Un acteur, un instrument de musique et pas grand-chose d'autre, si ce n'est l'imaginaire, ici en majesté. Une cité, depuis sa fenêtre il regarde l'immeuble d'en face et, emporté par son imagination, donne vie à des habitants dont il devine la silhouette tout en s'adressant à Pierre le musicien : Pierre, tu as raison, il y a bien deux femmes dans cette pièce... Mais Pierre ne répond pas, il n'a pas de voix. Est-il réellement là ou est-ce un rêve ? « Qui sait ? Plus encore que la vérité, ce qui compte c'est le récit de la vie quotidienne donné à des personnes oubliées, qui ne bénéficient d'aucun regard et qui n'ont leur place dans le récit médiatique que lorsqu'il arrive un événement scandaleux ou morbide. » Serait-il juste de dire qu'il s'agit d'un spectacle de poètes dans lequel l'imaginaire jouerait étroitement avec une réalité pure et dure ? « C'est un bon résumé. Même si nous travaillons sur des histoires, des personnes, et des situations réelles, l'enjeu de la narration est de les sublimer, par les ressorts de la fable, de la musique et de la poésie, pour donner vie à des histoires qui n'apparaissent, sous cet angle, pas dans nos journaux » Du pur théâtre de narration. Un processus qu'aime particulièrement le comédien, pour sa puissance et sa simplicité. Debout, sans fioritures, il imagine, parle, « Si ce processus simplisme du théâtre fonctionne, nous nous mettons à imaginer, et donc à voir. À Nous rapprocher. »