée à la faire découvrir chez nous. J'ai obtenu les droits pour deux ans, cherché un agent littéraire pour le représenter en France, fait retraduire le texte. J'ai fait un travail énorme car j'aime aller au bout du chemin, mais sachez-le, je n'ai reçu aucune aide ! C'est terrible la France, on parle d'elle comme d'une terre d'accueil, Miro Gavran est un auteur reconnu, il a son théâtre, son festival, des prix ici et là, il me semble important de le faire découvrir au public Français, mais vous voyez, personne ne fait rien ici ! Parfois je suis écœurée". Elle raconte, parle de ses galères, l'histoire est longue et passionnante et l'on meurt d'envie de découvrir la pièce. Elle ne cache pas non plus ce brin d'inquiétude parfaitement légitime... "Sait-on pourquoi ça marche un spectacle ? J'en ai vu de très beaux qui ne fonctionnaient pas et de très moyens qui... Ça tient à quoi ? Nul ne le sait." Que dire d'autre ? "Venez voir deux grands acteurs et de jeunes talents ! Soyez curieux d'un nouvel auteur, venez sourire et jouir d'un spectacle... très fort ! C'est une comédie sarcastique." Manipulation, séduction, pouvoir... l'éternelle comédie des rapports humains dans laquelle le jeune Tchekhov est interprété par Vincent Primault et Mihaïlo, le serviteur des Tolstoï, par Thomas Dewynter.
Camille Cottin
est Olga Tchekhov
Aux anges ! Ravie de se retrouver chez Régis Santon avec lequel elle a travaillé plusieurs fois, enchantée de faire partie de l'aventure, cette jeune personne n'a pas les deux pieds dans le même soulier. Elle étudie en Angleterre et aux États-Unis, revient, joue sans temps mort, écrit avec une amie Le Lifting de Mme Bénichou, qu'elle interprète également, un spectacle dans lequel elles investissent leurs économies et qui recueille actuellement un joli succès à la Comédia République. Des envies plein la tête et le cœur, elle ne sait trop comment parler de son rôle. Elle le découvre au fil des répétitions, tourne autour, s'interroge... "Il est très difficile de parler d'un personnage avant d'avoir abouti le travail. Olga est une jeune comédienne assez extravertie et très amoureuse de son mari dont elle admire profondément le travail. Pourtant, elle va accepter la proposition de Mme Tolstoï, d'écrire avec elle en cachette en explorant à son insu, le manuscrit de Tchekhov, pour de l'argent. Je porte un regard peut-être naïf et juvénile en pensant que si elle l'aime elle ne peut pas faire ça ! Il faut travailler dans les nuances, c'est un personnage très intéressant à creuser. Peu à peu le malaise s'installe et la dernière scène fera éclater les choses. J'espère que les spectateurs y croiront au point d'être avec nous dans la maison des Tolstoï au fin fond de la Russie, alors que dix minutes plus tôt ils étaient Porte de Vanves !"
Paru le 13/03/2007
(5 notes) MONFORT THÉÂTRE Du mercredi 7 mars au dimanche 29 avril 2007
COMÉDIE DRAMATIQUE. 1890, Tolstoï le plus grand écrivain russe, a déjà l’essentiel de son œuvre derrière lui. Il vit replié dans son domaine d’Isnaïa Poliana, en compagnie de sa femme, Sofia. En ce début d’été, le couple convie Tchekhov, jeune écrivain à la mode avec sa femme Olga. Très vite, Tolstoï propose à son co...
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