Portrait par Jeanne Hoffstetter
Claude Brasseur
joue “Le Tartuffe”, au théâtre de Paris
Mis en scène par Roger Planchon, il jouait en 1967 Damis, le fils d'Orgon. Aujourd'hui dirigé par Marion Bierry, il donne à Orgon une couleur inaccoutumée...
En attendant la rentrée, tournées et festivals l'accaparent. Fatigant ? « Non ! Les gens sont si heureux que l'on vienne vers eux, ils font un petit effort vestimentaire, attendent à l'entrée des artistes pour dire merci, je suis sensible à ça. C'est aussi un excellent exercice que celui qui consiste à passer d'une salle de 1200 places à une autre de 500 places, d'une scène où l'on fait dix pas à une ou l'on en fait deux et de devoir adapter sa tessiture à chaque lieu afin que les spectateurs du fond entendent. Bref, ça n'est jamais la même chose ! » En septembre, Paris découvrira à son tour ce Tartuffe couvert de lauriers provinciaux et dans lequel excelle notamment Patrick Chesnay. Une autre manière ici de varier les plaisirs. « S'il m'arrivait d'oublier quel jour nous sommes, il me suffit d'entrer en scène pour le savoir. Chaque jour a son propre public, auquel je m'adapte, car, je vous l'avoue, je n'aime pas jouer pour le public, mais jouer avec lui ! »
Je ne joue pas pour être drôle, mais pour être authentique vis-à-vis de ma sensibilité
Pour interpréter Orgon, Claude Brasseur ne s'est pas contenté de se glisser dans le costume traditionnel de ce personnage autoritaire et nanti que son aveuglement isole et condamne au ridicule. « Comme me l'a appris Michel Bouquet, 'c'est l'homme qui fait l'acteur'. J'aborde donc Orgon avec ma propre sensibilité. Dans les 1 962 vers que compte la pièce, il y a pour moi un mot capital qui n'a jamais été souligné, c'est qu'il est veuf. Ce qui n'a aucune espèce d'importance sur le plan dramaturgique mais qui en a beaucoup pour moi. En effet, bien que remarié à une jeune personne plutôt bling-bling, comme on dit aujourd'hui, je crois qu'il souffre toujours d'avoir perdu la mère de ses enfants. Il n'y a pour moi rien de pire au monde que de perdre un enfant ou la mère de ses enfants. C'est là sa faiblesse, la faille dont Tartuffe profite. Mais ça n'est pas parce qu'il est abusé qu'il est un imbécile ! Quand je vois des gens comme Travolta, Tom Cruise, jeunes, riches, beaux, faire l'apologie de la scientologie, je pense que ce sont des Orgon, qu'ils sont trompés et ce ne sont pas pour autant des cons ! » N'était-ce pas la volonté de Molière de faire d'Orgon le personnage qui, par son ridicule déclenche les rires du public ? « Moi, je ne joue pas pour être drôle, je ne cherche qu'une chose, c'est à être authentique vis-à-vis de ma sensibilité. » Jouer Orgon dans un grand théâtre privé, c'est aussi se confronter aux nombreuses pièces de boulevard dont c'est, plus que Molière, le domaine. Quel challenge après ça ? « D'abord, je l'espère, rester longtemps au théâtre de Paris ! Ensuite, je vais vous dire la vérité, qui est celle d'aujourd'hui : je ne suis pas sûr de remonter sur scène. Ma carrière est derrière moi et je voulais finir avec quelque chose d'intéressant. Il est difficile de faire mieux que Molière, non ? » Shakespeare ? « Bien que la langue française ne permette pas d'adapter Shakespeare comme il le faut, là, oui, je réfléchirais ! »
Je ne joue pas pour être drôle, mais pour être authentique vis-à-vis de ma sensibilité
Pour interpréter Orgon, Claude Brasseur ne s'est pas contenté de se glisser dans le costume traditionnel de ce personnage autoritaire et nanti que son aveuglement isole et condamne au ridicule. « Comme me l'a appris Michel Bouquet, 'c'est l'homme qui fait l'acteur'. J'aborde donc Orgon avec ma propre sensibilité. Dans les 1 962 vers que compte la pièce, il y a pour moi un mot capital qui n'a jamais été souligné, c'est qu'il est veuf. Ce qui n'a aucune espèce d'importance sur le plan dramaturgique mais qui en a beaucoup pour moi. En effet, bien que remarié à une jeune personne plutôt bling-bling, comme on dit aujourd'hui, je crois qu'il souffre toujours d'avoir perdu la mère de ses enfants. Il n'y a pour moi rien de pire au monde que de perdre un enfant ou la mère de ses enfants. C'est là sa faiblesse, la faille dont Tartuffe profite. Mais ça n'est pas parce qu'il est abusé qu'il est un imbécile ! Quand je vois des gens comme Travolta, Tom Cruise, jeunes, riches, beaux, faire l'apologie de la scientologie, je pense que ce sont des Orgon, qu'ils sont trompés et ce ne sont pas pour autant des cons ! » N'était-ce pas la volonté de Molière de faire d'Orgon le personnage qui, par son ridicule déclenche les rires du public ? « Moi, je ne joue pas pour être drôle, je ne cherche qu'une chose, c'est à être authentique vis-à-vis de ma sensibilité. » Jouer Orgon dans un grand théâtre privé, c'est aussi se confronter aux nombreuses pièces de boulevard dont c'est, plus que Molière, le domaine. Quel challenge après ça ? « D'abord, je l'espère, rester longtemps au théâtre de Paris ! Ensuite, je vais vous dire la vérité, qui est celle d'aujourd'hui : je ne suis pas sûr de remonter sur scène. Ma carrière est derrière moi et je voulais finir avec quelque chose d'intéressant. Il est difficile de faire mieux que Molière, non ? » Shakespeare ? « Bien que la langue française ne permette pas d'adapter Shakespeare comme il le faut, là, oui, je réfléchirais ! »
Paru le 09/10/2012
(43 notes) THÉÂTRE DE PARIS Du mardi 11 septembre au lundi 31 décembre 2012
COMÉDIE DRAMATIQUE. Orgon, bourgeois pieux tombé en dévotion, sort Tartuffe de la misère en l'installant dans sa famille. Sous diverses identités, Tartuffe, ce "fourbe renommé", court d'impostures en escroqueries. Cette fois-ci, il choisit le masque du dévot pour mieux duper Orgon, qui, tout au bonheur de s'être adjo...
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