Portrait par Jeanne Hoffstetter
Jean-Pierre Bouvier
joue "Démocratie" au Théâtre 14
S'il passe avec aisance du cinéma à la télévision, de la mise en scène à l'interprétation des grands rôles du répertoire classique, cet acteur discret dit avoir trouvé dans l'incarnation de Willy Brandt un des rôles marquants de sa carrière.
Montée par Jean-Claude Idée, la pièce de Michael Frayn met en scène les dessous peu connus d'une période (1969-1973) couvrant l'accession de Willy Brandt à la chancellerie de la République fédérale d'Allemagne jusqu'au jour où, acculé par un scandale politique sans précédent, il fut contraint de démissionner peu de temps après l'arrestation de Günter Guillaume, un espion de la Stasi devenu l'un de ses conseillers personnels. Derrière une politique tournée vers l'Europe de l'Est et largement contestée, se cachent, mises ici en lumière par Michael Frayn, les pires intrigues politiques et humaines menées par des hommes de l'ombre. Elaborée selon des va-et-vient constants, entre présent, futur et passé, la pièce questionne en outre nos démocraties, autant que la complexité des relations humaines.
Comment suivre le fil ? « Démocratie est considérée comme l'une des grandes pièces du XXe siècle. Sa construction, typiquement anglo-saxonne et plus cinématographique que théâtrale, veut qu'au début une voix off résume les faits, puis que, tout en racontant l'histoire au public, les comédiens jouent les situations qui les concernent pendant que les autres restent en retrait. J'ajoute que la mise en scène astucieuse fait référence à Pina Bausch et au Café Müller.»
Il y a deux choses ici, l'histoire, bien réelle, et un auteur qui a baigné dans le monde shakespearien...
La tension dramatique nécessaire, puisque nous sommes au théâtre, est-elle introduite par une part de fiction ? « Les Anglais ont le sens du lien entre fiction et réalité. Il y a en effet deux choses : l'histoire, bien réelle, qui précède la chute du mur de Berlin, les personnages ayant tous existé, la relation entre Günter Guillaume et Willy Brandt, et, parallèlement, un auteur anglais qui a, comme beaucoup en Angleterre, baigné dans le monde shakespearien d'êtres confrontés au pouvoir et à la solitude qui en découle. Laquelle solitude va les pousser à révéler leurs fragilités, leurs contradictions, et à montrer qu'ils ne sont pas des dieux, mais des hommes. On peut penser à la relation entre Othello et Iago, le traître, à la mort de Richard III ou à la folie d'Henri V... »
Comment rendre crédible sur scène un personnage si proche encore dans l'Histoire ? « Ce rôle est un véritable cadeau ! Tout mon travail a consisté à ne pas le jouer, quitte à tout faire pour m'en rapprocher physiquement le plus possible. J'ai même retrouvé ses lunettes aux Etats-Unis ! D'autre part, après avoir lu sa biographie, j'ai beaucoup travaillé sur des détails psychologiques comme le manque du père, l'appréhension de la mort, la fragilité, l'addiction, parfois drôle aux femmes, à l'alcool, et la déchéance qui en découle, jusqu'à la mort qui vient laver les péchés. Comme toujours, j'aborde un rôle en fouillant pour dénicher un maximum de références précises sur le plan émotionnel. Alors, dans ce cas précis, sans être le Pavarotti de Willy Brandt, je n'ai pas l'impression de le jouer ! »
Comment suivre le fil ? « Démocratie est considérée comme l'une des grandes pièces du XXe siècle. Sa construction, typiquement anglo-saxonne et plus cinématographique que théâtrale, veut qu'au début une voix off résume les faits, puis que, tout en racontant l'histoire au public, les comédiens jouent les situations qui les concernent pendant que les autres restent en retrait. J'ajoute que la mise en scène astucieuse fait référence à Pina Bausch et au Café Müller.»
Il y a deux choses ici, l'histoire, bien réelle, et un auteur qui a baigné dans le monde shakespearien...
La tension dramatique nécessaire, puisque nous sommes au théâtre, est-elle introduite par une part de fiction ? « Les Anglais ont le sens du lien entre fiction et réalité. Il y a en effet deux choses : l'histoire, bien réelle, qui précède la chute du mur de Berlin, les personnages ayant tous existé, la relation entre Günter Guillaume et Willy Brandt, et, parallèlement, un auteur anglais qui a, comme beaucoup en Angleterre, baigné dans le monde shakespearien d'êtres confrontés au pouvoir et à la solitude qui en découle. Laquelle solitude va les pousser à révéler leurs fragilités, leurs contradictions, et à montrer qu'ils ne sont pas des dieux, mais des hommes. On peut penser à la relation entre Othello et Iago, le traître, à la mort de Richard III ou à la folie d'Henri V... »
Comment rendre crédible sur scène un personnage si proche encore dans l'Histoire ? « Ce rôle est un véritable cadeau ! Tout mon travail a consisté à ne pas le jouer, quitte à tout faire pour m'en rapprocher physiquement le plus possible. J'ai même retrouvé ses lunettes aux Etats-Unis ! D'autre part, après avoir lu sa biographie, j'ai beaucoup travaillé sur des détails psychologiques comme le manque du père, l'appréhension de la mort, la fragilité, l'addiction, parfois drôle aux femmes, à l'alcool, et la déchéance qui en découle, jusqu'à la mort qui vient laver les péchés. Comme toujours, j'aborde un rôle en fouillant pour dénicher un maximum de références précises sur le plan émotionnel. Alors, dans ce cas précis, sans être le Pavarotti de Willy Brandt, je n'ai pas l'impression de le jouer ! »
Paru le 18/09/2012
(26 notes) THÉÂTRE 14 Du mardi 11 septembre au samedi 27 octobre 2012
COMÉDIE DRAMATIQUE. Mai 1974, c’est la stupeur: le chancelier Willy Brandt, l’homme de la réconciliation des deux Allemagnes démissionne! On vient de découvrir que son assistant personnel, son homme de confiance depuis son accession au pouvoir, est un espion de la redoutée police de la RDA, la Stasi.
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