Dossier par Jeanne Hoffstetter
La Mère
au Petit Théâtre de Paris
Ses enfants élevés, son époux absent, seule dans sa maison désormais vide de sens, elle fait le bilan de sa vie. Un thème classique dont Florian Zeller se saisit pour imaginer une "farce noire" fort peu conventionnelle.
Florian Zeller
l'auteur
Quatre romans et six pièces de théâtre, des louanges, des lauriers, des grincements de dents et des coups sur la tête... La rançon du succès pour un jeune auteur qui sait demeurer humble, à l'écoute, et clairvoyant. Sa dernière pièce témoigne d'une grande maîtrise qui séduit d'emblée Marcial di Fonzo Bo, comédien et metteur en scène habitué du théâtre subventionné, ainsi que Catherine Hiegel, auréolée de quarante ans de Comédie-Française, ici entourée de Jean-Yves Chatelais, Clément Sibony et Olivia Bonamy. La rencontre de ces univers différents autour de La Mère réjouit Florian Zeller qui évoque à ce propos"L'autorité belle, douce et humble avec laquelle Laurent Terzieff disait : 'Le théâtre pour moi n'est pas ceci ou cela, mais ceci et cela.' Je trouve cette ouverture d'esprit vitale pour le théâtre et la création et suis heureux qu'avec Marcial, Catherine et le Théâtre de Paris nous participions à ce déplacement de frontières." À l'inverse, cet admirable homme de théâtre avait pour le travail du jeune auteur, une sincère admiration. Il aurait aimé La Mère... D'emblée, l'étrange affiche impose avec force le propos. "Il s'agit de l'asphyxie que peut engendrer l'amour maternel. Lorsque j'ai commencé à écrire, je pensais d'un côté à cet amour lorsqu'il devient encombrant et ambigu, de l'autre à l'ingratitude des fils qui n'ont d'autre solution que celle de partir sans se retourner. Je pensais également à ces femmes qui ont tout donné à leur famille et dont la maison vide devient le théâtre d'une trahison, ou de ce qu'elles vivent comme telle. J'ai tourné autour de ça un moment jusqu'à ce que je parvienne à m'immiscer à l'intérieur. Ensuite j'ai écrit le reste très vite en employant un peu le langage onirique de l'inconscient, des associations d'idées. Il y a une sorte de perméabilité des choses et des êtres, vous voyez ?" Entre cauchemar et réalité, la pièce grave et sombre de Florian Zeller est empreinte d'humour, car, au fond, cette redoutable mère l'amusait. "Elle se battait avec tant de mauvaise foi contre ses fantômes qu'elle me faisait rire. Voilà pourquoi j'y vois une farce noire. Et puis le visage de Catherine Hiegel porte à la fois les possibilités de la farce, de la douleur, de la grimace et de l'exultation. Je trouve que cette mère lui va bien."
Catherine Hiegel
la mère
Magnifique incarnation de cette mère aux confins du rêve, de la folie, de l'existence même ! Zeller ? Elle ne le connaissait pas, mais reçoit sa pièce parmi d'autres au moment de son départ du Français. D'emblée, celle-là "lui parle", elle dit banco ! et tout s'enchaîne rapidement. À l'auteur qui lui demande son avis, elle suggère pour la mise en scène Di Fonzo Bo avec lequel elle a déjà travaillé et qui lui semble l'idéal. "La construction de cette pièce est passionnante ! Les scènes sont reproduites deux fois. La première peut représenter l'inconscient de cette femme et la seconde, la personne raisonnable ne disant que la surface des choses. Ce qui peut provoquer le rire, ou déranger peut-être..." Peut-on comprendre les réactions si démesurées de cette mère ? "Je suis moi-même mère d'une fille, mais je pense que c'est plus compliqué avec un fils bien qu'heureusement, toutes n'atteignent pas une telle psychose. Un enfant qui se développe à l'intérieur de vous c'est violent, une fois qu'il est là tout tient dans l'équilibre et la raison. Ce qui est sûr c'est qu'après avoir consacré leur vie à leurs enfants, à leur mari, beaucoup éprouvent quand ils s'éloignent, le sentiment d'une injustice, d'un désert affectif pouvant les conduire à tout tenter pour les retenir." Un rôle en ruptures constantes que l'on imagine difficile, et dont la comédienne s'empare avec une fabuleuse énergie. "Quand le parcours est aussi riche, le travail de la comédienne est déjà bien aidé. C'est un terrain passionnant pour une actrice. Il y a des personnages dont on se dit : 'Mon Dieu qu'est-ce que je vais en faire ?' Alors que là j'essaie, et je n'aurai sûrement pas fini à la dernière représentation, d'en faire le tour. Une écriture comme celle-là est un vrai support d'une part, et d'autre part, Marcial et moi nous entendons comme frère et sœur." "J'ai la sensation, conclut Catherine Hiegel, que cette pièce peut toucher autant les hommes que les femmes car nous sommes tous l'enfant d'une mère, et c'est un thème mythique. Entre farce et tragédie, je pense que chaque spectateur peut y trouver un rendez-vous intime."
l'auteur
Quatre romans et six pièces de théâtre, des louanges, des lauriers, des grincements de dents et des coups sur la tête... La rançon du succès pour un jeune auteur qui sait demeurer humble, à l'écoute, et clairvoyant. Sa dernière pièce témoigne d'une grande maîtrise qui séduit d'emblée Marcial di Fonzo Bo, comédien et metteur en scène habitué du théâtre subventionné, ainsi que Catherine Hiegel, auréolée de quarante ans de Comédie-Française, ici entourée de Jean-Yves Chatelais, Clément Sibony et Olivia Bonamy. La rencontre de ces univers différents autour de La Mère réjouit Florian Zeller qui évoque à ce propos"L'autorité belle, douce et humble avec laquelle Laurent Terzieff disait : 'Le théâtre pour moi n'est pas ceci ou cela, mais ceci et cela.' Je trouve cette ouverture d'esprit vitale pour le théâtre et la création et suis heureux qu'avec Marcial, Catherine et le Théâtre de Paris nous participions à ce déplacement de frontières." À l'inverse, cet admirable homme de théâtre avait pour le travail du jeune auteur, une sincère admiration. Il aurait aimé La Mère... D'emblée, l'étrange affiche impose avec force le propos. "Il s'agit de l'asphyxie que peut engendrer l'amour maternel. Lorsque j'ai commencé à écrire, je pensais d'un côté à cet amour lorsqu'il devient encombrant et ambigu, de l'autre à l'ingratitude des fils qui n'ont d'autre solution que celle de partir sans se retourner. Je pensais également à ces femmes qui ont tout donné à leur famille et dont la maison vide devient le théâtre d'une trahison, ou de ce qu'elles vivent comme telle. J'ai tourné autour de ça un moment jusqu'à ce que je parvienne à m'immiscer à l'intérieur. Ensuite j'ai écrit le reste très vite en employant un peu le langage onirique de l'inconscient, des associations d'idées. Il y a une sorte de perméabilité des choses et des êtres, vous voyez ?" Entre cauchemar et réalité, la pièce grave et sombre de Florian Zeller est empreinte d'humour, car, au fond, cette redoutable mère l'amusait. "Elle se battait avec tant de mauvaise foi contre ses fantômes qu'elle me faisait rire. Voilà pourquoi j'y vois une farce noire. Et puis le visage de Catherine Hiegel porte à la fois les possibilités de la farce, de la douleur, de la grimace et de l'exultation. Je trouve que cette mère lui va bien."
Catherine Hiegel
la mère
Magnifique incarnation de cette mère aux confins du rêve, de la folie, de l'existence même ! Zeller ? Elle ne le connaissait pas, mais reçoit sa pièce parmi d'autres au moment de son départ du Français. D'emblée, celle-là "lui parle", elle dit banco ! et tout s'enchaîne rapidement. À l'auteur qui lui demande son avis, elle suggère pour la mise en scène Di Fonzo Bo avec lequel elle a déjà travaillé et qui lui semble l'idéal. "La construction de cette pièce est passionnante ! Les scènes sont reproduites deux fois. La première peut représenter l'inconscient de cette femme et la seconde, la personne raisonnable ne disant que la surface des choses. Ce qui peut provoquer le rire, ou déranger peut-être..." Peut-on comprendre les réactions si démesurées de cette mère ? "Je suis moi-même mère d'une fille, mais je pense que c'est plus compliqué avec un fils bien qu'heureusement, toutes n'atteignent pas une telle psychose. Un enfant qui se développe à l'intérieur de vous c'est violent, une fois qu'il est là tout tient dans l'équilibre et la raison. Ce qui est sûr c'est qu'après avoir consacré leur vie à leurs enfants, à leur mari, beaucoup éprouvent quand ils s'éloignent, le sentiment d'une injustice, d'un désert affectif pouvant les conduire à tout tenter pour les retenir." Un rôle en ruptures constantes que l'on imagine difficile, et dont la comédienne s'empare avec une fabuleuse énergie. "Quand le parcours est aussi riche, le travail de la comédienne est déjà bien aidé. C'est un terrain passionnant pour une actrice. Il y a des personnages dont on se dit : 'Mon Dieu qu'est-ce que je vais en faire ?' Alors que là j'essaie, et je n'aurai sûrement pas fini à la dernière représentation, d'en faire le tour. Une écriture comme celle-là est un vrai support d'une part, et d'autre part, Marcial et moi nous entendons comme frère et sœur." "J'ai la sensation, conclut Catherine Hiegel, que cette pièce peut toucher autant les hommes que les femmes car nous sommes tous l'enfant d'une mère, et c'est un thème mythique. Entre farce et tragédie, je pense que chaque spectateur peut y trouver un rendez-vous intime."
Paru le 04/12/2010
(73 notes) THÉÂTRE DE PARIS - SALLE RÉJANE Du vendredi 24 septembre 2010 au dimanche 2 janvier 2011
COMÉDIE DRAMATIQUE. Comme d'autres, Anne, le personnage principal de "La Mère", a tout donné pour ses enfants, pour son mari, pour sa maison. puis les années ont passé et les enfants sont partis, le fils, la fille et maintenant, le père. Elle se retrouve seule, dans un royaume qui fuit de toutes parts. Mais il suffit...
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