Portrait par Jeanne Hoffstetter
Jean-Pierre Lorit
joue «Le Misanthrope» au théâtre de L’œuvre
Dirigé par Michel Fau, qui parallèlement joue Alceste, le comédien incarne à ses côtés un Philinte tout en finesse et subtilité, dans ce superbe «Misanthrope» dont on a rarement savouré à ce point les alexandrins.
Des costumes somptueux aux superbes décors, de la lumière à la direction d'acteurs, tout dans ce Misanthrope est magnifique, surprenant, intelligent et sensible, tout à la fois dans la modernité de Molière et le respect de son théâtre. Le plaisir de retrouver Jean-Pierre Lorit au cœur de cette belle distribution n'a d'égal que celui qu'il éprouve à s'y trouver.
A vingt-six ans il jouait Alceste, mis en scène par France Rousselle et le voici Philinte, tout de noir vêtu au milieu de cet univers coloré et baroque. Molière avait lui-même joué Alceste à quarante-quatre ans, avant de céder le rôle à Baron, qui en avait vingt-trois. « Ce qui voulait dire que cet enthousiasme dans le négatif et la rébellion appartenait à la jeunesse. Revenir à des personnages plus âgés c'est voir les choses sous l'angle de la philosophie. Cette pièce est si riche qu'on peut l'explorer mille fois ! La manière dont elle capte le sentiment amoureux, la relation à la possessivité, l'aspect social avec la médisance et la futilité...»
J'avance petit à petit vers ce à quoi je tends
De sa belle voix grave, Jean-Pierre Lorit s'enthousiasme pour le travail de Michel Fau, pour les mots de Molière. Il dit sa joie de voir le public si réceptif, lui qui avait l'impression que l'amour de la langue française était en train de disparaître. Et de vous citer des passages avec une gourmandise telle, qu'on lui demanderait bien de les dire tous. S'il a commencé le théâtre pour vaincre une certaine introversion, pour « avoir une vie plus grande » il fut ensuite à bonne école. « J'ai eu la chance de rencontrer de grandes personnalités du théâtre qui avaient des manières très différentes de l'aborder : Jacques Sereys, Michel Bouquet, Gérard Desarthe, Michel Bernardy et Mario Gonzales...»
Maquillage, habillage, Jean-Pierre Lorit aime arriver tôt pour rejoindre Philinte, se promener entre les sièges vides, monter sur la scène vibrante d'un passé de chair et d'esprit qu'ils vont tous ensemble ce soir continuer de nourrir. Au théâtre comme dans la vie il aime « les gens, les personnages qui tirent vers le haut. Qui font du bien à côtoyer au quotidien. » Dès lors que ses antennes détectent une présence négative autour de lui, sa sensibilité est profondément heurtée. « J'ai la cinquantaine, et pourtant il m'arrive encore d'être atteint par ça. Mais j'avance petit à petit vers ce à quoi je tends. J'aime l'idée de devenir un Philinte au bout du compte, une personne qui où qu'elle aille est immédiatement elle-même, sait relativiser le négatif, le transformer en positif. C'est du travail ! » Un travail aidé par de fréquents séjours dans son chalet à la montagne qu'il aime tant. « Au milieu d'une nature tellement puissante qu'elle vous ramène à l'essentiel, on relativise bien des choses sur lesquelles on a tendance à avoir le nez collé à Paris. » Tranquille, souriant pour conclure sur le Misanthrope, « C'est un spectacle qui fait du bien et pour ceux qui le jouent, et pour ceux qui le regardent ! »
A vingt-six ans il jouait Alceste, mis en scène par France Rousselle et le voici Philinte, tout de noir vêtu au milieu de cet univers coloré et baroque. Molière avait lui-même joué Alceste à quarante-quatre ans, avant de céder le rôle à Baron, qui en avait vingt-trois. « Ce qui voulait dire que cet enthousiasme dans le négatif et la rébellion appartenait à la jeunesse. Revenir à des personnages plus âgés c'est voir les choses sous l'angle de la philosophie. Cette pièce est si riche qu'on peut l'explorer mille fois ! La manière dont elle capte le sentiment amoureux, la relation à la possessivité, l'aspect social avec la médisance et la futilité...»
J'avance petit à petit vers ce à quoi je tends
De sa belle voix grave, Jean-Pierre Lorit s'enthousiasme pour le travail de Michel Fau, pour les mots de Molière. Il dit sa joie de voir le public si réceptif, lui qui avait l'impression que l'amour de la langue française était en train de disparaître. Et de vous citer des passages avec une gourmandise telle, qu'on lui demanderait bien de les dire tous. S'il a commencé le théâtre pour vaincre une certaine introversion, pour « avoir une vie plus grande » il fut ensuite à bonne école. « J'ai eu la chance de rencontrer de grandes personnalités du théâtre qui avaient des manières très différentes de l'aborder : Jacques Sereys, Michel Bouquet, Gérard Desarthe, Michel Bernardy et Mario Gonzales...»
Maquillage, habillage, Jean-Pierre Lorit aime arriver tôt pour rejoindre Philinte, se promener entre les sièges vides, monter sur la scène vibrante d'un passé de chair et d'esprit qu'ils vont tous ensemble ce soir continuer de nourrir. Au théâtre comme dans la vie il aime « les gens, les personnages qui tirent vers le haut. Qui font du bien à côtoyer au quotidien. » Dès lors que ses antennes détectent une présence négative autour de lui, sa sensibilité est profondément heurtée. « J'ai la cinquantaine, et pourtant il m'arrive encore d'être atteint par ça. Mais j'avance petit à petit vers ce à quoi je tends. J'aime l'idée de devenir un Philinte au bout du compte, une personne qui où qu'elle aille est immédiatement elle-même, sait relativiser le négatif, le transformer en positif. C'est du travail ! » Un travail aidé par de fréquents séjours dans son chalet à la montagne qu'il aime tant. « Au milieu d'une nature tellement puissante qu'elle vous ramène à l'essentiel, on relativise bien des choses sur lesquelles on a tendance à avoir le nez collé à Paris. » Tranquille, souriant pour conclure sur le Misanthrope, « C'est un spectacle qui fait du bien et pour ceux qui le jouent, et pour ceux qui le regardent ! »
Paru le 12/04/2014
(14 notes) THÉÂTRE DE L'ŒUVRE Du jeudi 30 janvier au samedi 3 mai 2014
COMÉDIE. C'est parce que cette oeuvre est éternelle et intemporelle qu'elle n'a pas besoin d'une réactualisation réductrice ; il faut rêver le 17ème siècle, profiter du style baroque de l'oeuvre et exploiter l'alexandrin qui est le vers noble, pour mettre en lumière un monde décadent et raffiné, précieux e...
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