Interview par Jeanne Hoffstetter
Isabelle Carré
au théâtre du Rond-Point
Après « Le sourire d'Audrey Hepburn », mise en scène par Jérôme Kircher au théâtre de L'œuvre, la comédienne jouera aux côtés de Patrick Chesnais « Honneur à notre élue » de Marie Ndiaye, sous la direction de Frédéric Bélier-Garcia. On se réjouit d'avance.
L'histoire :
Une élue, intègre et énigmatique, fait depuis dix ans le bonheur d'une petite ville portuaire et de ses administrés. Jusqu'au jour où, décidé à prendre sa revanche sur sa précédente défaite, son opposant profite de la campagne électorale pour fomenter un complot visant à la déposséder de son pouvoir... L'auteure aborde ici de manière subtile et singulière l'attrait ou le rejet qu'exercent sur nous les dirigeants de ce monde.
La pièce arrive à point nommé pour aiguiser notre regard !
Oui ! Elle était prévue il y a un an mais je n'étais pas libre, et en fin de compte c'est le bon moment alors que viennent d'avoir lieu les élections présidentielles aux Etats-Unis, et qu'elles se profilent chez nous. Car que nous dit cette pièce au fond ? Que notre propension semble aller vers ce qui va nous détruire. Elle nous questionne et l'on se dit que c'est la réalité, que peu importe par exemple le nombre de casseroles qu'ont les hommes politiques derrière eux, on les oublie. Plutôt que d'être portés par des personnes irréprochables, ne préférons-nous pas l'être par des gens qui nous ressemblent, voire qui sont bien pire que nous ? Mais celui qui fait le moins de bruit, et Dieu sait si c'est difficile aujourd'hui, ne mérite-t-il pas davantage notre écoute face à la violence de ces combats ? A travers ce texte brillant, saisissant, et d'une clarté merveilleuse, Marie N'Daiye ne juge pas mais semble nous souffler à l'oreille : mais soyez plus exigeants ! Et surtout, comme Brecht dans « La Force de l'habitude » : entendez la différence. Voilà, je me réjouis à l'idée que ça peut donner matière à réflexion avant d'aller voter...
Qui est au fond cette élue que vous interprétez, et dont l'étrange comportement peut surprendre ?
Elle est sans tache et incorruptible. Pendant dix ans, elle a comblé ses administrés en créant une sorte de monde idéal. Mais les élections arrivent et son opposant, qui a toujours été plutôt réglo, se dit qu'il est temps de passer à la marche supérieure s'il veut un jour accéder au pouvoir. Dès lors, tous les coups sont permis. Excepté qu'à aucun moment elle ne va prendre sa propre défense, parce que pour elle l'injustice n'existe pas. Alors, sans se placer au-dessus, elle observe les choses, observe l'âme humaine. Elle semble apprendre quelque chose et ne pas en être blessée car elle se dit qu'elle a dû quelque part faire du mal sans en avoir eu conscience, ou si, peut-être, elle ne sait plus... C'est un personnage fabuleux ! Une âme mystérieuse qui a un secret...
Sans révéler l'intrigue, vous défendez à nouveau, après Audrey Hepburn, un personnage, fictif cette fois, mais dont l'intégrité dissimule également un secret.
C'est vrai, j'adore l'idée que chacun ait un secret et qu'il nourrisse le reste. Que tout soit construit là-dessus. J'aime ces zones d'ombre et le fait de ne pas vouloir se justifier, le fait que l'on n'explique pas tout... Comme pour une peinture abstraite.
Une élue, intègre et énigmatique, fait depuis dix ans le bonheur d'une petite ville portuaire et de ses administrés. Jusqu'au jour où, décidé à prendre sa revanche sur sa précédente défaite, son opposant profite de la campagne électorale pour fomenter un complot visant à la déposséder de son pouvoir... L'auteure aborde ici de manière subtile et singulière l'attrait ou le rejet qu'exercent sur nous les dirigeants de ce monde.
La pièce arrive à point nommé pour aiguiser notre regard !
Oui ! Elle était prévue il y a un an mais je n'étais pas libre, et en fin de compte c'est le bon moment alors que viennent d'avoir lieu les élections présidentielles aux Etats-Unis, et qu'elles se profilent chez nous. Car que nous dit cette pièce au fond ? Que notre propension semble aller vers ce qui va nous détruire. Elle nous questionne et l'on se dit que c'est la réalité, que peu importe par exemple le nombre de casseroles qu'ont les hommes politiques derrière eux, on les oublie. Plutôt que d'être portés par des personnes irréprochables, ne préférons-nous pas l'être par des gens qui nous ressemblent, voire qui sont bien pire que nous ? Mais celui qui fait le moins de bruit, et Dieu sait si c'est difficile aujourd'hui, ne mérite-t-il pas davantage notre écoute face à la violence de ces combats ? A travers ce texte brillant, saisissant, et d'une clarté merveilleuse, Marie N'Daiye ne juge pas mais semble nous souffler à l'oreille : mais soyez plus exigeants ! Et surtout, comme Brecht dans « La Force de l'habitude » : entendez la différence. Voilà, je me réjouis à l'idée que ça peut donner matière à réflexion avant d'aller voter...
Qui est au fond cette élue que vous interprétez, et dont l'étrange comportement peut surprendre ?
Elle est sans tache et incorruptible. Pendant dix ans, elle a comblé ses administrés en créant une sorte de monde idéal. Mais les élections arrivent et son opposant, qui a toujours été plutôt réglo, se dit qu'il est temps de passer à la marche supérieure s'il veut un jour accéder au pouvoir. Dès lors, tous les coups sont permis. Excepté qu'à aucun moment elle ne va prendre sa propre défense, parce que pour elle l'injustice n'existe pas. Alors, sans se placer au-dessus, elle observe les choses, observe l'âme humaine. Elle semble apprendre quelque chose et ne pas en être blessée car elle se dit qu'elle a dû quelque part faire du mal sans en avoir eu conscience, ou si, peut-être, elle ne sait plus... C'est un personnage fabuleux ! Une âme mystérieuse qui a un secret...
Sans révéler l'intrigue, vous défendez à nouveau, après Audrey Hepburn, un personnage, fictif cette fois, mais dont l'intégrité dissimule également un secret.
C'est vrai, j'adore l'idée que chacun ait un secret et qu'il nourrisse le reste. Que tout soit construit là-dessus. J'aime ces zones d'ombre et le fait de ne pas vouloir se justifier, le fait que l'on n'explique pas tout... Comme pour une peinture abstraite.
Paru le 04/03/2017
(32 notes) THÉÂTRE DU ROND-POINT Du mercredi 1 mars au dimanche 26 mars 2017
COMÉDIE. Marie NDiaye compose une fable politique, un conte poétique : Notre Élue, irréprochable, modèle absolu de probité, se trouve mise à mal par l’Opposant. Isabelle Carré et Patrick Chesnais plongent avec un humour féroce dans les rouages du pouvoir.
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