Portrait par Jeanne Hoffstetter
Un soir chez Renoir
de et mis en scène par Cliff Paillé
Renoir reçoit Monet, Berthe Morisot et Degas, vilipendés par les critiques après deux expositions indépendantes. Ceux que l'on ne nomme pas encore les Impressionnistes doivent-ils s'entêter ou rejoindre le Salon officiel ? Leurs avis divergent et le vernis ne tarde pas à craquer...
Cliff Paillé n'est pas un passionné de peinture et à plus forte raison de ceux que l'on a baptisé plus tard les Impressionnistes. Non, ce qui l'intéresse est ailleurs, "HÉ PSST !" le nom de sa compagnie fondée il y a cinq ans et les spectacles qu'il conçoit en témoignent. Mme Van Gogh par exemple : Comment et pourquoi l'héritage d'une œuvre qui ne valait rien et n'intéressait personne à la mort de l'artiste a-t-il survécu ? Ou Chaplin 1939, quand Charlot s'efface derrière l'homme libre, utilisant tout son talent pour réveiller un monde qui attend et ne semble pas voir le danger que représente la montée du nazisme, « comme un écho de ce qui se passe avec Poutine », dit-il.
Vous ne verrez cependant pas Cliff Paillé prendre la parole et revendiquer bille en tête ceci ou cela. « Non, prendre la parole, secouer, revendiquer, ça ne me correspond pas. J'ai un peu peur de l'état du monde, oui, et je me dis : Écris pour changer ce monde, tout en sachant que ça ne changera rien malheureusement. Mais j'essaie d'être optimiste au quotidien, de garder une belle énergie et de partager les plaisirs. Alors je préfère utiliser l'humour pour dire : Hé ouvrez l'œil ! Vous voyez ce qui se passe là derrière ou pas ? »
À les regarder de près, on s'aperçoit aussi que les spectacles de Cliff Paillé, fussent-ils historiques, font écho au monde d'aujourd'hui. « Je pense en effet que mes choix, même s'ils sont historiques, doivent être intemporels et universels. Dans Un soir chez Renoir, ce qui m'intéressait c'est le groupe. C'est le fait que, s'ils étaient rejetés, ce n'est pas à cause de leur peinture, mais plutôt pour des raisons politiques. C'est pour ça que j'ai imaginé Zola en invité surprise dans cette soirée, car il a réellement joué un rôle auprès d'eux. C'est-à-dire que là, à travers le combat des impressionnistes, on parle d'un combat sur l'art, le monde, l'évolution du monde à ce moment-là avec la naissance du monde capitaliste. Tous les faits dont je parle sont réels, et beaucoup de leurs propos sont tirés de choses qu'ils ont vraiment dites, pensées, et qui sont pour moi des jalons pour tenir la vérité des personnages. »
Cliff paillé est passionnant, rien dans son travail n'est laissé au hasard, et s'il laisse place à l'imaginaire, comme cette soirée chez Renoir, la réalité derrière est solide. La peinture ne le passionne pas outre mesure, certes, mais il raconte avec flamme Courbet, la Commune de Paris et la chute de la colonne Vendôme « Le fou furieux, c'était lui, Courbet, le vrai provocateur ! » Une plongée conjointe dans l'art et l'histoire qui nous montre encore le souci permanent qu'il a de la vérité historique. En attendant un spectacle sur les mémoires de Doisneau et une adaptation de plusieurs textes de Molière en préparation, l'ex instituteur, passionné de théâtre, insiste : « La seule chose que je revendique c'est que mes pièces soient à la fois exigeantes et populaires, en reposant sur la vérité. »
Vous ne verrez cependant pas Cliff Paillé prendre la parole et revendiquer bille en tête ceci ou cela. « Non, prendre la parole, secouer, revendiquer, ça ne me correspond pas. J'ai un peu peur de l'état du monde, oui, et je me dis : Écris pour changer ce monde, tout en sachant que ça ne changera rien malheureusement. Mais j'essaie d'être optimiste au quotidien, de garder une belle énergie et de partager les plaisirs. Alors je préfère utiliser l'humour pour dire : Hé ouvrez l'œil ! Vous voyez ce qui se passe là derrière ou pas ? »
À les regarder de près, on s'aperçoit aussi que les spectacles de Cliff Paillé, fussent-ils historiques, font écho au monde d'aujourd'hui. « Je pense en effet que mes choix, même s'ils sont historiques, doivent être intemporels et universels. Dans Un soir chez Renoir, ce qui m'intéressait c'est le groupe. C'est le fait que, s'ils étaient rejetés, ce n'est pas à cause de leur peinture, mais plutôt pour des raisons politiques. C'est pour ça que j'ai imaginé Zola en invité surprise dans cette soirée, car il a réellement joué un rôle auprès d'eux. C'est-à-dire que là, à travers le combat des impressionnistes, on parle d'un combat sur l'art, le monde, l'évolution du monde à ce moment-là avec la naissance du monde capitaliste. Tous les faits dont je parle sont réels, et beaucoup de leurs propos sont tirés de choses qu'ils ont vraiment dites, pensées, et qui sont pour moi des jalons pour tenir la vérité des personnages. »
Cliff paillé est passionnant, rien dans son travail n'est laissé au hasard, et s'il laisse place à l'imaginaire, comme cette soirée chez Renoir, la réalité derrière est solide. La peinture ne le passionne pas outre mesure, certes, mais il raconte avec flamme Courbet, la Commune de Paris et la chute de la colonne Vendôme « Le fou furieux, c'était lui, Courbet, le vrai provocateur ! » Une plongée conjointe dans l'art et l'histoire qui nous montre encore le souci permanent qu'il a de la vérité historique. En attendant un spectacle sur les mémoires de Doisneau et une adaptation de plusieurs textes de Molière en préparation, l'ex instituteur, passionné de théâtre, insiste : « La seule chose que je revendique c'est que mes pièces soient à la fois exigeantes et populaires, en reposant sur la vérité. »
Paru le 10/05/2023
(41 notes) THÉÂTRE DU LUCERNAIRE Du mercredi 3 mai au dimanche 11 juin 2023
THÉÂTRE CONTEMPORAIN à partir de 12 ans. Hiver 1877 – Après deux expositions indépendantes et autant d’échecs cuisants, un groupe de peintres prépare la suivante dans un contexte des plus tendus. Ils se nomment Renoir, Monet, Morisot, Degas… Les critiques sont assassines mais l’amitié devrait préserver ceux que la presse, avec dédain, no...
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