Interview par Jeanne Hoffstetter
Corinne Cousin et Roland Romanelli
Créées en 2004 au Théâtre de Nesle, "Les Années Saint-Germain" avaient enthousiasmé critiques et public. Les revoici trois ans après au théâtre de Dix Heures. Rencontre très gaie avec les deux initiateurs de ce spectacle : Corinne Cousin et Roland Romanelli. Elle a le regard qui pétille et dévore la vie, lui prévient : "Vous savez, je ne parle pas beaucoup"... C'est du moins ce qu'il disait !
Les Frères Jacques, Prévert, Vian, Ferré, Mouloudji, Queneau, Béart... Un spectacle en chansons "Rive gauche", réservé à un public particulier ?
Corinne Cousin : Pas du tout ! Beaucoup de jeunes viennent découvrir une époque, une ambiance, des chansons à la fois culturelles et populaires qu'ils n'ont pas connues...
Roland Romanelli : Depuis trois ans, je m'aperçois que ce spectacle touche tout le monde. Corinne "parle" si bien de ces années-là, s'investit si totalement qu'elle entraîne tout le monde.
Qu'est-ce que le Saint-Germain-des-Prés des années cinquante ?
R. R. : Un esprit, un style. C'était le fief des intellectuels, il y régnait un état d'esprit musical particulier qui reflétait l'atmosphère de ces cabarets où écrivains, auteurs, chanteurs, compositeurs se retrouvaient la nuit pour discuter et s'amuser jusqu'à l'aube. C'était un état d'esprit qui n'existait nulle part ailleurs, ni à Pigalle, ni à Montmartre. Tout ça est mort, c'est dommage...
C. C. : Ma jeunesse ! Le Tabou... J'y ai dansé en barboteuse ! J'ai passé ma première nuit blanche à Saint-Germain-des-Prés pour mes 18 ans et, dans les années soixante, je chantais dans ces lieux mythiques de la rive gauche.
De là l'idée de faire revivre cette époque et ces lieux ?
C. C. : L'idée m'en est venue lorsque je jouais Du côté de chez Freud au Théâtre de Nesle, à Saint-Germain-des-Prés. Ayant une formation de comédienne, de chanteuse et de mime, je me suis dit que je pouvais aussi bien chanter les Frères Jacques ou du swing de Boris Vian, que dire du Prévert. Et voilà !
Vous, Roland Romanelli, êtes tombé dès votre enfance dans le bain de la musique...
Mon père était musicien et chef d'orchestre. Ma mère dit qu'à 3 ans je reproduisais déjà sur le clavier les airs que j'entendais à la radio ! Adolescent j'étais plutôt attiré par le jazz et la variété, alors que mon père m'imaginait concertiste en queue-de-pie, ce qui m'a valu une interdiction de piano ! Je suis donc passé à l'accordéon avant de me remettre au piano, mais j'aurais adoré jouer du violoncelle. Je suis arrivé à Paris en 1966, à 20 ans, et là, après huit mois de vache maigre j'ai eu la chance de rencontrer Colette Renard, Mouloudji, puis le hasard a fait que j'accompagne Barbara. C'est elle qui m'a imposé et l'histoire a duré vingt ans. Parallèlement, j'ai accompagné Michel Polnareff, Marie-Paule Belle, Céline Dion, Serge Lama, Jean-Jacques Goldman et d'autres.
Vos talents sont divers Corinne Cousin. Vous êtes donc "cette chanteuse qui a mal tourné" ?
Oui ! J'ai fait l'Actor's Studio, travaillé avec Andréas Voutsinas et Jean-Laurent Cochet, j'ai joué Ionesco, Jean-Cocteau, Simone de Beauvoir... Mais, au départ, j'étais chanteuse, auteur et compositeur. J'ai même écrit une pièce Carmen Paradise, qui a eu le prix France-Culture !
Comment s'est passée votre première rencontre ?
C. C. : Je suis allée voir Roland qui faisait un spectacle sur Barbara en me disant qu'un grand musicien comme lui n'accepterait jamais. J'espérais qu'il parraine le spectacle et fasse les orchestrations. Peut-être a-il été séduit par la passion que je dégageais ? Par ma voix ? Toujours est-il qu'il m'a présenté Raoul Duflot, un pianiste formidable, qu'il assure la direction artistique et qu'il m'accompagne à l'accordéon ! Dominique Conte fait la mise en espace, c'est une équipe formidable !
R. R. : Elle m'attendait à l'entrée des artistes avec son projet ! J'ai d'abord été très étonné par ce personnage, puis j'ai vu qu'elle avait pris Jacques Rouveyrollis pour les lumières, il avait accepté, c'était bon signe. Nous avons alors travaillé ensemble, c'est une bosseuse qui ne laisse rien au hasard et je me suis dit qu'elle méritait d'être servie. J'en suis ravi, je l'adore et je pense que je ne pourrais plus me séparer de ce spectacle !
Vous ne jouez que le lundi ?
C. C. : Oui parce que mes stars de musiciens sont très prises. Mais ils reviennent pour moi tous les lundis !
Corinne Cousin : Pas du tout ! Beaucoup de jeunes viennent découvrir une époque, une ambiance, des chansons à la fois culturelles et populaires qu'ils n'ont pas connues...
Roland Romanelli : Depuis trois ans, je m'aperçois que ce spectacle touche tout le monde. Corinne "parle" si bien de ces années-là, s'investit si totalement qu'elle entraîne tout le monde.
Qu'est-ce que le Saint-Germain-des-Prés des années cinquante ?
R. R. : Un esprit, un style. C'était le fief des intellectuels, il y régnait un état d'esprit musical particulier qui reflétait l'atmosphère de ces cabarets où écrivains, auteurs, chanteurs, compositeurs se retrouvaient la nuit pour discuter et s'amuser jusqu'à l'aube. C'était un état d'esprit qui n'existait nulle part ailleurs, ni à Pigalle, ni à Montmartre. Tout ça est mort, c'est dommage...
C. C. : Ma jeunesse ! Le Tabou... J'y ai dansé en barboteuse ! J'ai passé ma première nuit blanche à Saint-Germain-des-Prés pour mes 18 ans et, dans les années soixante, je chantais dans ces lieux mythiques de la rive gauche.
De là l'idée de faire revivre cette époque et ces lieux ?
C. C. : L'idée m'en est venue lorsque je jouais Du côté de chez Freud au Théâtre de Nesle, à Saint-Germain-des-Prés. Ayant une formation de comédienne, de chanteuse et de mime, je me suis dit que je pouvais aussi bien chanter les Frères Jacques ou du swing de Boris Vian, que dire du Prévert. Et voilà !
Vous, Roland Romanelli, êtes tombé dès votre enfance dans le bain de la musique...
Mon père était musicien et chef d'orchestre. Ma mère dit qu'à 3 ans je reproduisais déjà sur le clavier les airs que j'entendais à la radio ! Adolescent j'étais plutôt attiré par le jazz et la variété, alors que mon père m'imaginait concertiste en queue-de-pie, ce qui m'a valu une interdiction de piano ! Je suis donc passé à l'accordéon avant de me remettre au piano, mais j'aurais adoré jouer du violoncelle. Je suis arrivé à Paris en 1966, à 20 ans, et là, après huit mois de vache maigre j'ai eu la chance de rencontrer Colette Renard, Mouloudji, puis le hasard a fait que j'accompagne Barbara. C'est elle qui m'a imposé et l'histoire a duré vingt ans. Parallèlement, j'ai accompagné Michel Polnareff, Marie-Paule Belle, Céline Dion, Serge Lama, Jean-Jacques Goldman et d'autres.
Vos talents sont divers Corinne Cousin. Vous êtes donc "cette chanteuse qui a mal tourné" ?
Oui ! J'ai fait l'Actor's Studio, travaillé avec Andréas Voutsinas et Jean-Laurent Cochet, j'ai joué Ionesco, Jean-Cocteau, Simone de Beauvoir... Mais, au départ, j'étais chanteuse, auteur et compositeur. J'ai même écrit une pièce Carmen Paradise, qui a eu le prix France-Culture !
Comment s'est passée votre première rencontre ?
C. C. : Je suis allée voir Roland qui faisait un spectacle sur Barbara en me disant qu'un grand musicien comme lui n'accepterait jamais. J'espérais qu'il parraine le spectacle et fasse les orchestrations. Peut-être a-il été séduit par la passion que je dégageais ? Par ma voix ? Toujours est-il qu'il m'a présenté Raoul Duflot, un pianiste formidable, qu'il assure la direction artistique et qu'il m'accompagne à l'accordéon ! Dominique Conte fait la mise en espace, c'est une équipe formidable !
R. R. : Elle m'attendait à l'entrée des artistes avec son projet ! J'ai d'abord été très étonné par ce personnage, puis j'ai vu qu'elle avait pris Jacques Rouveyrollis pour les lumières, il avait accepté, c'était bon signe. Nous avons alors travaillé ensemble, c'est une bosseuse qui ne laisse rien au hasard et je me suis dit qu'elle méritait d'être servie. J'en suis ravi, je l'adore et je pense que je ne pourrais plus me séparer de ce spectacle !
Vous ne jouez que le lundi ?
C. C. : Oui parce que mes stars de musiciens sont très prises. Mais ils reviennent pour moi tous les lundis !
Paru le 20/06/2007
(1 notes) THÉÂTRE DE DIX HEURES Du lundi 2 octobre 2006 au lundi 17 décembre 2007
CHANSONS. Saint-Germain, c'est une âme, un village, des traces indélébiles dans les couloirs de nos méninges. On n'y respire pas comme ailleurs, le café n'y a pas le même goût. Y traînent les présences fascinantes de Prévert, Queneau, Vian, Barbara, Gréco...
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