Pépite par Patrick Adler
Main dans la main
Quel pied !
Quand on ressort de ce spectacle, dans ce lieu exigeant dans sa programmation qu'est le Théâtre du Marais, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec LA pièce de l'année - récompensée par pas moins de 4 Molières - : « Oublie-moi » (Thierry Lopez/M.Julie Baup)
Il y a l'intensité du jeu, la beauté du texte, la puissance émotionnelle qui en découle et surtout cette alternance finement calibrée entre les rires et les larmes. Peu enclin à la sensiblerie, j'y suis pourtant allé de ma larmichette dans les dernières minutes. Ne comptez pas sur moi pour spolier la fin. Inattendue - mais hélas, dans l'air du temps -, violente et tendre à la fois. Un climax réussi.
C'est l'histoire d'une rencontre improbable, à une heure improbable, de deux êtres assez distincts. C'est la romance pudique de deux êtres qui ont du mal à se rencontrer : L'un (Paul) est sex-addict, apparemment futile, pour des rencontres sans lendemain, il manie le verbe et les codes de sa communauté avec agilité, l'autre (Manu) est novice dans le « game, aussi pataud, balourd que séduisant, malaisé dans le verbe face à un malaisant dans le jeu. On est dans le jeu des contraires : introverti vs extraverti.
C'est aussi et surtout l'histoire d'une bascule, d'une prise de pouvoir. Face à Paul, l'histrion survolté, capricieux, trash et diabolique qui, pour échapper au prosaïque de son quotidien chez H&M, se shoote aux stupéfiants et au sexe, s'enivre jusqu'à l'aube dans des lieux interlopes se dresse Manu, plus établi, plus raisonnable, peut-être plus aimant aussi...
Et pourtant, c'est ce même Manu emprunté au début dans les gestes comme dans les mots qui va, par la puissance des sentiments exprimés, chambouler le logiciel amoureux de Paul. Ce Paul qui refuse l'unicité dans l'amour, qui se complait dans le cache-cache, qui élude, noie Manu dans des punchlines très codées va baisser la garde et prononcer le sésame tant attendu, celui qui va - peut-être ?! - ouvrir les portes à deux battants, pour deux corps, deux âmes qui se sont rencontrées pour le fun, un « one shot » mais ne s'attendaient pas à s'inscrire dans la durée.
Le parcours initiatique de Manu jusqu'à son coming-out est bouleversant, il aura tout affronté, la tradition viriliste et séculaire de son île, un Paris inconnu avec des codes nouveaux pour lui, un amour qui, telle une anguille, lui file régulièrement des doigts. On est en empathie avec lui comme on l'est pour Paul, atta-chiant car fragile, imprévisible mais plus profond qu'on ne le pense.
Dans ce texte brillant, au casting juste parfait (Fabien Ara et Nathanaël Maïni) où se mêlent tour à tour le factuel comme l'onirique, le trash comme la poésie, tout passe. L'auteur a habilement échappé à la pièce-boutique - même si la communauté LGBT est partie prenante dans le projet -, il en a fait une comédie romantique universelle digne, pudique,- en dépit de dialogues parfois très crus - et ô combien salvatrice.
Chapeau bas, Messieurs ! Courez-voir ce petit chef-d'œuvre !
C'est l'histoire d'une rencontre improbable, à une heure improbable, de deux êtres assez distincts. C'est la romance pudique de deux êtres qui ont du mal à se rencontrer : L'un (Paul) est sex-addict, apparemment futile, pour des rencontres sans lendemain, il manie le verbe et les codes de sa communauté avec agilité, l'autre (Manu) est novice dans le « game, aussi pataud, balourd que séduisant, malaisé dans le verbe face à un malaisant dans le jeu. On est dans le jeu des contraires : introverti vs extraverti.
C'est aussi et surtout l'histoire d'une bascule, d'une prise de pouvoir. Face à Paul, l'histrion survolté, capricieux, trash et diabolique qui, pour échapper au prosaïque de son quotidien chez H&M, se shoote aux stupéfiants et au sexe, s'enivre jusqu'à l'aube dans des lieux interlopes se dresse Manu, plus établi, plus raisonnable, peut-être plus aimant aussi...
Et pourtant, c'est ce même Manu emprunté au début dans les gestes comme dans les mots qui va, par la puissance des sentiments exprimés, chambouler le logiciel amoureux de Paul. Ce Paul qui refuse l'unicité dans l'amour, qui se complait dans le cache-cache, qui élude, noie Manu dans des punchlines très codées va baisser la garde et prononcer le sésame tant attendu, celui qui va - peut-être ?! - ouvrir les portes à deux battants, pour deux corps, deux âmes qui se sont rencontrées pour le fun, un « one shot » mais ne s'attendaient pas à s'inscrire dans la durée.
Le parcours initiatique de Manu jusqu'à son coming-out est bouleversant, il aura tout affronté, la tradition viriliste et séculaire de son île, un Paris inconnu avec des codes nouveaux pour lui, un amour qui, telle une anguille, lui file régulièrement des doigts. On est en empathie avec lui comme on l'est pour Paul, atta-chiant car fragile, imprévisible mais plus profond qu'on ne le pense.
Dans ce texte brillant, au casting juste parfait (Fabien Ara et Nathanaël Maïni) où se mêlent tour à tour le factuel comme l'onirique, le trash comme la poésie, tout passe. L'auteur a habilement échappé à la pièce-boutique - même si la communauté LGBT est partie prenante dans le projet -, il en a fait une comédie romantique universelle digne, pudique,- en dépit de dialogues parfois très crus - et ô combien salvatrice.
Chapeau bas, Messieurs ! Courez-voir ce petit chef-d'œuvre !
Paru le 30/05/2023
(27 notes) THÉÂTRE DU MARAIS Du samedi 8 avril au mardi 27 juin 2023
THÉÂTRE CONTEMPORAIN. Main dans la Main est une histoire de couple, presque d’amour… Une histoire normale. Presque. Main dans la Main est une pièce qui traite de la difficulté de vivre à deux ; de la nécessité aussi. Pourtant, elle n’est pas une comédie romantique si banale puisqu’elle met en scène Paul et Manu : deux...
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