Portrait par Jeanne Hoffstetter
Marianne Épin
De la Comédie-Française au théâtre de La Criée où elle suit Gildas Bourdet, Marianne Épin n'aime rien tant que le travail de troupe. C'est pourtant seule en scène, et pour la première fois, que nous la retrouvons dans le superbe rôle d'"Hanna K".
Elle parle vite, évoque avec plaisir ses souvenirs, croque le présent à belles dents, raconte le futur pluriel qu'elle se souhaite. Et puis, elle est jolie, agréable et si curieuse des autres que l'on a rapidement le délicieux sentiment de converser avec une amie qui vous confie en riant combien elle est heureuse, à travers le personnage d'Hanna K. d'avoir l'opportunité d'être un peu plus qu'une comédienne. "Cette fois, il va
falloir que je me jette à l'eau. D'habitude, je ne suis pas très traqueuse, je retrouve les copains sur scène et j'adore ça, mais là, rien que d'en parler ça me fait terriblement peur ! Il s'agit d'un roman de Renaud Meyer adapté par Émile Herlic et mis en scène par Gérard Gélas. L'histoire est bouleversante et nous tient en haleine. Elle retrace, à travers des carnets retrouvés, l'expérience d'une actrice prisonnière du ghetto de Varsovie, et montre comment on peut résister au pire grâce à l'imaginaire, au jeu, à la culture. Au fond, c'est un peu un écho au film de Polanski, Le Pianiste." Marianne Épin se
souvient de longues conversations qu'elle eut avec Jean-Claude Grumberg lui racontant son enfance alors qu'elle jouait la mère dans L'Atelier. Bien que non-juive, cette histoire la taraude, l'horreur, le comble du mal perpétré sans relâche à l'encontre de certaines communautés, ne cessent de l'effarer.
Elle éprouve, à partager ce texte avec le public, un sentiment de belle responsabilité. Formée au Conservatoire par Antoine Vitez, la comédienne fut également l'élève de Jean-Laurent Cochet. "Deux professeurs formidables de culture très complémentaire. Le premier m'a appris à maîtriser l'espace scénique, le second travaillait à fond sur le texte. Ces deux hommes m'ont vraiment donné confiance en moi, et j'en avais besoin !" Mais l'évidence qu'il ne saurait pour elle y avoir d'autre métier que celui d'actrice, c'est à son père, critique théâtral, qu'elle la doit. À trois ans, le bout de chou posait déjà ses fesses dans les fauteuils des salles parisiennes et s'en trouvait fort aise. Jeune fille, elle joue à l'Odéon avec Dussollier, rencontre Mesguich, Jorge Lavelli, puis doute de la voie prise, veut devenir
avocate : "Je n'étais pas assez narcissique pour ce métier, j'éprouvais le besoin de m'intéresser davantage aux autres. Et puis je ressentais peut-être un manque d'études..." Gildas Bourdet la dissuade d'une telle aberration, elle intègre sa troupe, obtient le prix Gérard-Philipe en 1985, et s'empare des pièces du répertoire à la Comédie-Française où elle reste cinq ans. Nommé à La Criée, Bourdet l'emmène et lui confie, outre de beaux rôles, la programmation du théâtre, elle est aux anges ! Elle tourne de belles choses pour la télé, et depuis l'an passé assure la programmation du Mouffetard où elle interprète Hannah K. Ses yeux ravis en disent long...
falloir que je me jette à l'eau. D'habitude, je ne suis pas très traqueuse, je retrouve les copains sur scène et j'adore ça, mais là, rien que d'en parler ça me fait terriblement peur ! Il s'agit d'un roman de Renaud Meyer adapté par Émile Herlic et mis en scène par Gérard Gélas. L'histoire est bouleversante et nous tient en haleine. Elle retrace, à travers des carnets retrouvés, l'expérience d'une actrice prisonnière du ghetto de Varsovie, et montre comment on peut résister au pire grâce à l'imaginaire, au jeu, à la culture. Au fond, c'est un peu un écho au film de Polanski, Le Pianiste." Marianne Épin se
souvient de longues conversations qu'elle eut avec Jean-Claude Grumberg lui racontant son enfance alors qu'elle jouait la mère dans L'Atelier. Bien que non-juive, cette histoire la taraude, l'horreur, le comble du mal perpétré sans relâche à l'encontre de certaines communautés, ne cessent de l'effarer.
Elle éprouve, à partager ce texte avec le public, un sentiment de belle responsabilité. Formée au Conservatoire par Antoine Vitez, la comédienne fut également l'élève de Jean-Laurent Cochet. "Deux professeurs formidables de culture très complémentaire. Le premier m'a appris à maîtriser l'espace scénique, le second travaillait à fond sur le texte. Ces deux hommes m'ont vraiment donné confiance en moi, et j'en avais besoin !" Mais l'évidence qu'il ne saurait pour elle y avoir d'autre métier que celui d'actrice, c'est à son père, critique théâtral, qu'elle la doit. À trois ans, le bout de chou posait déjà ses fesses dans les fauteuils des salles parisiennes et s'en trouvait fort aise. Jeune fille, elle joue à l'Odéon avec Dussollier, rencontre Mesguich, Jorge Lavelli, puis doute de la voie prise, veut devenir
avocate : "Je n'étais pas assez narcissique pour ce métier, j'éprouvais le besoin de m'intéresser davantage aux autres. Et puis je ressentais peut-être un manque d'études..." Gildas Bourdet la dissuade d'une telle aberration, elle intègre sa troupe, obtient le prix Gérard-Philipe en 1985, et s'empare des pièces du répertoire à la Comédie-Française où elle reste cinq ans. Nommé à La Criée, Bourdet l'emmène et lui confie, outre de beaux rôles, la programmation du théâtre, elle est aux anges ! Elle tourne de belles choses pour la télé, et depuis l'an passé assure la programmation du Mouffetard où elle interprète Hannah K. Ses yeux ravis en disent long...
Paru le 15/09/2004
HANNAH K. THÉÂTRE MOUFFETARD Du vendredi 8 octobre au dimanche 19 décembre 2004
TEXTE(S). Étrange destin. Mystère. Dédoublement de la personnalité et schizophrénie? Y a-t-il plusieurs Hannah K.? Et, si cela est avéré, qui a usurpé l’identité d’une autre? Et pourquoi? Madame K., vieille dame polonaise au nom imprononçable, rescapée de la Shoah et réfugiée à Paris, habite une chambre de ...
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