Interview par Philippe Escalier
Jean Pierre Marielle
Il est de retour mi-septembre 2007 au théâtre de l'Œuvre avec "Les Mots et la Chose". Face à une jeune comédienne chargée de synchroniser des films érotiques incarnée par Agathe Natanson, Jean-Pierre Marielle est le professeur venu apporter des cours de vocabulaire sur ce qui, de près ou de loin concerne "la chose" ! Rencontre avec un immense comédien, qui, entre autres confidences, nous dit son bonheur de jouer, en compagnie de sa femme, le texte truculent de Jean-Claude Carrière.
Comment êtes-vous arrivé sur ce spectacle ?
J'ai beaucoup travaillé avec Jean-Claude Carrière et j'ai déjà joué Les Mots et la Chose face à Carole Bouquet avant de le reprendre avec Agathe Natanson. Mais c'est la première fois que je fais ce genre de spectacle où il faut s'effacer derrière les mots pour faire passer l'humour, la grâce et le charme que Jean-Claude Carrière, a mis dans ce texte.
C'est un plaisir de retrouver le théâtre de l'Œuvre ?
Tous les soirs quand j'arrive dans le foyer où nous sommes, je lance : "Bonsoir monsieur Anouilh !" Durant deux ans, j'y ai joué sa pièce Les Poissons rouges avec Michel Galabru. C'est un endroit qu'Anouilh adorait. Du reste, je le vois, il est toujours là !
Le cinéma vous a-t-il empêché de faire du théâtre autant que vous le vouliez ?
Non, pas du tout. D'ailleurs, je n'ai jamais tourné film sur film, contrairement à certains petits camarades comme, par exemple, Jean-Paul Belmondo, mais qui est revenu sur la scène parce que c'est notre formation. Le Conservatoire dont nous sommes issus a toujours été une formidable pépinière d'acteurs.
Vous avez eu la chance d'avoir des rôles très différents !
Oui, j'ai eu un type d'emploi comme on les appelle mais j'en suis sorti notamment grâce à l'énorme succès que furent Les Galettes de Pont-Aven. Ensuite j'ai fait des films avec des personnages qui ne se ressemblaient pas, et tant mieux, car c'est la diversité qui m'intéresse dans ce métier.
Dans le lot, y a-t-il eu un personnage qui vous ressemblait ?
Vous savez, j'ai un peu de mal à parler de moi parce que je ne sais pas trop à quoi je ressemble. Jouer c'est ma vie et j'ai commencé au lycée poussé par mon prof de lettres qui m'a dit un jour : "Si j'étais vous, je me présenterais au Conservatoire." Ce que j'ai fait et quand j'en suis sorti, j'ai tout de suite commencé à travailler, ce qui a fait dire à mon père que ce métier était vraiment d'une facilité incroyable (rires). Quelque part, il avait raison, parce que pour moi, les choses se sont passées simplement. Je dirais qu'elles se sont faites à mon insu, je n'ai jamais sollicité, je n'ai jamais passé d'audition, j'ai tourné très jeune, des petits rôles (j'ai eu beaucoup de seconds rôles) et puis cela s'est fait, de façon relativement facile, c'est de la chance cela !
Toutefois, la reconnaissance est venue au bout d'un certain temps...
Oui, la notoriété est venue petit à petit. Pour moi, devenir connu n'était ni un but ni une obsession, ce qui importait, c'était de jouer la comédie, d'exercer mon art mineur. Les Poissons rouges ont été un virage important, le spectacle qui m'a fait connaître du public et m'a poussé vers la télévision. C'était l'époque glorieuse de Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi, et bien d'autres.
Pour vous, quel a été votre film le plus marquant ?
C'est peut-être à vous de me le dire... qu'en pensez-vous ? Je dirais Tous les matins du monde ?
Certainement, Tous les matins du monde m'ont porté à un niveau que je n'avais jamais atteint, avec une répercussion exceptionnelle sur le public. C'est un film difficile, ambitieux et il a été capital pour moi, comme pour Alain Corneau ou Anne Brochet.
Travailler avec sa femme, on dit parfois que c'est chose difficile.
Oh, alors là, pas du tout et pas pour moi ! C'est un plaisir immense d'être en scène avec Agathe Natanson. Et puis quand on joue, on n'y pense pas, on est absorbé par le rôle. Cela n'interfère pas. Par contre, on peut en parler : faire le même métier, c'est très agréable.
Entre vous deux, le metteur en scène a eu l'idée de glisser un jeune musicien...
Oh oui, un jeune homme formidable ! Pierre-François Dufour fait partie du Grand Orchestre de Bordeaux où il est violoncelle solo. Et, le soir, lorsqu'il n'est pas avec nous, pour son plaisir, il devient batteur de jazz. Il a une grande présence en scène et apporte beaucoup au spectacle.
Sur le plan personnel, vous êtes amateur de musique ?
Beaucoup. Je suis un grand fan de jazz. Je vais souvent au New Morning. Dans le temps, j'allais au Vieux Colombier. À l'époque, quand nous jouions dans cette salle, il y avait en dessous Sidney Bechet qui jouait et nous devions parler plus fort pour passer par-dessus sa musique. Cela dit, ensuite on allait l'écouter.
Après ce spectacle, quelle est votre actualité ?
Il y aura notamment en novembre la sortie du film de Noémie Lvovsky, L'Ami de Fred Astaire avec Sabine Azéma et Valeria Bruni Tedeschi. D'après les échos que nous en avons, je crois que c'est très réussi.
J'ai beaucoup travaillé avec Jean-Claude Carrière et j'ai déjà joué Les Mots et la Chose face à Carole Bouquet avant de le reprendre avec Agathe Natanson. Mais c'est la première fois que je fais ce genre de spectacle où il faut s'effacer derrière les mots pour faire passer l'humour, la grâce et le charme que Jean-Claude Carrière, a mis dans ce texte.
C'est un plaisir de retrouver le théâtre de l'Œuvre ?
Tous les soirs quand j'arrive dans le foyer où nous sommes, je lance : "Bonsoir monsieur Anouilh !" Durant deux ans, j'y ai joué sa pièce Les Poissons rouges avec Michel Galabru. C'est un endroit qu'Anouilh adorait. Du reste, je le vois, il est toujours là !
Le cinéma vous a-t-il empêché de faire du théâtre autant que vous le vouliez ?
Non, pas du tout. D'ailleurs, je n'ai jamais tourné film sur film, contrairement à certains petits camarades comme, par exemple, Jean-Paul Belmondo, mais qui est revenu sur la scène parce que c'est notre formation. Le Conservatoire dont nous sommes issus a toujours été une formidable pépinière d'acteurs.
Vous avez eu la chance d'avoir des rôles très différents !
Oui, j'ai eu un type d'emploi comme on les appelle mais j'en suis sorti notamment grâce à l'énorme succès que furent Les Galettes de Pont-Aven. Ensuite j'ai fait des films avec des personnages qui ne se ressemblaient pas, et tant mieux, car c'est la diversité qui m'intéresse dans ce métier.
Dans le lot, y a-t-il eu un personnage qui vous ressemblait ?
Vous savez, j'ai un peu de mal à parler de moi parce que je ne sais pas trop à quoi je ressemble. Jouer c'est ma vie et j'ai commencé au lycée poussé par mon prof de lettres qui m'a dit un jour : "Si j'étais vous, je me présenterais au Conservatoire." Ce que j'ai fait et quand j'en suis sorti, j'ai tout de suite commencé à travailler, ce qui a fait dire à mon père que ce métier était vraiment d'une facilité incroyable (rires). Quelque part, il avait raison, parce que pour moi, les choses se sont passées simplement. Je dirais qu'elles se sont faites à mon insu, je n'ai jamais sollicité, je n'ai jamais passé d'audition, j'ai tourné très jeune, des petits rôles (j'ai eu beaucoup de seconds rôles) et puis cela s'est fait, de façon relativement facile, c'est de la chance cela !
Toutefois, la reconnaissance est venue au bout d'un certain temps...
Oui, la notoriété est venue petit à petit. Pour moi, devenir connu n'était ni un but ni une obsession, ce qui importait, c'était de jouer la comédie, d'exercer mon art mineur. Les Poissons rouges ont été un virage important, le spectacle qui m'a fait connaître du public et m'a poussé vers la télévision. C'était l'époque glorieuse de Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi, et bien d'autres.
Pour vous, quel a été votre film le plus marquant ?
C'est peut-être à vous de me le dire... qu'en pensez-vous ? Je dirais Tous les matins du monde ?
Certainement, Tous les matins du monde m'ont porté à un niveau que je n'avais jamais atteint, avec une répercussion exceptionnelle sur le public. C'est un film difficile, ambitieux et il a été capital pour moi, comme pour Alain Corneau ou Anne Brochet.
Travailler avec sa femme, on dit parfois que c'est chose difficile.
Oh, alors là, pas du tout et pas pour moi ! C'est un plaisir immense d'être en scène avec Agathe Natanson. Et puis quand on joue, on n'y pense pas, on est absorbé par le rôle. Cela n'interfère pas. Par contre, on peut en parler : faire le même métier, c'est très agréable.
Entre vous deux, le metteur en scène a eu l'idée de glisser un jeune musicien...
Oh oui, un jeune homme formidable ! Pierre-François Dufour fait partie du Grand Orchestre de Bordeaux où il est violoncelle solo. Et, le soir, lorsqu'il n'est pas avec nous, pour son plaisir, il devient batteur de jazz. Il a une grande présence en scène et apporte beaucoup au spectacle.
Sur le plan personnel, vous êtes amateur de musique ?
Beaucoup. Je suis un grand fan de jazz. Je vais souvent au New Morning. Dans le temps, j'allais au Vieux Colombier. À l'époque, quand nous jouions dans cette salle, il y avait en dessous Sidney Bechet qui jouait et nous devions parler plus fort pour passer par-dessus sa musique. Cela dit, ensuite on allait l'écouter.
Après ce spectacle, quelle est votre actualité ?
Il y aura notamment en novembre la sortie du film de Noémie Lvovsky, L'Ami de Fred Astaire avec Sabine Azéma et Valeria Bruni Tedeschi. D'après les échos que nous en avons, je crois que c'est très réussi.
Paru le 22/10/2007
(26 notes) THÉÂTRE DE L'ŒUVRE Du mercredi 18 avril au samedi 3 novembre 2007
TEXTE(S). Une comédienne qui, pour survivre, fait du doublage de films pornographiques, écrit un jour à un érudit à la retraite pour se plaindre de la pauvreté du vocabulaire qu'on met à sa disposition. L'ancien professeur se fait un plaisir de lui répondre en une série de lettres et de billets lus à deux v...
|