Interview par Jeanne Hoffstetter
Olivier Sitruk
Je préfère qu’on reste ensemble
Finalement ils se marièrent, vécurent heureux, n'eurent pas d'enfants, mais chantèrent et s'amusèrent. Non content d'en rester là, Laurent Ruquier nous invite à retrouver Claudine et Valentin en pleine crise après dix ans de mariage. Olivier Sitruk est désormais le partenaire de Michèle Bernier.
Vous reprenez le rôle de Valentin que jouait Frédéric Diefenthal dans Je préfère qu'on reste amis. Quel sera « votre » Valentin ?
Frédéric étant trop pris par la série télé Ici tout commence, on m'a proposé le rôle. J'ai trouvé la pièce très, très chouette, j'ai rencontré Michèle et Marie-Pascale Osterrieth et voilà, ça s'est fait tout naturellement et avec un grand plaisir. Mon Valentin est le même que celui de Frédéric, il a la même histoire mais il a mûri, le couple a dix ans de plus et rencontre les problèmes qui vont avec. Après, moi j'arrive avec ma personnalité, ma façon d'être et de jouer. C'est un Valentin rempli de tout ça que vous verrez. Quant aux personnages en général, je fais partie de ceux qui pensent que l'on ne rentre pas dans leur peau par l'extérieur, mais que c'est en soi qu'il faut les trouver, alors je cherche, et je trouve. Je crois aussi beaucoup à la vertu des répétitions, donc pour l'instant Valentin est en train de se mettre en place.
Passer en peu de temps de Goldoni à Oscar Wilde, d'Ayad Akhtar à Laurent Ruquier, des univers, des mondes, des époques séparent ces auteurs, c'est tout l'art du comédien que de s'y fondre !
Oui, c'est notre travail de comédien et c'est formidable. Du théâtre classique au contemporain, je pense qu'on n'a jamais fini d'en explorer tous les personnages.
En suivant les cours du Conservatoire de Nice avant d'être diplômé du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, vous n'imaginiez certainement pas que l'image allait vous cannibaliser, si l'on peut employer ce terme. Un trou d'une dizaine d'années sur les planches, avant de vous y retrouver très régulièrement dans des rôles et des espaces très variés.
C'est vrai qu'au départ je n'avais envie que de théâtre. Je n'imaginais pas faire autre chose. Pour moi les comédiens ne pouvaient être que des gens de théâtre, et les rares fois où je regardais la télé c'était pour « Au théâtre ce soir ». Mais j'ai eu un enfant à vingt-quatre ans, il fallait que je gagne ma vie et le hasard a fait que l'on m'a proposé de très belles choses à l'image. Puis grâce à Steve Suissa avec lequel je venais de faire un film, je suis revenu sur scène en 2005 et je lui en sais gré très fortement. Je n'avais pas joué au théâtre depuis dix ans et je me suis dit que je ne passerai plus une année sans y revenir. J'ai joué des rôles très variés dans des espaces très divers. Qu'il s'agisse du privé, du subventionné ou d'Avignon, c'est passionnant et c'est un vrai luxe que de pouvoir expérimenter tout ça, que de découvrir des rapports différents.
Au Conservatoire National vous avez demandé à Daniel Mesguisch de vous accepter dans son cours. Pour quelle raison ?
J'ai un immense respect pour lui. C'était un formidable pédagogue qui a un humour incroyable. Je garde de lui son intelligence, sa finesse dans son rapport au texte, aux mots et à leur musique. J'ai travaillé Pinter avec lui et on pouvait passer deux heures simplement sur un Oui ! Même si vous n'y pensez pas, si vous n'êtes pas dans l'intelligence de ce oui, vous restez rempli de quelque chose qui n'est pas anodin. On peut aimer ou pas cette vision du théâtre, mais c'est passionnant quand on est un jeune élève. Évidemment il y a d'autres méthodes et il n'y a pas de théorie plus forte que les autres.
Pouvons-nous parler de vos projets ? De vos envies ? Une mise en scène, peut-être ?
J'ai encore des tas de personnages à explorer en tant que comédien, et plus on avance, plus ils sont différents. Concrètement, je vais reprendre au Rond-Point en avril 23 "Disgrace", d'Ayad Akthar mis en scène par Daniel Benoin. Puis un projet mis en scène par Virginie Lemoine, une pièce incroyable, Dolores, autour d'un danseur de Flamenco qui a existé dans les années vingt. Une histoire vraie, hallucinante. Sinon, oui j'ai toujours eu intimement envie de mise en scène. Jusqu'à présent je ne me le suis jamais autorisé. Par respect pour les metteurs en scène que j'admire, je ne me sentais pas légitime à le faire. Mais maintenant je me dis : Après tout, ça n'est pas grave si je ne suis pas encore à la hauteur. Mais c'est compliqué, je travaille beaucoup et pour ça, il faudrait que je puisse m'arrêter pendant un certain temps, savoir aussi ce que j'ai envie de mettre en scène, et pourquoi j'ai envie de le faire. Je lis des textes, des histoires intéressantes comme celle de Marilyn Monroe et des quelques séances de psychanalyse qu'elle a suivies avec Anna Freud, fille de Sigmund Freud. Peu de gens le savent et c'est un sujet intéressant. Et puis j'aimerais, peut-être l'année prochaine, réaliser mon court-métrage, d'après Quelques jours en été, une BD de Chabouté. Comment la résumer ? C'est l'histoire d'un enfant que des évènements négatifs, mais d'autres positifs, vont marquer à vie. Pour moi elle ressemble à une phrase du philosophe Alain qui disait : « On pousse notre enfance devant nous et c'est notre seul avenir. » Voilà ce que j'aimerais raconter.
Certains philosophes et auteurs vous inspirent-ils ? Reprendriez-vous à votre actif certaines phrases entendues ?
J'aime beaucoup la réponse qu'avait faite Kirk Douglas à un journaliste qui lui demandait : «C'est quoi être acteur pour vous?» Après avoir réfléchi un moment il a répondu : « Un acteur, c'est un enfant intelligent. » Je trouve ça très juste, on joue toujours, mais plus de la même manière, un acteur a acquis une intelligence par rapport au jeu. Très souvent les auteurs sont inspirés par des philosophes, des phrases, des événements. Ça vous nourrit, vous remplit tellement ! Regardez Lucchini par exemple. Sinon Schopenhauer m'a beaucoup marqué. Par exemple, au lieu de se dire : Ah zut, il pleut ! pourquoi ne pas se dire : C'est beau la pluie qui tombe... C'est mieux ! Non ?
Frédéric étant trop pris par la série télé Ici tout commence, on m'a proposé le rôle. J'ai trouvé la pièce très, très chouette, j'ai rencontré Michèle et Marie-Pascale Osterrieth et voilà, ça s'est fait tout naturellement et avec un grand plaisir. Mon Valentin est le même que celui de Frédéric, il a la même histoire mais il a mûri, le couple a dix ans de plus et rencontre les problèmes qui vont avec. Après, moi j'arrive avec ma personnalité, ma façon d'être et de jouer. C'est un Valentin rempli de tout ça que vous verrez. Quant aux personnages en général, je fais partie de ceux qui pensent que l'on ne rentre pas dans leur peau par l'extérieur, mais que c'est en soi qu'il faut les trouver, alors je cherche, et je trouve. Je crois aussi beaucoup à la vertu des répétitions, donc pour l'instant Valentin est en train de se mettre en place.
Passer en peu de temps de Goldoni à Oscar Wilde, d'Ayad Akhtar à Laurent Ruquier, des univers, des mondes, des époques séparent ces auteurs, c'est tout l'art du comédien que de s'y fondre !
Oui, c'est notre travail de comédien et c'est formidable. Du théâtre classique au contemporain, je pense qu'on n'a jamais fini d'en explorer tous les personnages.
En suivant les cours du Conservatoire de Nice avant d'être diplômé du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique, vous n'imaginiez certainement pas que l'image allait vous cannibaliser, si l'on peut employer ce terme. Un trou d'une dizaine d'années sur les planches, avant de vous y retrouver très régulièrement dans des rôles et des espaces très variés.
C'est vrai qu'au départ je n'avais envie que de théâtre. Je n'imaginais pas faire autre chose. Pour moi les comédiens ne pouvaient être que des gens de théâtre, et les rares fois où je regardais la télé c'était pour « Au théâtre ce soir ». Mais j'ai eu un enfant à vingt-quatre ans, il fallait que je gagne ma vie et le hasard a fait que l'on m'a proposé de très belles choses à l'image. Puis grâce à Steve Suissa avec lequel je venais de faire un film, je suis revenu sur scène en 2005 et je lui en sais gré très fortement. Je n'avais pas joué au théâtre depuis dix ans et je me suis dit que je ne passerai plus une année sans y revenir. J'ai joué des rôles très variés dans des espaces très divers. Qu'il s'agisse du privé, du subventionné ou d'Avignon, c'est passionnant et c'est un vrai luxe que de pouvoir expérimenter tout ça, que de découvrir des rapports différents.
Au Conservatoire National vous avez demandé à Daniel Mesguisch de vous accepter dans son cours. Pour quelle raison ?
J'ai un immense respect pour lui. C'était un formidable pédagogue qui a un humour incroyable. Je garde de lui son intelligence, sa finesse dans son rapport au texte, aux mots et à leur musique. J'ai travaillé Pinter avec lui et on pouvait passer deux heures simplement sur un Oui ! Même si vous n'y pensez pas, si vous n'êtes pas dans l'intelligence de ce oui, vous restez rempli de quelque chose qui n'est pas anodin. On peut aimer ou pas cette vision du théâtre, mais c'est passionnant quand on est un jeune élève. Évidemment il y a d'autres méthodes et il n'y a pas de théorie plus forte que les autres.
Pouvons-nous parler de vos projets ? De vos envies ? Une mise en scène, peut-être ?
J'ai encore des tas de personnages à explorer en tant que comédien, et plus on avance, plus ils sont différents. Concrètement, je vais reprendre au Rond-Point en avril 23 "Disgrace", d'Ayad Akthar mis en scène par Daniel Benoin. Puis un projet mis en scène par Virginie Lemoine, une pièce incroyable, Dolores, autour d'un danseur de Flamenco qui a existé dans les années vingt. Une histoire vraie, hallucinante. Sinon, oui j'ai toujours eu intimement envie de mise en scène. Jusqu'à présent je ne me le suis jamais autorisé. Par respect pour les metteurs en scène que j'admire, je ne me sentais pas légitime à le faire. Mais maintenant je me dis : Après tout, ça n'est pas grave si je ne suis pas encore à la hauteur. Mais c'est compliqué, je travaille beaucoup et pour ça, il faudrait que je puisse m'arrêter pendant un certain temps, savoir aussi ce que j'ai envie de mettre en scène, et pourquoi j'ai envie de le faire. Je lis des textes, des histoires intéressantes comme celle de Marilyn Monroe et des quelques séances de psychanalyse qu'elle a suivies avec Anna Freud, fille de Sigmund Freud. Peu de gens le savent et c'est un sujet intéressant. Et puis j'aimerais, peut-être l'année prochaine, réaliser mon court-métrage, d'après Quelques jours en été, une BD de Chabouté. Comment la résumer ? C'est l'histoire d'un enfant que des évènements négatifs, mais d'autres positifs, vont marquer à vie. Pour moi elle ressemble à une phrase du philosophe Alain qui disait : « On pousse notre enfance devant nous et c'est notre seul avenir. » Voilà ce que j'aimerais raconter.
Certains philosophes et auteurs vous inspirent-ils ? Reprendriez-vous à votre actif certaines phrases entendues ?
J'aime beaucoup la réponse qu'avait faite Kirk Douglas à un journaliste qui lui demandait : «C'est quoi être acteur pour vous?» Après avoir réfléchi un moment il a répondu : « Un acteur, c'est un enfant intelligent. » Je trouve ça très juste, on joue toujours, mais plus de la même manière, un acteur a acquis une intelligence par rapport au jeu. Très souvent les auteurs sont inspirés par des philosophes, des phrases, des événements. Ça vous nourrit, vous remplit tellement ! Regardez Lucchini par exemple. Sinon Schopenhauer m'a beaucoup marqué. Par exemple, au lieu de se dire : Ah zut, il pleut ! pourquoi ne pas se dire : C'est beau la pluie qui tombe... C'est mieux ! Non ?
Paru le 19/09/2022
(61 notes) THÉÂTRE DES VARIÉTÉS Du jeudi 15 septembre 2022 au dimanche 26 mars 2023
COMÉDIE. Claudine et Valentin étaient amis et colocataires avant de devenir un vrai couple amoureux, ce qui fît le gros succès de « Je préfère qu’on reste amis ». Mais les années ont passé et la routine s’est installée. Claudine est fidèle. Valentin va « voir » ailleurs. Elle a envie de s’en aller. Lui, p...
|