Dossier par Jeanne Hoffstetter
Betty’s Family
au théâtre La Bruyère
Cette comédie grinçante et drôle signée Isabelle Rougerie et Fabrice Blind, nous invite à partager la soirée "presque" banale d'une famille tiraillée entre petits égoïsmes ordinaires et problèmes à résoudre.
La situation
Clarisse, psycho rigide intolérante au gluten et à tout ce qui ne lui ressemble pas, son mari négociateur en vin. Lisa la sœur de Clarisse et ses échecs amoureux, Vincent animateur télé en perte de vitesse, égocentré et homosexuel, un voisin dépressif, une mère atteinte d'Alzheimer, et des solutions à trouver pour que chacun y trouve son compte.
Stéphane Bierry met en scène, et interprète le rôle de Vincent
Comédien, metteur en scène, peintre... Le théâtre est le nid qui l'a vu naître et grandir. Fils de Renée Delmas et Etienne Bierry qui dirigèrent de nombreuses années l'incontournable théâtre de Poche, et frère de Marion, non moins reconnue dans le milieu, Stéphane Bierry affiche dans ce domaine sa préférence pour les comédies. Mais pas n'importe lesquelles, et de citer "Le Dîner de cons, Cuisine et dépendances..." Les sommets du genre dans lesquels chacun vit un drame et exprime volontiers sa méchanceté. "Voilà ce que j'aime. Les comédies franchouillardes avec canapé rouge IKEA je n'en peux plus ! L'esprit stand-up mauvais café-théâtre non plus. Une comédie ? Il faut en rire, ah oui, oui ! Mais dans celles que j'aime, le rire côtoie le drame que chacun vit personnellement." Un dîner qui part en vrille, des personnages et leurs problèmes frappés du sceau de notre époque, du rire et de la cruauté, quel angle adopter pour monter cette pièce ? "C'est une comédie collégiale qui dérape, oui, mais dont l'enjeu est fort, et tenu. Si les deux sœurs échangent des propos très durs et ont une attitude différente face au grain de sable que représente la mère dans le rouage, si l'on rit de l'Alzheimer de cette mère, si le personnage du mari, Régis, que j'adore, joué par Patrick Zard' est un drôle de coco, il est aussi question des difficultés que rencontrent aujourd'hui les générations ayant passé la cinquantaine, qui ont leurs vies et qui sont tiraillées entre des problèmes posés par leurs aînés et leur propre égoïsme. Où se trouve la frontière ? Pour moi c'est une pièce sur l'égoïsme. En la lisant, les choses paraissent très dures, alors je trouve ça très fort de parvenir à en faire une comédie. Isabelle a vraiment l'art de savoir camper des personnages, ce qui est formidable pour les acteurs, et là, c'est l'acteur que je suis aussi qui vous parle. Si j'avais ce talent-là, j'en écrirais des choses ! L'écriture a du lien, les personnages parlent d'eux mais leur passé est très présent. Je n'ai donc pas choisi un angle particulièrement comique pour la monter. On est dans le réalisme, dans l'humain, ce qui ne demande pas une grande scénographie, même si je suis très heureux d'apporter ma touche au travail de l'équipe."
Un metteur en scène doit s'occuper un peu de tout aussi, ajoute Stéphane Bierry en riant et en reconnaissant son "petit caprice de metteur en scène" : toujours parvenir à placer dans le décor une de ses toiles. Quant au théâtre en général, il déplore une certaine "Avignonisation" de Paris depuis 2010, "parce qu'il n'y a malheureusement pas plus de spectateurs. Alors, compte tenu des circonstances, je vous avoue que j'ai le trac quand même. Mais on y croit vraiment, parce qu'avec Betty's family on tient quelque chose, une pièce contemporaine, une création, et c'est une comédie comme je les aime !"
Véronique Genest dans le rôle de Clarisse
A plus d'un titre, elle est enchantée de sa rentrée théâtrale. Une pièce excellente, drôle et forte dont elle connaît bien l'auteure, ainsi que l'équipe qui partage l'affiche avec elle. Et puis ce rôle, bien sûr ! "J'ai surtout joué des comédies de boulevard, et ce qui m'a plu avec Betty's family, c'est que c'est une pièce plutôt douce-amère, une histoire familiale qui repose sur de vrais sujets de société. Mais la situation, et l'égoïsme du personnage est si exacerbé que ça en devient vraiment drôle. Donc, je suis Clarisse, la maîtresse femme du groupe, qui organise, qui nourrit et qui prépare l'anniversaire de sa sœur avec un but très précis... C'est une bobo-bourgeoise, écolo, feng shui, rigide et installée dans son confort. Elle veut mettre tout le monde au régime sans gluten et ferait le tour de la ville en bagnole pour trouver un truc non polluant. Elle est l'image même de tous les excès que l'on peut rencontrer aujourd'hui. Moi ? Je suis carrément l'inverse. Dans ma vie je suis peut-être excessive dans le désir, dans l'envie de rigoler, mais les gens peuvent faire ce qu'ils veulent ça m'est totalement égal du moment que ça n'intervient pas dans ma vie."
Sa vie ? Une malle aux trésors qu'elle remplit de mille choses au hasard des années et de sa grande curiosité. Tout au fond, un souvenir, la voix de son père qu'elle adorait, mort alors qu'elle était encore petite fille et l'appelant "la grande Sarah" lorsque comme nombre d'enfants elle se déguise et joue la comédie. Repense-t-elle parfois à cette "grande Sarah"? On trouve au cœur de cet inventaire, une formation sérieuse d'esthéticienne-maquilleuse qui lui ouvre les portes d'un tournage et provoque son envie de devenir comédienne. Changement de direction, elle fonce et prend les cours nécessaires. "Ah oui, j'en ai fait des choses ! Mais tout sert dans la vie." Cinéma, télévision, radio, le public l'aime et la suit. "Les spectacles ? J'en ai fait beaucoup et je crois que ce que je préfère, là où je me sens le plus libre, où la surprise est toujours renouvelée, où chaque soir c'est un nouveau challenge, un nouveau plaisir, c'est le spectacle vivant, l'esprit de troupe, que j'aimais d'ailleurs recréer quand je jouais Julie Lescaut. J'adore les équipes, les bandes de copains... J'aime les pièces chorales, comme celle-ci où l'on est tous au service d'un texte bien écrit et qui veut dire quelque chose. Ce qui compte au final c'est que l'on se souvienne avant toute chose de la pièce elle-même. Et selon moi, pour qu'une pièce soit réussie il faut que ce soit l'histoire qui embarque le public et que tous les personnages soient, à égalité, bien pensés et formidables. Ce qui est le cas ici."
Clarisse, psycho rigide intolérante au gluten et à tout ce qui ne lui ressemble pas, son mari négociateur en vin. Lisa la sœur de Clarisse et ses échecs amoureux, Vincent animateur télé en perte de vitesse, égocentré et homosexuel, un voisin dépressif, une mère atteinte d'Alzheimer, et des solutions à trouver pour que chacun y trouve son compte.
Stéphane Bierry met en scène, et interprète le rôle de Vincent
Comédien, metteur en scène, peintre... Le théâtre est le nid qui l'a vu naître et grandir. Fils de Renée Delmas et Etienne Bierry qui dirigèrent de nombreuses années l'incontournable théâtre de Poche, et frère de Marion, non moins reconnue dans le milieu, Stéphane Bierry affiche dans ce domaine sa préférence pour les comédies. Mais pas n'importe lesquelles, et de citer "Le Dîner de cons, Cuisine et dépendances..." Les sommets du genre dans lesquels chacun vit un drame et exprime volontiers sa méchanceté. "Voilà ce que j'aime. Les comédies franchouillardes avec canapé rouge IKEA je n'en peux plus ! L'esprit stand-up mauvais café-théâtre non plus. Une comédie ? Il faut en rire, ah oui, oui ! Mais dans celles que j'aime, le rire côtoie le drame que chacun vit personnellement." Un dîner qui part en vrille, des personnages et leurs problèmes frappés du sceau de notre époque, du rire et de la cruauté, quel angle adopter pour monter cette pièce ? "C'est une comédie collégiale qui dérape, oui, mais dont l'enjeu est fort, et tenu. Si les deux sœurs échangent des propos très durs et ont une attitude différente face au grain de sable que représente la mère dans le rouage, si l'on rit de l'Alzheimer de cette mère, si le personnage du mari, Régis, que j'adore, joué par Patrick Zard' est un drôle de coco, il est aussi question des difficultés que rencontrent aujourd'hui les générations ayant passé la cinquantaine, qui ont leurs vies et qui sont tiraillées entre des problèmes posés par leurs aînés et leur propre égoïsme. Où se trouve la frontière ? Pour moi c'est une pièce sur l'égoïsme. En la lisant, les choses paraissent très dures, alors je trouve ça très fort de parvenir à en faire une comédie. Isabelle a vraiment l'art de savoir camper des personnages, ce qui est formidable pour les acteurs, et là, c'est l'acteur que je suis aussi qui vous parle. Si j'avais ce talent-là, j'en écrirais des choses ! L'écriture a du lien, les personnages parlent d'eux mais leur passé est très présent. Je n'ai donc pas choisi un angle particulièrement comique pour la monter. On est dans le réalisme, dans l'humain, ce qui ne demande pas une grande scénographie, même si je suis très heureux d'apporter ma touche au travail de l'équipe."
Un metteur en scène doit s'occuper un peu de tout aussi, ajoute Stéphane Bierry en riant et en reconnaissant son "petit caprice de metteur en scène" : toujours parvenir à placer dans le décor une de ses toiles. Quant au théâtre en général, il déplore une certaine "Avignonisation" de Paris depuis 2010, "parce qu'il n'y a malheureusement pas plus de spectateurs. Alors, compte tenu des circonstances, je vous avoue que j'ai le trac quand même. Mais on y croit vraiment, parce qu'avec Betty's family on tient quelque chose, une pièce contemporaine, une création, et c'est une comédie comme je les aime !"
Véronique Genest dans le rôle de Clarisse
A plus d'un titre, elle est enchantée de sa rentrée théâtrale. Une pièce excellente, drôle et forte dont elle connaît bien l'auteure, ainsi que l'équipe qui partage l'affiche avec elle. Et puis ce rôle, bien sûr ! "J'ai surtout joué des comédies de boulevard, et ce qui m'a plu avec Betty's family, c'est que c'est une pièce plutôt douce-amère, une histoire familiale qui repose sur de vrais sujets de société. Mais la situation, et l'égoïsme du personnage est si exacerbé que ça en devient vraiment drôle. Donc, je suis Clarisse, la maîtresse femme du groupe, qui organise, qui nourrit et qui prépare l'anniversaire de sa sœur avec un but très précis... C'est une bobo-bourgeoise, écolo, feng shui, rigide et installée dans son confort. Elle veut mettre tout le monde au régime sans gluten et ferait le tour de la ville en bagnole pour trouver un truc non polluant. Elle est l'image même de tous les excès que l'on peut rencontrer aujourd'hui. Moi ? Je suis carrément l'inverse. Dans ma vie je suis peut-être excessive dans le désir, dans l'envie de rigoler, mais les gens peuvent faire ce qu'ils veulent ça m'est totalement égal du moment que ça n'intervient pas dans ma vie."
Sa vie ? Une malle aux trésors qu'elle remplit de mille choses au hasard des années et de sa grande curiosité. Tout au fond, un souvenir, la voix de son père qu'elle adorait, mort alors qu'elle était encore petite fille et l'appelant "la grande Sarah" lorsque comme nombre d'enfants elle se déguise et joue la comédie. Repense-t-elle parfois à cette "grande Sarah"? On trouve au cœur de cet inventaire, une formation sérieuse d'esthéticienne-maquilleuse qui lui ouvre les portes d'un tournage et provoque son envie de devenir comédienne. Changement de direction, elle fonce et prend les cours nécessaires. "Ah oui, j'en ai fait des choses ! Mais tout sert dans la vie." Cinéma, télévision, radio, le public l'aime et la suit. "Les spectacles ? J'en ai fait beaucoup et je crois que ce que je préfère, là où je me sens le plus libre, où la surprise est toujours renouvelée, où chaque soir c'est un nouveau challenge, un nouveau plaisir, c'est le spectacle vivant, l'esprit de troupe, que j'aimais d'ailleurs recréer quand je jouais Julie Lescaut. J'adore les équipes, les bandes de copains... J'aime les pièces chorales, comme celle-ci où l'on est tous au service d'un texte bien écrit et qui veut dire quelque chose. Ce qui compte au final c'est que l'on se souvienne avant toute chose de la pièce elle-même. Et selon moi, pour qu'une pièce soit réussie il faut que ce soit l'histoire qui embarque le public et que tous les personnages soient, à égalité, bien pensés et formidables. Ce qui est le cas ici."
Paru le 20/10/2020
(30 notes) THÉÂTRE ACTUEL / LA BRUYÈRE Du mercredi 3 juin au samedi 14 novembre 2020
COMÉDIE. Clarisse, bienveillante, protectrice, intolérante au gluten... et à tout ce qui ne lui ressemble pas. Son mari Régis, négociateur en vin, parcourant les routes... Lisa, sa sœur, débordée par ses échecs, ses amours immatures et Vincent, animateur de jeux télé en bout de course et totalement égocent...
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