Interview par Jeanne Hoffstetter
Le chapiteau de Madona Bouglione
s’installe sur l’île Seguin
Le Globe, cirque conçu par Philippe Starck pour Madona Bouglione, sera inauguré en 2016 sur l'île Seguin. En attendant s'y dresse un superbe chapiteau bleu.
Votre chapiteau fait figure de pionnier sur cette île en chantier ! Racontez-nous...
Oui, c'est incroyable ! Regardez cet endroit où l'âme des ouvriers de l'usine plane encore, on dirait que le chapiteau est posé sur un porte-avions, c'est complètement surréaliste ! Ce qui est extraordinaire c'est qu'il est la concrétisation du projet de fin d'études que ma fille avait présenté aux Arts Déco, et qu'aujourd'hui ma seconde fille est à la production. C'est une véritable affaire de famille ! Pour Le Globe, le premier coup de pioche sera donné en 2014 et l'inauguration aura lieu en 2016. C'est une construction en dur conçue par Philippe Starck, qui comprendra une salle de 2 000 places destinée à accueillir les shows énormes que nous avons l'habitude de présenter partout dans le monde et qui s'installeront ici pour plusieurs années tant l'investissement est énorme. Ce sont des spectacles que l'on vient voir du monde entier ! Il y aura également une salle plus petite de 600 ou 700 places dotées d'une installation numérique très au point, ainsi qu'une école de cirque.
Vous ouvrez le bal en reprenant Pentimento. Quelle est la genèse de ce spectacle et pourquoi ce nom ?
Pentimento est une adaptation que j'ai faite du Lac des cygnes, que je considère comme un conte de fées pouvant proposer plusieurs lectures selon que l'on est enfant ou adulte. Pentiménto veut dire repentir en italien. Comme le peintre qui, lassé de sa toile, repeint autre chose par-dessus et s'aperçoit au bout d'un certain temps que le premier tableau commence à réapparaître. On appelle ça "le remords du peintre", son repentir face à sa première idée qui resurgit. C'est un spectacle sur le regret, sur l'incertitude de ce que l'on est. On peut aussi y retrouver la propre histoire de Tchaïkovski avec son mécène, cette femme qu'il croyait blanche et qui était un cygne noir, qu'il n'avait pas le droit d'atteindre ni de voir...
Seules ses amitiés interdites lui ont apporté quelques moments de bonheur. Ce qui est intéressant, ce sont ces routes que l'on prend et celles que l'on aurait pu prendre... Ce que l'on est le jour, que l'on n'est plus la nuit... Nos serments abandonnés pour des leurres... Pentimento raconte aussi le besoin de posséder, d'enfermer ceux que l'on aime, le désir que nous avons de les transformer selon ce que l'on voudrait qu'ils soient... Voilà pourquoi je trouve cette histoire absolument passionnante ! Il y aura pour la première fois de la vidéo, un numéro où mon clown joue avec un avatar appelé Gelsomina, sur la musique de La Strada. Nous avons aussi changé les costumes, nous les avons voulus les plus simples possible, propices à faire travailler l'imagination des spectateurs : quelques tutus utilisés en collerettes, en chapeaux, en ailes, sur de simples pantalons blancs et tee-shirts. C'est magnifique ! Je tiens à ajouter que nous devons aussi le succès de ce spectacle à ma troupe d'artistes avec lesquels c'est un véritable bonheur de travailler.
Le cirque est votre passion. Enfant, quelle image aviez-vous de votre père et de cette vie ? À quelle forme de cirque peut-on rattacher votre travail ?
Je suis née au cirque et j'ai envie d'y finir ma vie, c'est vrai. Mon père, Alexandre, l'un des fondateurs, est le génie de la famille. Cet homme exceptionnel m'a transmis la passion de mon métier. Je voulais tellement lui ressembler, que toute petite déjà je disais que je voulais être directeur de cirque ! Mon enfance, c'était aussi les paysages qui vous donnent le vertige parce que vous ne les connaissez pas et l'attente qu'enfin le chapiteau soit monté, pour vous rassurer... J'ai rencontré véritablement trois hommes dans ma vie : mon père la plus belle rencontre, Dali avec lequel j'ai travaillé, et Fellini qui aimait beaucoup le cirque bien que je n'étais pas d'accord avec lui sur le sujet ! Quant à mon travail, j'aime raconter des histoires et j'ai repris la tradition de la commedia dell'arte avec jongleurs, acrobates, sans animaux. J'ai tellement été élevée dans l'amour et le respect des animaux que je les trouve très bien là où ils sont. Nous ne sommes plus aujourd'hui des zoos ambulants où l'on pouvait aussi découvrir ce qu'était une girafe !
Quels sont vos projets, vos rêves, vos ambitions ?
Faire de cet endroit une vraie terre d'accueil. Pour commencer, il y aura cet été pour les enfants une école de cirque de loisir. À partir de septembre nous accueillons le Cirque du Soleil avec Corteo, puis le cirque Nikouline et en janvier prochain, le cirque de Moscou. Il y aura aussi des master class, la première sera dirigée par Franco Dragone qui fait les spectacles de Céline Dion à Las Vegas. Il va travailler pour que ces artistes qui ont l'habitude de faire de l'exploit sachent aussi être comédiens. Dès 2012 nous accueillerons également des compagnies de cirque contemporaines sous trois chapiteaux, mais sans attendre l'an prochain et, parallèlement à Pentimento, nous avons choisi d'inviter Sarkha parce que Boulogne est jumelée avec la Tunisie, et que ce cirque est issu de l'École nationale du cirque de Tunis. C'est une manière formidable de donner la main à la révolution. En 2016, Le Globe prendra le relais. Ce nom était celui du premier théâtre de Shakespeare à l'entrée duquel était inscrit : "Le monde entier fait l'acteur. " Voilà !
Le cirque étant un art vivant, comment le voyez-vous évoluer ?
Ça va être formidable, je pense que les animaux deviendront virtuels, ainsi que les grands numéros qui seront en 3D. Vous aurez l'impression que les artistes viennent à côté de vous. Avec le numérique, la réalité et la fiction se mélangeront vraiment. Je pense qu'une grande porte est en train de s'ouvrir. Nous serons équipés pour que les créateurs ne se heurtent plus à des problèmes techniques qui nous font perdre beaucoup de temps pour mettre les choses au point. Mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements !
Oui, c'est incroyable ! Regardez cet endroit où l'âme des ouvriers de l'usine plane encore, on dirait que le chapiteau est posé sur un porte-avions, c'est complètement surréaliste ! Ce qui est extraordinaire c'est qu'il est la concrétisation du projet de fin d'études que ma fille avait présenté aux Arts Déco, et qu'aujourd'hui ma seconde fille est à la production. C'est une véritable affaire de famille ! Pour Le Globe, le premier coup de pioche sera donné en 2014 et l'inauguration aura lieu en 2016. C'est une construction en dur conçue par Philippe Starck, qui comprendra une salle de 2 000 places destinée à accueillir les shows énormes que nous avons l'habitude de présenter partout dans le monde et qui s'installeront ici pour plusieurs années tant l'investissement est énorme. Ce sont des spectacles que l'on vient voir du monde entier ! Il y aura également une salle plus petite de 600 ou 700 places dotées d'une installation numérique très au point, ainsi qu'une école de cirque.
Vous ouvrez le bal en reprenant Pentimento. Quelle est la genèse de ce spectacle et pourquoi ce nom ?
Pentimento est une adaptation que j'ai faite du Lac des cygnes, que je considère comme un conte de fées pouvant proposer plusieurs lectures selon que l'on est enfant ou adulte. Pentiménto veut dire repentir en italien. Comme le peintre qui, lassé de sa toile, repeint autre chose par-dessus et s'aperçoit au bout d'un certain temps que le premier tableau commence à réapparaître. On appelle ça "le remords du peintre", son repentir face à sa première idée qui resurgit. C'est un spectacle sur le regret, sur l'incertitude de ce que l'on est. On peut aussi y retrouver la propre histoire de Tchaïkovski avec son mécène, cette femme qu'il croyait blanche et qui était un cygne noir, qu'il n'avait pas le droit d'atteindre ni de voir...
Seules ses amitiés interdites lui ont apporté quelques moments de bonheur. Ce qui est intéressant, ce sont ces routes que l'on prend et celles que l'on aurait pu prendre... Ce que l'on est le jour, que l'on n'est plus la nuit... Nos serments abandonnés pour des leurres... Pentimento raconte aussi le besoin de posséder, d'enfermer ceux que l'on aime, le désir que nous avons de les transformer selon ce que l'on voudrait qu'ils soient... Voilà pourquoi je trouve cette histoire absolument passionnante ! Il y aura pour la première fois de la vidéo, un numéro où mon clown joue avec un avatar appelé Gelsomina, sur la musique de La Strada. Nous avons aussi changé les costumes, nous les avons voulus les plus simples possible, propices à faire travailler l'imagination des spectateurs : quelques tutus utilisés en collerettes, en chapeaux, en ailes, sur de simples pantalons blancs et tee-shirts. C'est magnifique ! Je tiens à ajouter que nous devons aussi le succès de ce spectacle à ma troupe d'artistes avec lesquels c'est un véritable bonheur de travailler.
Le cirque est votre passion. Enfant, quelle image aviez-vous de votre père et de cette vie ? À quelle forme de cirque peut-on rattacher votre travail ?
Je suis née au cirque et j'ai envie d'y finir ma vie, c'est vrai. Mon père, Alexandre, l'un des fondateurs, est le génie de la famille. Cet homme exceptionnel m'a transmis la passion de mon métier. Je voulais tellement lui ressembler, que toute petite déjà je disais que je voulais être directeur de cirque ! Mon enfance, c'était aussi les paysages qui vous donnent le vertige parce que vous ne les connaissez pas et l'attente qu'enfin le chapiteau soit monté, pour vous rassurer... J'ai rencontré véritablement trois hommes dans ma vie : mon père la plus belle rencontre, Dali avec lequel j'ai travaillé, et Fellini qui aimait beaucoup le cirque bien que je n'étais pas d'accord avec lui sur le sujet ! Quant à mon travail, j'aime raconter des histoires et j'ai repris la tradition de la commedia dell'arte avec jongleurs, acrobates, sans animaux. J'ai tellement été élevée dans l'amour et le respect des animaux que je les trouve très bien là où ils sont. Nous ne sommes plus aujourd'hui des zoos ambulants où l'on pouvait aussi découvrir ce qu'était une girafe !
Quels sont vos projets, vos rêves, vos ambitions ?
Faire de cet endroit une vraie terre d'accueil. Pour commencer, il y aura cet été pour les enfants une école de cirque de loisir. À partir de septembre nous accueillons le Cirque du Soleil avec Corteo, puis le cirque Nikouline et en janvier prochain, le cirque de Moscou. Il y aura aussi des master class, la première sera dirigée par Franco Dragone qui fait les spectacles de Céline Dion à Las Vegas. Il va travailler pour que ces artistes qui ont l'habitude de faire de l'exploit sachent aussi être comédiens. Dès 2012 nous accueillerons également des compagnies de cirque contemporaines sous trois chapiteaux, mais sans attendre l'an prochain et, parallèlement à Pentimento, nous avons choisi d'inviter Sarkha parce que Boulogne est jumelée avec la Tunisie, et que ce cirque est issu de l'École nationale du cirque de Tunis. C'est une manière formidable de donner la main à la révolution. En 2016, Le Globe prendra le relais. Ce nom était celui du premier théâtre de Shakespeare à l'entrée duquel était inscrit : "Le monde entier fait l'acteur. " Voilà !
Le cirque étant un art vivant, comment le voyez-vous évoluer ?
Ça va être formidable, je pense que les animaux deviendront virtuels, ainsi que les grands numéros qui seront en 3D. Vous aurez l'impression que les artistes viennent à côté de vous. Avec le numérique, la réalité et la fiction se mélangeront vraiment. Je pense qu'une grande porte est en train de s'ouvrir. Nous serons équipés pour que les créateurs ne se heurtent plus à des problèmes techniques qui nous font perdre beaucoup de temps pour mettre les choses au point. Mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements !
Paru le 05/07/2011
(12 notes) Grand Chapiteau Cirque en Chantier Du mardi 14 juin au dimanche 18 septembre 2011
CIRQUE à partir de 3 ans. Certains signes discrets et efficaces peuvent nous toucher profondément. Dans un enchaînement de scènes fluides et surréalistes, Pentimento nous donne à imaginer sans rien nous imposer. Quatorze artistes de cirque, venus des quatre coins du monde, mènent la danse pour laisser, l’espace d’un instan...
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