Portrait par Jeanne Hoffstetter
Alain Lenglet
au théâtre du Vieux Colombier
Séoul, Taïwan, Pékin... Après avoir participé à la tournée du "Malade imaginaire" en Asie, Alain Lenglet redevient Chikine dans l'hilarant "Mariage" de Gogol.
"Nous partons cinq semaines. Je vais reprendre là-bas le rôle de Béralde dans la mise en scène de Claude Stratz, et le Français n'étant jamais allé en Chine, c'est un événement historique !" La perspective l'enthousiasme, tout comme l'idée de retrouver Gogol à son retour l'amuse d'avance. Au Vieux Colombier pour commencer, puis en tournée, au printemps. Tournée durant laquelle il remontera régulièrement à Paris pour reprendre, en alternance, le rôle de Béralde à la Salle Richelieu-Théâtre éphémère. Une vie de théâtre en mouvements, normale pour l'acteur entré au Français en 1993 et devenu sociétaire en 2000.
Rompu à ce genre d'exercice, il l'est tout autant à l'esprit de Compagnie pour avoir travaillé avec Terzieff et Pradinas, deux rencontres importantes pour lui, tout comme celle qu'il fit avec Jean-Pierre Miquel auquel il doit d'avoir été engagé ensuite dans la prestigieuse maison. "Avoir la chance de faire ce que nous faisons au Français est tout bonnement incroyable ! Le théâtre ne s'arrête jamais, il peut arriver que l'on joue Molière à 14 heures, Beckett à 18 h 30, et Rostand à 20 h 30. Ce qui veut dire passer d'un metteur en scène à l'autre ou même travailler avec Mathieu Amalric qui, suivant la proposition de Muriel Mayette faite aux jeunes cinéastes de s'emparer des pièces et de leur distribution, s'est attelé au spectacle de Galin Stoev 'L'Illusion comique', et en a fait une sorte de policier en vers absolument magnifique ! Le Français ? Vous voyez, c'est tout sauf la routine ! C'est une ruche passionnante composée de magiciens à tous les niveaux que ce soit les tailleurs, les accessoiristes, les constructeurs..."
"'Le mariage' fait le portrait d'une société figée qui aligne les lieux communs. C'est du théâtre destiné à faire rire."
Partant de là, metteur en scène et comédiens s'en sont donné à cœur joie pour parvenir à faire vivre sur scène ces personnages burlesques, dont le jeu ne recule devant rien pour provoquer les rires. Une comédie sur le rien où il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, derrière laquelle apparaît cependant une certaine noirceur chère à Gogol ? "Oui, à travers ce portrait ironique d'une société figée, hiérarchisée et irrésolue dans laquelle chacun a l'idée fixe de se marier pour des raisons bien différentes, il est certain qu'il ne faut pas mettre dans les phrases plus de signification qu'elles n'en ont.
Il s'agit d'une mécanique destinée à faire rire de tout ça." Parmi ces personnages hauts en couleur, Alain Lenglet est un drôle de marin à la retraite, candidat au mariage... "Je suis une sorte d'obsédé sexuel qui ne pense pas forcément avec son cerveau. Une sorte de voyageur immobile qui ne parle que du seul voyage qu'il a fait en Sicile, mais que je trouve touchant avec son manteau d'uniforme qu'il a remis à l'envers pour en dissimuler l'usure. C'est un séducteur assez minable, quoi ! C'est en tout cas une pièce jubilatoire."
Paru le 06/02/2012
(14 notes) THÉÂTRE DU VIEUX-COLOMBIER Du dimanche 28 novembre 2010 au dimanche 26 février 2012
COMÉDIE. "Parce que, le diable me prenne, c’est une affaire qui vous fait du tracas, le mariage !", s’exclame au début de la pièce Kapilotadov, éternel célibataire en quête d’un bon parti. Acculé au mariage par convention sociale, par vénalité aussi, le jeune homme fait appel aux services de Fiokla Ivanovn...
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