Fait divers banal, me direz-vous, sauf que dans le concept actuel, comme aime à le répéter l'auteur dans cette comédie sociale , ce sont deux conceptions de l'éducation, deux ressentis, deux écoutes qui s'affrontent. Si la maîtresse, muée en Procureure, convoque la doxa de son ministère dans son plaidoyer, le père, avocat de la défense de sa progéniture, a une approche plus fantaisiste, plus permissive, plus artistique du dessin, parodiant ainsi Magritte et son célèbre « Ceci n'est pas une pipe ». En somme, le déviant, l'inapproprié de ce que la maîtresse appelle un temps « la fleur du scandale » et fait les gros titres du tableau noir est effacé d'un coup d'éponge par l'ironie mordante du pater familias libertaire.

Affaire classée ? Non, car de l'esquisse à l'acte, il n'y a qu'un pas que l'enfant, objet du conflit entre la famille et l'école, semble franchir en libérant son phallus du papier et en le sortant de son pantalon. Il est dénoncé par un tiers. Sur quelle base, avec quelles preuves ?

L'affaire est relancée. Nouvelle convocation, nouvelle confrontation. A l'instar du film «Les risques du métier» avec jacques Brel et Emmanuelle Riva, c'est «parole contre parole». Vérité ou action ? Le mensonge n'est-il pas inscrit dans l'imaginaire de l'enfant ? Quid du ressenti des deux protagonistes, tous deux célibataires ? S'engage alors une dialectique pétillante où deux fragilités s'affrontent, à fleurets mouchetés. Où l'on passe progressivement d'une comédie sociale à une comédie romantique.

Dans ce numéro de duettistes réjouissant, François Vincentelli réussit ce tour de force de sortir de sa zone de confort. Exit le personnage de Popeye des Bronzés, séduisant en diable et coureur. Il impose dans cette pièce un personnage attachant, un clown sensible et délicat, virevoltant dans ses saillies verbales. Camille Lavabre n'est pas en reste qui, par son énergie, sa sincérité, son autorité tient la dragée haute à son contradicteur.

Ajoutez à cela un texte subtil , une mise en scène efficace - comme toujours, merci Nicolas Briançon - et un décor « feel-good » emprunté au « Petit Nicolas » , vous avez tous les ingrédients d'une comédie familiale réussie, d'autant que son apparente légèreté ne fait pas l'impasse sur les thèmes qui s'imposent aujourd'hui...dans ce contexte ,dans le corps enseignant (en saignant ?) Dixit Alexis Maquard, l'auteur.