© Harry Jeanne
Interview par Jeanne Hoffstetter
Jacques Martial
au théâtre de L’Épée de bois
Tenu éloigné de la scène par différentes fonctions à la ville de Paris, il revient à sa vie d'artiste avec Cahier d'un retour au pays natal, d'Aimé Césaire, spectacle qu'il interprète et met en scène.
Il y a longtemps, vous aviez monté et présenté à travers le monde ce texte d'Aimé Césaire, et nous savons combien il vous tient à cœur. Quelles en sont les raisons ?
Bien qu'Aimé Césaire ait eu seulement 25 ans lorsque commença la publication de ce poème, en 1939, sa parole se révèle chaque jour d'une actualité plus criante et c'est toujours le cas aujourd'hui. En réponse aux idées racistes qui se répandaient, il disait et dit toujours le besoin de Re Co Naissance : Naître à nouveau ensemble au sens étymologique du terme. Pour moi, l'un des grands défis de ce siècle c'est le Vivre ensemble. Concept assez galvaudé en ce moment alors qu'il est absolument essentiel.
Pour être un texte d'une grande poésie, certains passages à la lecture m'ont néanmoins semblé d'une grande violence.
C'est un texte qui prend la violence de son époque à bras le corps, écrit par un très jeune homme traversé par l'urgence de dire que les peuples noirs existent, qu'ils ont une histoire, une dignité à retrouver. Alors il a ces accès de révolte et de colère que vous appelez violence. La poésie d'Aimé Césaire est une lame de fond d'une grande puissance évocatrice, tant émotionnelle qu'intellectuelle.
Depuis une dizaine d'années le mouvement «Black lives matter» se fait entendre. Il vous semble donc urgent de faire découvrir la poésie de Césaire, susceptible de nous apporter un éclairage différent, une réflexion nouvelle? Mais le racisme n'a pas qu'une couleur...
Oui, les gens font des amalgames d'un côté comme de l'autre et le racisme en effet n'a pas qu'une couleur, l'exclusion et le communautarisme non plus ! C'est la raison pour laquelle il m'a semblé urgent, opportun, de revenir à la parole d'Aimé Césaire, qui lui ne se perd pas dans des endroits dangereux producteurs d'exclusion. C'est un texte des plus puissants. Il éveille les consciences. Il nous invite à avoir le courage de nous confronter à l'histoire, à la partager et à en tirer collectivement les enseignements.
Votre spectacle et vous-même avez été encensés, vous avez réussi à faire entendre et comprendre la parole, les mots d'Aimé Césaire. Réussi à ce que sa poésie touche autant le cœur que l'intelligence du public.
Nous avons réussi avec Pierre Attrait, le scénographe, à écrire scéniquement ce poème pour lui donner une réalité théâtrale. Trouver le personnage qui permette aux spectateurs d'entrer soudain dans ce voyage au long cours, de les faire naviguer à l'intérieur de ce poème sans s'y perdre. Oui, c'est un spectacle de théâtre qui offre un support, un tremplin à l'imaginaire du spectateur pour l'emmener dans des endroits encore plus fantastiques que tout ce que la technologie d'aujourd'hui peut nous offrir. Je suis absolument traversé par la beauté et l'intelligence de ce texte qui nous permet de revenir à l'essence même du théâtre !
Bien qu'Aimé Césaire ait eu seulement 25 ans lorsque commença la publication de ce poème, en 1939, sa parole se révèle chaque jour d'une actualité plus criante et c'est toujours le cas aujourd'hui. En réponse aux idées racistes qui se répandaient, il disait et dit toujours le besoin de Re Co Naissance : Naître à nouveau ensemble au sens étymologique du terme. Pour moi, l'un des grands défis de ce siècle c'est le Vivre ensemble. Concept assez galvaudé en ce moment alors qu'il est absolument essentiel.
Pour être un texte d'une grande poésie, certains passages à la lecture m'ont néanmoins semblé d'une grande violence.
C'est un texte qui prend la violence de son époque à bras le corps, écrit par un très jeune homme traversé par l'urgence de dire que les peuples noirs existent, qu'ils ont une histoire, une dignité à retrouver. Alors il a ces accès de révolte et de colère que vous appelez violence. La poésie d'Aimé Césaire est une lame de fond d'une grande puissance évocatrice, tant émotionnelle qu'intellectuelle.
Depuis une dizaine d'années le mouvement «Black lives matter» se fait entendre. Il vous semble donc urgent de faire découvrir la poésie de Césaire, susceptible de nous apporter un éclairage différent, une réflexion nouvelle? Mais le racisme n'a pas qu'une couleur...
Oui, les gens font des amalgames d'un côté comme de l'autre et le racisme en effet n'a pas qu'une couleur, l'exclusion et le communautarisme non plus ! C'est la raison pour laquelle il m'a semblé urgent, opportun, de revenir à la parole d'Aimé Césaire, qui lui ne se perd pas dans des endroits dangereux producteurs d'exclusion. C'est un texte des plus puissants. Il éveille les consciences. Il nous invite à avoir le courage de nous confronter à l'histoire, à la partager et à en tirer collectivement les enseignements.
Votre spectacle et vous-même avez été encensés, vous avez réussi à faire entendre et comprendre la parole, les mots d'Aimé Césaire. Réussi à ce que sa poésie touche autant le cœur que l'intelligence du public.
Nous avons réussi avec Pierre Attrait, le scénographe, à écrire scéniquement ce poème pour lui donner une réalité théâtrale. Trouver le personnage qui permette aux spectateurs d'entrer soudain dans ce voyage au long cours, de les faire naviguer à l'intérieur de ce poème sans s'y perdre. Oui, c'est un spectacle de théâtre qui offre un support, un tremplin à l'imaginaire du spectateur pour l'emmener dans des endroits encore plus fantastiques que tout ce que la technologie d'aujourd'hui peut nous offrir. Je suis absolument traversé par la beauté et l'intelligence de ce texte qui nous permet de revenir à l'essence même du théâtre !
Paru le 27/09/2022
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CAHIER D’UN RETOUR AU PAYS NATAL Cartoucherie - L'Epée de bois Du jeudi 5 mai au dimanche 16 octobre 2022
THÉÂTRE CONTEMPORAIN à partir de 9 ans. Cahier d’un retour au pays natal est fermement enraciné dans la réalité sociale, historique et géographique des Antilles françaises de l’entre-deux-guerres. À cette époque, la France et l’Europe régnaient en maîtres sur leurs empires coloniaux, notamment sur l’Afrique et les Antilles. À cette époq...
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