Interview par Jeanne Hoffstetter
Ornella Muti
Pour ses débuts sur les planches, Ornella Muti choisit "Le Juif", une pièce d'envergure mettant en lumière un pan méconnu de l'histoire italienne.
Vous abordez pour la première fois le théâtre. Y songiez-vous depuis longtemps et qu'a-t-il fallu pour vous convaincre ?
On me l'a souvent proposé, mais je n'étais pas prête et je n'avais pas rencontré le texte qui me donnerait le déclic. Ce grand rôle, ce personnage d'Immacolata m'a d'emblée séduite pour ne plus me lâcher. Je me demande même parfois si je vais en sortir, tant l'emprise qu'il a sur moi est forte.
La pièce aborde un sujet délicat que l'on peut imaginer traité de différentes manières : drame, comédie, suspense... Qu'en est-il ?
C'est une pièce dramatique ponctuée ici et là d'envolées humoristiques. Elle traite d'un pan tragique de l'histoire italienne, à savoir la promulgation de lois raciales à l'encontre des juifs pendant la période du régime fasciste. De nombreux juifs, présageant un sort incertain, avaient pensé mettre à l'abri leurs richesses en les mettant au nom d'un homme de paille de confiance et de race aryenne. C'est un texte à la fois fort, dramaturgique et politique, sur l'une des pages les plus sombres de notre histoire.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées face à ce rôle ? Face à la scène ?
Endosser un rôle si profond implique une vraie discipline, une exigence qui ne souffre pas l'à-peu-près. On ne sort pas indemne d'un tel personnage qui exige un véritable don de soi. C'est du spectacle vivant et je reçois en direct les réactions. Je sens les émotions, les tensions, les rires du public et ça change tout par rapport au cinéma.
Pensez-vous qu'il s'agisse d'une vision particulièrement pessimiste de la nature humaine ?
On ne peut qu'être touché dans sa chair et sa sensibilité par toute violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu, qu'elle soit inspirée par des motifs raciaux ou religieux. Je pense que le seul hommage que nous puissions rendre à tous ces morts est de nous montrer plus vigilants à ce sujet que par le passé. Cette pièce permet en outre d'explorer les complexités de l'âme humaine, les paroxysmes d'aberration et de vilenie dont un être humain est capable pour ne pas renoncer à ses privilèges.
Après avoir effectué une tournée en Italie, que représente pour vous le fait d'aborder une scène parisienne ?
C'est un événement important et fort émotionnellement, dans ma carrière. C'est un challenge pour moi, avec la peur vissée au ventre car je vais jouer dans une langue qui n'est pas ma langue maternelle. Ma venue à Paris me terrifie tout en m'excitant terriblement.
Cette expérience vous donne-t-elle l'envie de poursuivre dans cette voie ?
Je ne sais pas, mais j'en sors profondément changée car rien ne remplace les réactions d'un public en direct.
On me l'a souvent proposé, mais je n'étais pas prête et je n'avais pas rencontré le texte qui me donnerait le déclic. Ce grand rôle, ce personnage d'Immacolata m'a d'emblée séduite pour ne plus me lâcher. Je me demande même parfois si je vais en sortir, tant l'emprise qu'il a sur moi est forte.
La pièce aborde un sujet délicat que l'on peut imaginer traité de différentes manières : drame, comédie, suspense... Qu'en est-il ?
C'est une pièce dramatique ponctuée ici et là d'envolées humoristiques. Elle traite d'un pan tragique de l'histoire italienne, à savoir la promulgation de lois raciales à l'encontre des juifs pendant la période du régime fasciste. De nombreux juifs, présageant un sort incertain, avaient pensé mettre à l'abri leurs richesses en les mettant au nom d'un homme de paille de confiance et de race aryenne. C'est un texte à la fois fort, dramaturgique et politique, sur l'une des pages les plus sombres de notre histoire.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées face à ce rôle ? Face à la scène ?
Endosser un rôle si profond implique une vraie discipline, une exigence qui ne souffre pas l'à-peu-près. On ne sort pas indemne d'un tel personnage qui exige un véritable don de soi. C'est du spectacle vivant et je reçois en direct les réactions. Je sens les émotions, les tensions, les rires du public et ça change tout par rapport au cinéma.
Pensez-vous qu'il s'agisse d'une vision particulièrement pessimiste de la nature humaine ?
On ne peut qu'être touché dans sa chair et sa sensibilité par toute violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu, qu'elle soit inspirée par des motifs raciaux ou religieux. Je pense que le seul hommage que nous puissions rendre à tous ces morts est de nous montrer plus vigilants à ce sujet que par le passé. Cette pièce permet en outre d'explorer les complexités de l'âme humaine, les paroxysmes d'aberration et de vilenie dont un être humain est capable pour ne pas renoncer à ses privilèges.
Après avoir effectué une tournée en Italie, que représente pour vous le fait d'aborder une scène parisienne ?
C'est un événement important et fort émotionnellement, dans ma carrière. C'est un challenge pour moi, avec la peur vissée au ventre car je vais jouer dans une langue qui n'est pas ma langue maternelle. Ma venue à Paris me terrifie tout en m'excitant terriblement.
Cette expérience vous donne-t-elle l'envie de poursuivre dans cette voie ?
Je ne sais pas, mais j'en sors profondément changée car rien ne remplace les réactions d'un public en direct.
Paru le 01/01/2010
JUIF (LE) ESPACE CARDIN
COMÉDIE DRAMATIQUE. Dans les années 40, avec l'entrée en vigueur des lois sur la discrimination raciale promulguées par le régime fasciste italien, de nombreux Juifs présageant un sort incertain, ont mis à l'abri leurs richesses en les plaçant au nom d'un homme de paille de confiance de race aryenne. Marcello Consalv...
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