Spécial Avignon par Patrick Adler
J’ai raté ma vie de tapin en voulant faire l’acteur
« Ce matin, un tapin a tué un acteur C’était un tapin, oui, c’était un tapin, oui… »
Y aurait-il du Goya chez Pierre Notte ? Ou plutôt n'y aurait-il pas deux Goya chez lui ? Le regard amusé, distancié de la femelle-rossignol et la noirceur aussi fascinante que malaisante du peintre.
Comme toujours, Pierre Notte part de son vécu pour nous délivrer un récit sans filtre, sincère et violent (le spectacle est interdit aux moins de 16 ans).
Comme toujours il y a du sens dans la colère de Pierre Notte, lui qui a tout connu : le viol, la prostitution, les paillettes du show-business. Son œil acéré n'a rien oublié et en osant la parentèle entre acteur et tapin, il étaye sa démonstration d'exemples bien sentis et offre même une grammaire de la prostitution qu'il voit sous plusieurs formes : prostitution du langage qui, par exemple, voit se muer à des fins idéologiques le IIIè Reich en Stalinisme, prostitution des acteurs qu'il met au même plan que les prostitué(e) s du bois.
Le travail qu'il offre à Cécile Fleury , interprète de ce seul en-scène, est un cadeau car le texte qu'elle défend corps et âme - ou plutôt corps et textes car il y a un investissement colossal sur le plan physique - n'est qu'une adaptation , un « digest » de la vie de l'auteur.. Double défi quand on sait que c'est elle, une femme, qui le défend, pas un homme. On est donc au-delà des genres, en gros c'est ni il, ni elle, peut-être iel(le) dans la recherche de l'amour.
Que vient faire l'amour dans tout cela, me direz-vous ? Il est le moteur, l'essence même du propos. Car la reconnaissance, le fait d'être aimé, est le but ultime de l'acteur comme du ou de la prostituée. Les me-too l'ont bien compris qui n'ont de cesse de combattre le « pour réussir, il faut coucher » chère à Weinstein. Toute la palette des compromissions est là : la gamine de seize ans qui, pour faire des photos, a via son père changé sa date de naissance et couché avec tout le monde, les actrices célèbres qui se voient chosifiées, qu'on promène en trophées, boursouflées d'orgueil (sic).
Avec Yves Penay à la mise en scène, Cécile Fleury et son débit-mitraillette qui figure à la fois la colère, l'angoisse est entre désir et abandon, quête d'amour et désespérance. En arrière fond, on voit, on entend les séquences d'un jeune homme qui tombe sur une voie ferrée de banlieue. Le réel loin des strass.
Elle se bat. Souvent sans artifices, voire sans habits, sans pudeur, ses mots sont des armes dans cette mise à nu de la vie de l'auteur. Toute la galerie de « putes mais pas dupes » qu'il a connues défile dans un rythme étourdissant. Il faut être armé psychologiquement pour entendre ce grand texte qui, s'il fait réfléchir, peut aussi nous réserver quelques respirations cocasses comme la parodie de l'émission « On n'est pas couché » accompagnée de l'imitation de Laurent Ruquier. Dites-moi...On n'est pas couché...on ne pouvait rêver meilleur titre pour un acteur...ou un tapin !
Ames sensibles s'abstenir.
Comme toujours il y a du sens dans la colère de Pierre Notte, lui qui a tout connu : le viol, la prostitution, les paillettes du show-business. Son œil acéré n'a rien oublié et en osant la parentèle entre acteur et tapin, il étaye sa démonstration d'exemples bien sentis et offre même une grammaire de la prostitution qu'il voit sous plusieurs formes : prostitution du langage qui, par exemple, voit se muer à des fins idéologiques le IIIè Reich en Stalinisme, prostitution des acteurs qu'il met au même plan que les prostitué(e) s du bois.
Le travail qu'il offre à Cécile Fleury , interprète de ce seul en-scène, est un cadeau car le texte qu'elle défend corps et âme - ou plutôt corps et textes car il y a un investissement colossal sur le plan physique - n'est qu'une adaptation , un « digest » de la vie de l'auteur.. Double défi quand on sait que c'est elle, une femme, qui le défend, pas un homme. On est donc au-delà des genres, en gros c'est ni il, ni elle, peut-être iel(le) dans la recherche de l'amour.
Que vient faire l'amour dans tout cela, me direz-vous ? Il est le moteur, l'essence même du propos. Car la reconnaissance, le fait d'être aimé, est le but ultime de l'acteur comme du ou de la prostituée. Les me-too l'ont bien compris qui n'ont de cesse de combattre le « pour réussir, il faut coucher » chère à Weinstein. Toute la palette des compromissions est là : la gamine de seize ans qui, pour faire des photos, a via son père changé sa date de naissance et couché avec tout le monde, les actrices célèbres qui se voient chosifiées, qu'on promène en trophées, boursouflées d'orgueil (sic).
Avec Yves Penay à la mise en scène, Cécile Fleury et son débit-mitraillette qui figure à la fois la colère, l'angoisse est entre désir et abandon, quête d'amour et désespérance. En arrière fond, on voit, on entend les séquences d'un jeune homme qui tombe sur une voie ferrée de banlieue. Le réel loin des strass.
Elle se bat. Souvent sans artifices, voire sans habits, sans pudeur, ses mots sont des armes dans cette mise à nu de la vie de l'auteur. Toute la galerie de « putes mais pas dupes » qu'il a connues défile dans un rythme étourdissant. Il faut être armé psychologiquement pour entendre ce grand texte qui, s'il fait réfléchir, peut aussi nous réserver quelques respirations cocasses comme la parodie de l'émission « On n'est pas couché » accompagnée de l'imitation de Laurent Ruquier. Dites-moi...On n'est pas couché...on ne pouvait rêver meilleur titre pour un acteur...ou un tapin !
Ames sensibles s'abstenir.
Paru le 17/07/2023